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La difficile gestion des entreprises publiques

Marwa Hussein, Lundi, 10 mars 2014

Après plusieurs années de gestion catastrophique, les entreprises publiques pourraient être regroupées sous la houlette d’un fonds souverain. Si des privatisations partielles pourraient être envisagées, pour l’heure rien de concret n’a été mis en place.

Les entreprises publiques
Les entreprises publiques ont besoin de sérieuses restaurations pour améliorer leur performance.

Le programme de privatisation est-il abandonné ? Suspendu de facto depuis cinq ans, il aurait aujourd’hui définiti­vement pris fin, selon le nouveau pre­mier ministre, Ibrahim Mehleb. « Il n’y aura plus de privatisation. En revanche, il faut une bonne gouvernance pour gérer les biens de l’Etat », a lancé Mehleb en présence de centaines d’ouvriers du secteur public lors de sa première visite à Mahalla.

Cette ville ouvrière a récemment connu plu­sieurs grèves contre la corruption et la mauvaise gestion. Ses nombreuses manifestations et grèves lui ont valu la réputation de « ville rebelle ».

Le premier ministre n’a cependant pas révélé qui allait gérer le secteur public des affaires suite au remaniement ministériel. Le nouveau premier ministre a fait fusionner le ministère de l’Indus­trie et du Commerce extérieur avec celui de l’In­vestissement, tout en excluant de ce dernier la gestion du secteur public des affaires qui regroupe les entreprises publiques.

Pas de volontaire pour le poste

Mounir Fakhri Abdel-Nour, le nouveau ministre de l’Industrie (un industriel néolibé­ral et fort partisan de la privatisation), « a refusé de prendre en charge la gestion du sec­teur public des affaires », a révélé à l’Hebdo une source au sein du ministère. Trouver un responsable qui croit encore au rôle positif de l’Etat dans la gestion de ses entreprises devient de plus en plus difficile.

En septembre 2010, le ministère de l’Inves­tissement est resté sans ministre après le départ de Mahmoud Mohieddine. Après la révolution, le même ministère est resté sans ministre pendant plusieurs mois.

Personne ne semble vouloir gérer les entre­prises publiques, un secteur qui pose maints problèmes financiers et administratifs, d’au­tant plus que certaines entreprises doivent retourner sous l’égide du gouvernement suite à des verdicts juridiques annulant leur privati­sation.

En attendant un nouveau gestionnaire, le gouverneur de la Banque Centrale a déclaré la semaine dernière que le gouvernement allait créer un fonds souverain pour gérer les actifs étatiques des 147 entreprises publiques. Plus tard, il a été annoncé que le groupe ministériel économique avait discuté la question sans parvenir à une décision.

En 2010, un projet identique de gestion par un fonds souverain avait été adopté par Mahmoud Mohieddine, mais a été interrompu par la révolution.

« Un tel fonds souverain allégera le fardeau sur le budget de l’Etat. Certaines sociétés publiques ont besoin de restructuration : par­fois la solution est la fusion, la liquidation ou la privatisation partielle ou totale, estime Hani Guéneina, économiste en chef auprès de la banque d’investissement Pharos. Le gou­vernement ne va peut-être pas recourir à des privatisations totales mais plutôt chercher un financement auprès du secteur privé en échange de parts minoritaires ». Cette solu­tion avait déjà été adoptée au cours d’un pré­cédent programme de privatisation des mou­lins publics ; 49 % des actions de cette société sont désormais échangées en Bourse .

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