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L’offensive de charme égyptienne

Névine Kamel, Lundi, 27 janvier 2014

Dans le cadre d'une tournée européenne, une délégation d'hommes d'affaires égyptiens, dirigée par le ministre du Commerce et de l'Industrie, doit se rendre le 2 février en France. Objectif : encourager l'investissement au point mort depuis 3 ans.

Tournée européenne
Les turbulences politiques en Egypte ont ralenti l'exécution de la 3e phase du métro. (Photo : Ahmad Abdel-Razeq)

Le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie, Mounir Fakhri Abdel-Nour, entame le 2 février, accompagné d'une délégation d'hommes d'affaires, une visite de trois jours en France. Objectif : expliquer la situation actuelle en Egypte après la chute du président islamiste Mohamad Morsi, et améliorer l’image du pays. « J’essayerai, en tant que citoyen égyptien, de transmettre l’image réelle de ce qui s’est passé en Egypte au cours des 6 derniers mois », a déclaré le ministre, parfaitement trilingue, lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière en présence de la presse étrangère. Et d’ajouter : « Il y a deux messages essentiels. Le premier est que les événements du 30 juin en Egypte ne sont pas un coup d’Etat militaire. Et le second est que l’accession à la présidence de la République du général Abdel-Fattah Al-Sissi ne mènera pas l’Egypte vers la dictature, car les jeunes en Egypte ne l’accepteront plus. L’Occident ne doit pas s’inquiéter ».

Outre la France, la délégation égyptienne doit se rendre à Berlin, Londres, Washington et Moscou. Comme l’a expliqué le ministre à l’Hebdo, ce message, une fois transmis, va faciliter la tâche de l’Egypte sur le plan économique. « Les investisseurs étrangers et les grandes multinationales voient en l’Egypte un terrain fertile pour les affaires. Mais ils veulent une stabilité politique et sécuritaire. L’Egypte, surtout après l’approbation de la Constitution, semble être sur la bonne voie », dit le ministre, membre du parti libéral du néo-Wafd.

Depuis la révolution du 25 janvier, les hommes d’affaires français rechignent à injecter des capitaux en Egypte malgré le soutien du gouvernement français à la phase de transition en Egypte. Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, s’était rendu en Egypte en 2012, sous Morsi, pour transmettre un message de confiance au gouvernement égyptien. « Mais cette confiance ne s’est jamais répercutée ni sur l’investissement, ni sur le commerce. La coopération entre l’Egypte et la France est toujours limitée », confirme un homme d’affaires, membre de la Chambre de Commerce Française en Egypte (CCFE) qui a préféré garder l’anonymat. Et d’ajouter : « Aucun investissement n’a été injecté en Egypte au cours des 3 dernières années ».

Les raisons de cette situation sont multiples. De manière générale, les investissements européens sont au ralenti depuis la crise mondiale en 2008. Pour les pays européens, injecter des fonds sur les marchés extérieurs est de plus en plus difficile. « De plus, les turbulences politiques et sécuritaires ont mis fin à tout intérêt français d’investir en Egypte », note un membre de la CCFE, qui donne en exemple le ralentissement des travaux sur la troisième phase du métro souterrain en Egypte.

Après le 30 juin, le gouvernement français s’est d’abord prononcé contre la destitution de Morsi. Mais quelque temps après, il a commencé à accepter l’idée que le 30 juin était le reflet d’une volonté populaire et que le président islamiste avait refusé de se plier à cette volonté.

Premier partenaire, secteur pétrolier non compris

La France est le premier partenaire européen de l’Egypte, si on écarte le secteur pétrolier. La balance commerciale entre les deux pays a atteint 3 milliards d’euros en 2012, avec une baisse de 10 % par rapport à 2010. Les investissements français en Egypte s’élèvent à 2,4 milliards de dollars, répartis sur 599 projets dans plusieurs secteurs comme la construction, les infrastructures, les produits agricoles et le prêt-à-porter. « Il est temps de relancer les relations bilatérales et dans l’intérêt de l’économie égyptienne. Il faut attirer des investissements dans les secteurs générateurs d’emploi. Nous avons besoin d’investissements dans plusieurs secteurs », explique le membre de la CCFE.

Mounir Fakhri Abdel-Nour a déclaré qu’il entendait faire la promotion, au cours de sa visite, du projet de développement du Canal de Suez. Il s’agit de créer une zone le long du Canal consacrée aux services logistiques destinés aux navires, et de fonder une série de projets autour de cette zone. La souscription en vue de planifier et de mettre à exécution le projet a été lancée fin décembre. 14 entreprises internationales ont été sélectionnées, pour installer les infrastructures. Le gouvernement veut encourager les différents pays à investir dans cette zone.

Il y a aussi le triangle doré, une zone qui va de Safaga sur la mer Rouge jusqu’à Qéna à l’ouest, l’une des plus pauvres régions d’Egypte. C’est un terrain fertile pour les industries pétrochimiques et minières. « Nous visons des investissements dans le domaine de l’industrie pétrochimique et l’industrie automobile », a ajouté Abdel-Nour. La France possède des multinationales phare dans ces domaines, comme l’entreprise pétrolière Total, les deux entreprises automobile, Peugeot et Renault. Ces 3 entreprises oeuvrent en Egypte.

Pour sa part, Mohamad Ozalep, membre de la CCFE et chef de la commission des investissements, révèle que celle-ci effectue actuellement des statistiques sur les entreprises françaises en Egypte au cours des 3 dernières années, et les problèmes auxquels elles ont été confrontés. « Nous préparons un dossier sur le climat d’investissement en Egypte et sur les lois de l’investissement du commerce et de l’industrie que le gouvernement est en train de réviser en ce moment, afin de faciliter l’environnement des affaires en Egypte ». Et de conclure : « Les hommes d’affaires s’attendent à retrouver une Egypte stable et sûre. Nous espérons réussir dans notre mission ».

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