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La Révolution 8 ans après : Energie : Conquête d’un secteur hautement stratégique

Gilane Magdi et Amani Gamal El Din, Mardi, 29 juin 2021

Avant 2014, le secteur de l’énergie avait souffert de crises majeures, ce qui a mené à la hausse de la facture des importations et à un déficit de la balance commerciale pétrolière. Aujourd’hui, les indicateurs du secteur sont prometteurs. L’Egypte a réalisé son rêve de devenir un hub énergétique régional. De plus, elle prépare son entrée dans le monde de l’énergie nucléaire avec la station nucléaire de Dabaa en voie de construction.

Energie : Conquête d’un secteur hautement stratégique
(Photo : Reuters)

Gaz naturel, l’Egypte acteur régional majeur

L’Egypte était le premier importateur de gaz liquéfié en 2015-2017, elle est aujourd’hui un exportateur de ce bien stratégique. Elle a réussi à soutenir sa position d’acteur majeur dans le secteur du gaz, puisqu’elle est actuellement le 2e pays d’Afrique et le 5e du Moyen-Orient dans la production du gaz naturel. Au niveau mondial, elle était le 13e producteur de gaz naturel en 2019 après avoir été classée 18e en 2015. La découverte du champ Zohr a été un tournant qui a permis à l’Egypte d’atteindre l’autosuffisance en gaz naturel en 2018, d’arrêter l’importation et de se tourner vers l’exportation. L’Egypte produit plus de 7 milliards de pieds cubes de gaz naturel par jour. Le taux de croissance du secteur gazier est passé de -11 % en 2014 à 25 % en 2018-2019. L’Egypte a réalisé un rêve de longue date, à savoir devenir un centre régional pour le commerce du gaz en Méditerranée en profitant de ses stations de liquéfaction, à travers lesquelles elle peut importer le gaz découvert dans les pays de la Méditerranée orientale, afin de le liquéfier pour ensuite le réexporter vers l’Europe. La création du Forum du gaz de la Méditerranée orientale par sept pays (Egypte, Jordanie, Palestine, Italie, Chypre, Grèce et Israël) en septembre 2020 et son entrée en vigueur en mars 2021 ont été une évolution majeure. Ce forum, devenu une organisation intergouvernementale basée au Caire, vise à créer un marché régional de gaz naturel permettant de fournir au monde le gaz à des prix compétitifs.

Pétrole, la fin du deficit

La production pétrolière a atteint, au cours des 7 dernières années, 218 millions de tonnes, selon le bilan du ministère du Pétrole. 98 accords d’exploration pétrolière ont été signés entre juin 2014 et octobre 2021 avec des investissements allant de 15 à 16 milliards de dollars. 241 découvertes de pétrole brut ont été faites, ce qui a permis d’augmenter les réserves de pétrole d’environ 400 millions de barils. La hausse de la production pétrolière et la rationalisation des subventions à l’énergie ont permis au ministère du Pétrole de répondre aux besoins du marché local en essence et en gasoil. Le déficit de la balance commerciale pétrolière a réalisé pour la première fois un excédent de 9,9 milliards de dollars en 2018-2019 contre un déficit de 3,47 milliards de dollars en 2013-2014. Le ministre du Pétrole prévoit un excédent de 850 millions de dollars en 2020- 2021.

Electricité, un secteur en expansion

« Nous étions déficitaires dans la production d’électricité en 2014 et nous sommes aujourd’hui excédentaires », a déclaré le président Abdel-Fattah Al-Sissi la semaine dernière lors de sa rencontre avec les ministres arabes de l’Information à la Ligue arabe. Entre 2014 et 2021, les capacités électriques ont doublé, atteignant environ 60 000 mégawatts. Ce qui a amélioré le classement de l’Egypte sur l’indice de la production électrique. Celle-ci est passée de la 145e place en 2014 à la 77e en 2020, conformément au rapport des affaires Doing Business. Cette évolution a été possible grâce aux nouvelles réalisations dans les domaines de la production et de la rénovation, ainsi qu’à l’installation de nouvelles stations de génération d’électricité et la conclusion d’accords de connexion électrique. Au niveau des stations électriques (haute et moyenne tension), 57 projets au total ont fait l’objet d’une rénovation globale. Trois nouvelles stations ont vu le jour à Al-Borollos, Béni-Soueif et la Nouvelle Capitale administrative d’une capacité énergétique de 14 400 mégawatts. Enfin, plusieurs projets de liaison électrique ont été conclus avec les pays voisins. Le plus important est celui reliant l’Egypte au Soudan. Les deux phases du projet, d’une capacité de production de 300 mégawatts et impliquant des investissements de 56 millions de dollars, seront finalisées dans deux ans. Un deuxième projet de liaison électrique avec la Libye, d’une capacité de 671 mégawatts, a été achevé en 2021. Un troisième est en voie de finalisation avec la Jordanie, d’une capacité de 350 mégawatts. Et une ligne avec Chypre et la Grèce a été lancée en 2019. Elle sera mise en service d’ici décembre 2023.

Energie renouvelable, l’Egypte premier producteur arabe

L’Egypte est le premier pays arabe en matière de production de l’énergie renouvelable avec une production de 5 980 mégawatts et une croissance de 73 % au cours des 10 dernières années selon l’Agence internationale des énergies renouvelables. La production de l’Egypte était de 3 452 mégawatts entre 2011 et 2014 et a commencé à prendre une courbe ascendante pour atteindre 5 980 mégawatts en 2020. Selon le ministère de l’Electricité et des Energies renouvelables, la production de l’énergie solaire s’est élevée à 1 631 mégawatts en 2020. Alors que la production de l’énergie éolienne s’est élevée à 1 385 mégawatts, toujours en 2020. Le nombre total des stations solaires est de 149 stations d’une capacité de 9 060 kilowatts. Le projet d’énergie solaire le plus important est celui de Benban à Assouan qui a obtenu cette année le prix de la distinction gouvernementale pour ses infrastructures développées. Sa capacité de production est de 1 456 mégawatts. Il existe d’autres projets comme Al-Zaafarana, Gabal Al-Zeit et Al-Koraymate.

La production de l’énergie renouvelable devrait représenter 20 % de la production électrique totale en 2022 et 42 % en 2035. Mais, selon les prévisions du ministère, ce taux sera atteint dès 2021 .

Le programme nucléaire égyptien prend son envol

Les années 2013 et 2014 ont été un tournant dans le programme nucléaire égyptien, selon le site officiel de l’Autorité égyptienne des centrales nucléaires pour la génération de l’électricité (Nuclear Power Plants Authority, NPPA). En 2013, le cabinet ministériel a approuvé le projet de la centrale nucléaire d’Al-Dabaa sous la supervision de la NPPA et en coopération avec la Russie. En 2014, le contrat avec l’Organisme de génie des forces armées a été signé afin de réhabiliter le site de la centrale d’Al-Dabaa et le sécuriser. Après de multiples efforts, le commandement politique a donné le feu vert à l’établissement de la centrale nucléaire d’Al-Dabaa, qui fera partie de la troisième génération de réacteurs nucléaires à eau pressurisée, conforme aux normes de l’Agence internationale de l’énergie atomique. En 2019, Al-Dabaa a été officiellement reconnue comme site nucléaire par l’Organisme du contrôle nucléaire et radioactif égyptien. Le projet comprendra trois étapes. La première a commencé en décembre 2017, d’une durée de deux ans et demi et consiste à préparer le site à la construction de la centrale. La deuxième étape commence après l’obtention du permis de construction des bâtiments et la formation des cadres. Et la troisième est la phase expérimentale avant que le projet ne soit totalement opérationnel.

Il est prévu que le réacteur nucléaire d’Al-Dabaa produise 4 800 mégawatts annuellement, ce qui équivaut à 10 fois la production générée par le Haut-Barrage qui représente 9 % de la consommation de l’Egypte en électricité.

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