Chez Al-Masriya, le numéro un des distributeurs de voitures, une dizaine de personnes réservent leur prochain véhicule. Une autre vingtaine passe en revue les différents prix avant de faire un choix. « Janvier a connu un mouvement solide de ventes. Je m’attends à de bonnes affaires dans les mois prochains », annonce Alaa Gabr, responsable des ventes chez Al-Masriya. Ainsi, il dit : « Nous avons, en janvier 2014, vendu quelques centaines de voitures, alors que les ventes n’ont pas dépassé la cinquantaine au cours des 4 derniers mois de 2013. En janvier 2013, nous n’avons vendu qu’une vingtaine de véhicules ».
Al-Masriya n’est pas le seul à ressentir une telle progression. Chez ses concurrents, la tendance des ventes est aussi à la hausse depuis le mois de janvier. « Nous sommes optimistes. L’année a bien commencé. Nous avons une liste d’attente pour environ 200 voitures les deux mois prochains », révèle, avec un grand sourire, Wael Gabra, responsable chez Renault, en soulignant que les véhicules ne dépassant pas les 1 600 CC sont en ce moment les plus vendus, grâce aux frais d’immatriculation raisonnables. A noter que le gouvernement avait décidé, il y a quatre ans, d’augmenter les frais d’immatriculation des voitures dont les moteurs excèdent les 1 600 CC. En outre, il est attendu que le gouvernement supprime bientôt les subventions à l’essence que reçoivent les gros moteurs.
Il est par ailleurs attendu que les marques chinoises s’emparent d’une bonne part des ventes en 2014, car « leur prix est à la portée de beaucoup de citoyens », note Kamal Moustapha, du distributeur Al-Tareq, mais aussi car la hausse du dollar a engendré une hausse générale des prix comprise entre 20 et 30 % ces deux dernières années.
Dans un marché hautement concentré, avec un petit nombre de distributeurs qui s’emparent de la plupart des ventes, et hautement dépendant des importations, la hausse du dollar de 10 % depuis fin décembre 2012 a affecté le marché de l’automobile, réduisant les ventes de 2013. « La faiblesse de la livre a sans aucun doute affecté les ventes. Que ce soit pour les importateurs, producteurs, distributeurs ou consommateurs, il est devenu difficile pour tous de prévoir les prix », explique Effat Abdel-Atti, président du secteur des automobiles à la Chambre de commerce du Caire.
Il est aussi devenu compliqué pour les assembleurs comme BMW et Mercedes et les importateurs de se procurer des dollars. La solution serait alors d’aller sur le marché noir, très prospère depuis décembre 2012, avec un billet vert à 7,5 L.E. contre 6,96 officiellement. Ce qui se répercute sur les prix de vente. « Le prix des ventes a augmenté de 5 000 à 20 000 L.E. par voiture avec la hausse du dollar. Cela se répercute évidemment sur le marché », dit Moustapha.
Depuis la révolution, le marché des voitures vit au rythme des fluctuations politiques. En 2011, suite à la révolution du 25 janvier, les ventes ont chuté de 30 % par rapport à l’année d’avant. En 2012, le marché a repris souffle avec une hausse des ventes de 15 %.
Entre la hausse du dollar et l’instabilité politique, la demande en voitures des Egyptiens s’est à nouveau réduite en 2013. Les ventes ont enregistré une baisse d’environ 2 % au cours de l’année, par rapport à 2012, enregistrant 175 200 unités vendues, selon le rapport de janvier 2014 du Conseil d’information du marché de l’automobile (AMIC), soit 200 252 véhicules vendus.
L’AMIC a aussi signalé la hausse des ventes des voitures de 15 % lors du premier semestre de 2013. Les automobiles des particuliers, à elles seules, ont enregistré une hausse de 18 %, pour atteindre 11 300 voitures. La courbe descendante a commencé en juillet 2013, date de destitution du président Morsi. L’instabilité politique et le couvre-feu ont incité les acheteurs potentiels à reconsidérer leur décision d’acquérir une voiture. « Cet appétit réduit s’est aggravé au cours du deuxième semestre de 2013, avec la destitution de Morsi et l’insécurité qui a suivi », explique Khaled Hosni, porte-parole de l’AMIC.
Mais aujourd’hui les ventes reprennent. Avec l’élection présidentielle prochaine, les Egyptiens retrouvent confiance avec en plus de nouvelles aides arabes prévues. « Des éléments qui poussent les Egyptiens à reprendre leur vie naturelle », note Alaa Gabr, responsable des ventes chez Al-Masriya.
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