
Les nouvelles découvertes de pétrole et de gaz dans le Désert occidental et en Méditerranée ont consolidé la hausse des exportations pétrolières.
100 milliards de dollars d’ici 2025 : tel est l’objectif que compte atteindre l’Egypte pour ce qui est des recettes des exportations. Un objectif qui a pris un peu de retard avec les mesures ayant accompagné la pandémie de Covid-19 et ses retombées économiques. Il semble cependant que de bonnes perspectives pointent à l’horizon pour ce qui est des exportations pétrolières. L’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS) vient d’annoncer que les exportations pétrolières ont enregistré une hausse de 33,8% au cours des 4 premiers mois de 2021, pour se chiffrer à 1,8 milliard de dollars contre 1,4 milliard de dollars au cours de la même période de 2020.
Il existe plusieurs justifications à cette hausse. Alia Mamdouh, économiste auprès de la banque d’investissement Beltone, met en avant la hausse des cours du brut, qui étaient en moyenne de 40 dollars/baril entre janvier et avril 2020, contre 72 pour la même période en 2021. Une deuxième raison est le recul de la demande sur le pétrole brut à cause du confinement. Cependant, Mamdouh précise qu’il faut rester prudent et ne pas s’induire en erreur, car on est en train de comparer le premier trimestre 2021 à un trimestre exceptionnel l’année précédente, qui a vu le début du confinement total, une période au cours de laquelle les activités économiques et le mouvement du commerce mondial étaient au ralenti.
Mohamed Shadi, macro-économiste auprès du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques, met en avant d’autres justifications à la hausse des exportations pétrolières. La première est relative à la croissance de la production pétrolière en Egypte après deux récentes découvertes faites respectivement par British Petroleum et la compagnie italienne Eni Petroleum dans le Désert occidental (pétrole) et en Méditerranée (gaz naturel). Shadi rappelle, en outre, que l’usine de Damiette pour la liquéfaction du gaz naturel est entrée en fonction en février 2021 et a exporté jusqu’à présent 12 cargaisons de gaz naturel liquéfié. « Les recettes de celles-ci, à elles seules, se sont chiffrées à au moins 500 millions de dollars », explique-t-il.
Selon les chiffres de la Capmas, les exportations du pétrole brut ont atteint un montant de 399 millions de dollars entre janvier et avril 2021, contre 325 aux quatre premiers mois de 2020. Alors que celles du gaz naturel ont triplé pour atteindre 564 millions de dollars contre 137 millions en 2020, au cours de la même période. Finalement, les exportations de mazout se sont chiffrées à 522 millions de dollars contre 209 millions.
Une balance pétrolière équilibrée
En effet, les exportations pétrolières, qui constituent le tiers du total des exportations, ont maintenu des recettes raisonnables variant entre 2,5 et 3 milliards de dollars à titre trimestriel depuis que l’Egypte avait commencé à exporter (l’Egypte exporte toujours des produits pétroliers) en 2017-2018 et 2018-2019. « Avant la pandémie, précisément au cours de l’année fiscale 2019-2020, c’était la première fois que le déficit de la balance commerciale pétrolière se transforme en surplus, frôlant, selon la Banque Centrale d’Egypte (BCE), 8,4 milliards de dollars à titre annuel », explique Mona Bedeir, macroanalyste auprès de la banque d’investissement Prime Holding.
Vu les conditions de la pandémie, la balance pétrolière a été déficitaire au cours des 7 premiers mois de 2020. Mais ce déficit s’est amélioré entre juillet et décembre 2020, selon le rapport sur la balance de paiement récemment publié par la BCE pour se chiffrer à 54,2 millions de dollars contre 733,3 millions de dollars.
Un autre facteur vient de soutenir la performance de la balance pétrolière, celui du recul des importations pétrolières de 11,4 % aux quatre premiers mois de 2021, pour se chiffrer à 1,9 milliard de dollars contre 2,1 milliards de dollars au cours de la même période de 2020. D’autant que l’Egypte est un importateur net de pétrole. Ce recul est dû à l’arrêt des activités économiques et à la politique gouvernementale de la levée des subventions appliquée au lendemain du flottement de la livre égyptienne, en novembre 2016.
« Nous sommes encore loin des chiffres des exportations d’avant la pandémie, parce que l’activité économique mondiale n’a pas atteint les niveaux d’avant la pandémie. Mais, plusieurs facteurs mènent à croire que la courbe sera ascendante. Tout d’abord, la hausse des cours mondiaux du pétrole qui sont prévus d’atteindre 75 dollars le baril fin 2021. Nous nous approchons, il est vrai, de ce chiffre. Mais les quantités de production n’ont pas atteint les limites de l’avant-coronavirus. Parallèlement, notre production est prévue qu’elle connaîtra une croissance considérable, d’autant que le ministère du Pétrole a donné des licences d’inspection de 12 nouveaux puits », conclut Shadi .
Lien court: