Le rapport de l’organisation Transparence Internationale (TI), publié la semaine dernière, le dit clairement : « C’est une grande déception ». L’Egypte conserve, en effet, sa position de l’année dernière dans ses efforts de lutte contre la corruption. Pourtant, comme l’explique Alia Mamdouh, experte économique auprès de la banque d’investissement CI Capital : « Le monde entier, non seulement les Egyptiens, s’attendait à une meilleure performance après la révolution du 25 janvier 2011, qui a été essentiellement déclenchée en raison de la corruption et de l’injustice sociale ».
Selon le rapport de TI, l’Egypte occupe la 114e place sur 174 pays, soit la même position qu’en 2012. L’Egypte a pu décrocher 32 points sur 100 dans l’évaluation de la lutte contre la corruption, une note inférieure à celle des différents pays du Moyen-Orient (37 points), et à celle du monde entier (43 points). Cette classification est le résultat des réponses et des analyses de 13 organisations internationales participant à l’élaboration du rapport. Chacune donne une note entre 1 et 100 pour évaluer un pays. TI explique que « cette stagnation égyptienne s’explique par la crainte des responsables en poste depuis la révolution de prendre des décisions. Le dernier président élu et son cabinet n’ont pas réussi à prendre des mesures concrètes pour lutter contre la corruption ».
« C’est juste », déclare Richard Martinez, conseiller senior à l’Unité centrale pour la prévention de la corruption, au ministère français de la Justice. Il confie aussi à l’Hebdo que l’accord conclu entre la France et l’Egypte, sous la tutelle de l’Union européenne, est en ce moment au point mort. « Le gouvernement se concentre actuellement à lutter contre l’instabilité politique », dit-il, en mentionnant que le gouvernement français a, par exemple, cessé de transférer les fonds nécessaires à la mise en place de la convention signée en janvier dernier. Il ajoute néanmoins : « Nous sommes à la disposition de l’Egypte quand elle sera prête pour la mise en place du programme ». Le gouvernement égyptien avait, en effet, conclu avec le gouvernement français, en début d’année, une convention de lutte contre la corruption visant à protéger les ressources de l’Etat et par conséquent obtenir la stabilité politique et économique. Or pour Martinez, mettre fin à la corruption en Egypte nécessite d’abord l’amélioration du niveau des revenus et des salaires de manière à réaliser la justice sociale, car « tant que les revenus sont insuffisants, les gens sont obligés d’exercer la corruption », pointe-t-il. Un autre aspect semble être essentiel pour lutter contre la corruption en Egypte, selon Martinez, il s’agit de la séparation réelle et effective des pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif.
La liberté d’expression, de l’enregistrement des ONG et l’accès à l’information représentent par ailleurs, toujours selon le rapport, des fondements nécessaires pour se défaire de la corruption. « Les gouvernements transitoires doivent réaliser l’importance de créer une société civile forte capable de devenir le partenaire du gouvernement sur la lutte contre la corruption », ajoute Martinez.
L’Egypte n’est pas le seul pays à souffrir d’une corruption endémique. Les deux tiers des pays du monde ont reçu une note inférieure à 50 points en ce qui concerne la corruption. Le Moyen-Orient compte 10 pays figurant parmi les premiers souffrant le plus de la corruption avec entre autres : la Syrie, la Libye, l’Iraq et le Soudan.
La Tunisie fait exception parmi les pays du Printemps arabes en occupant la 77e place. Car selon le rapport, elle a pris des mesures concrètes sur cette question en créant un comité indépendant pour faciliter l’accès aux informations relatives au fonctionnement de l’Etat.
Au Moyen-Orient, TI précise enfin que seuls les Emirats arabes unis et le Qatar figurent dans la liste des pays les moins corrompus, avec consécutivement une 26e et une 28e places dans le rapport .
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