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Dette extérieure  : un soulagement bienvenu

Gilane Magdi, Lundi, 24 mars 2014

La décision de changer la structure de la dette extérieure, en la faisant reposer sur l'endettement à long terme, calme les inquiétudes alors qu'elle gonfle depuis 15 mois. Explications.

Dette extérieure 
Le quotidien des Egyptiens reste difficile à vivre malgré la dette extérieure.

L’augmentation de la dette extérieure est le cauchemar des responsables gouvernementaux égyptiens qui s’évertuent à trouver des solutions pour son remboursement, alors que le pays fait face à une situation économique difficile.

La dette extérieure a augmenté de 35,4% lors du premier trimestre de l’année fiscale 2013/2014 (couvrant la période allant de juillet à septembre 2013) pour atteindre 47,01 milliards de dollars, contre 34,7 milliards de dollars pour la même période de l’année précédente, d’après le récent rapport de la Banque Centrale d’Egypte (BCE). Un chiffre qui pourrait franchir le seuil de 50 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, d’après les estimations de la maison de courtage HC Securities.

Ainsi le rythme de la hausse est en accélération. « La hausse du montant de la dette n’est pas inquiétante en soi. Sa part par rapport au PIB reste en dessous des 20%, considérée très minime comparée aux autres pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) tels que la Jordanie et le Maroc », assure à l’Hebdo Mohamad Abou-Basha, analyste économique auprès du groupe financier EFG-Hermes.

Le dernier rapport de la BCE dévoile l’augmentation de la part de la dette extérieure par rapport au PIB de 13,2% en 2012 à 17,3% en 2013. « Ce taux atteint 25,5% dans les pays MENA en décembre 2013 », note le dernier rapport mensuel du ministère des Finances.

Le montant de la dette extérieure est resté quasiment stable sous le régime Moubarak, aux alentours de 35 milliards de dollars. Mais depuis juin 2012, date de l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir, le recours à l’endettement extérieur et intérieur est devenu la seule source de financement du déficit budgétaire. Conséquence : accélération du rythme de la hausse de la dette d’un trimestre à l’autre engendrant une importante hausse pendant l’année financière 2012/2013 à 43 milliards de dollars, contre 34 milliards de dollars en 2011/2012. Cette accélération est parallèle à celle de la dette intérieure pour financer le gonflement du déficit budgétaire.

Les Egyptiens ne savent guère à quoi a servi cet endettement, puisque ce dernier n’a pas été utilisé pour l’amélioration de leur niveau de vie. Leur quotidien reste difficile à vivre: même niveau faible d’éducation, de services de santé, de salaires et bien que le taux de chômage soit passé de 9 à plus de 13 %, le gouvernement réfute l’idée de verser des indemnités-chômage.

Malgré l’accélération de la hausse de l’endettement, responsables gouvernementaux et analystes n’expriment aucune inquiétude en raison du changement de la structure de la dette extérieure. « Après le départ des Frères musulmans, le gouvernement a adopté une nouvelle stratégie visant à modifier la structure de la dette extérieure. Et cela en augmentant la part des dettes à long terme par rapport au total des dettes et en minimisant celles à court terme. C’est-à-dire allonger la date de remboursement autant que possible et écarter la possibilité d’avoir deux tranches à payer en même temps », révèle à l’Hebdo Abdel-Fattah Al-Guebali, conseiller du ministre de la Planification.

Forte baisse l’année dernière

D’après le dernier rapport du ministère des Finances, la part de la dette extérieure à court terme par rapport à la dette extérieure globale a subi une forte baisse l’année dernière, pour atteindre 6,1 % en décembre 2013 contre 17,15 % en décembre 2012. De même, les chiffres de la BCE dévoilent l’augmentation de la part des dettes bilatérales à long terme comparée à la dette globale, à 32% lors du premier trimestre de l’année financière 2013/2014 contre 18% pendant la même période de l’année précédente. « Avec cette augmentation, le gouvernement pourra régler la question du remboursement avec ses partenaires en prolongeant l’échéance du remboursement. Un objectif difficile à réaliser avec les seuls titres financiers lancés par le gouvernement sur les marchés internationaux », explique Mohamad Abou-Basha.

Les chiffres de la BCE révèlent l’augmentation du montant des obligations et certificats égyptiens lancés en dollars sur les marchés internationaux, passés de 2,9 milliards de dollars en 2012 à 5,1 milliards de dollars en 2013. Soit 15 % du total de la dette extérieure.

Le changement de structure de la dette extérieure n’est pas le seul facteur incitant le gouvernement actuel à opter pour ce choix. Il prend aussi en considération la baisse du coût de l’endettement extérieur comparé à l’endettement intérieur. « Il est vrai que les intérêts sur les titres financiers gouvernementaux (bons du Trésor et obligations) ont chuté de 16 à 10%, mais ils restent plus importants par rapport à l’endettement extérieur », note Mohamad Abou-Basha.

Quant au service de la dette extérieure, il n’a cessé de croître d’une année à l’autre pour atteindre 3,08 milliards de dollars en 2013 contre 2,9 milliards de dollars l’année d’avant. Malgré la hausse, le rapport du ministère des Finances a dévoilé la stabilité de la proportion du service de la dette extérieure par rapport aux exportations et importations de ces 5 dernières années, pour atteindre 6,4%. « C’est un indicateur prouvant la stabilité de la capacité du remboursement », note le rapport du ministère des Finances.

Un rythme accéléré

Un rythme accéléré

La hausse de la dette extérieure est restée très faible avant la révolution du 25 janvier 2011. L’accélération a surtout commencé avec la prise de pouvoir des Frères musulmans en juin 2012, qui ont fait appel aux institutions internationales pour s’endetter afin de financer le déficit budgétaire. Conséquence : hausse de la dette extérieure de presque un quart pour atteindre 43,2 milliards de dollars en 2013 contre 34,3 milliards de dollars en 2012.

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