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FMI : Des réformes structurelles au menu

Marwa Hussein, Mardi, 01 juin 2021

L’Egypte doit recevoir en juin la dernière tranche d’un prêt de 5,2 milliards de dollars du FMI approuvé lors de l’accord de confirmation en mai 2020. Les experts du fonds saluent la bonne performance de l’économie égyptienne.

FMI : Des réformes structurelles au menu

Une éqiupe d’experts du Fonds Monétaire International (FMI) et les autorités égyptiennes sont parvenues à un accord au niveau des experts sur la troisième et dernière tranche du prêt de 5,2 milliards de dollars pour l’Egypte, approuvé dans le cadre de son accord de confirmation, conclu en mai 2020. Une somme de 1,6 milliard de dollars sera donc débloquée en juin, une fois que le conseil d’administration du FMI aura approuvé les résultats de l’examen. Une équipe d’experts du FMI a effectué une mission virtuelle du 4 au 24 mai avec les autorités égyptiennes, dans le cadre de la préparation de l’Article IV de 2021.

« Cet accord sera soumis à l’approbation du conseil d’administration du FMI dans les semaines à venir. Après approbation, 1,6 milliard de dollars seront mis à la disposition de l’Egypte », déclare Céline Allard, chef de mission du FMI pour l’Egypte. En mai 2020, suite à la crise du Covid-19 et les pressions économiques et budgétaires l’ayant accompagnée, l’Egypte a demandé deux prêts au FMI. Le premier est un prêt de 2,7 milliards de dollars en vertu de l’instrument de financement rapide, pour faire face aux répercussions économiques directes de la pandémie que l’Egypte a reçu le mois même. Le second prêt de 5,2 milliards de dollars se situe dans le cadre d’un accord de confirmation. Ce prêt est lié à un programme de réformes structurelles. Il est arrivé un an après la fin de l’accord de financement de 12 milliards de dollars, d’une durée de 3 ans conclu entre le FMI et l’Egypte fin 2016.

L’accord de 2016 était destiné à soutenir des réformes économiques visant à consolider le budget et à restaurer la stabilité macroéconomique. Il stipulait, entre autres, le flottement de la livre égyptienne, l’imposition de la Taxe sur la valeur ajoutée et la suppression des subventions à l’énergie. Mais l’accord en cours est lié à des réformes structurelles. Le ministère de la Planification a annoncé en avril les traits principaux des réformes structurelles qui seront entamées en juillet 2021 pour une durée de 3 ans. Le programme consiste en un ensemble de politiques destinées à stimuler la production, l’exportation et l’emploi, et est basé principalement sur l’augmentation de la contribution de trois secteurs : l’industrie, l’agriculture et les technologies de l’information au Produit Intérieur Brut (PIB) de 26 % en 2020 à 30-35 % en 2024. « Le lancement récent du Programme national de réforme structurelle est un signe de l’engagement du gouvernement à favoriser le développement du capital humain, de rendre les institutions publiques plus efficaces et plus transparentes, et le secteur privé plus compétitif et plus orienté vers l’exportation, et aussi de créer une économie plus verte. Il sera important dans les mois à venir de mettre en place des mesures spécifiques pour soutenir ces objectifs, notamment pour laisser plus d’espace au secteur privé, afin qu’il opère dans un environnement concurrentiel, et pour encourager les exportations en réduisant encore plus les obstacles au commerce », liton dans le communiqué de presse de la mission du FMI.

Encourager les exportations

Selon Alia Mamdouh, économiste en chef auprès de la banque d’investissement Belton, le gouvernement devra bientôt annoncer certaines réglementations et créer des autorités de régulation qui auront pour tâche de faciliter l’investissement dans les secteurs visés par le programme de réformes structurelles. Il devra aussi encourager les exportations et créer un environnement d’affaires plus propice au secteur privé. Elle souligne que « déjà, le gouvernement a annoncé la semaine passée son plan visant à verser aux entreprises exportatrices les arriérés du programme de soutien aux exportations, une mesure qui a pour objectif de faciliter le travail des exportateurs ». Elle souligne que contrairement au programme précédent de réformes économiques, dont les objectifs étaient faciles à mesurer, il est difficile de mesurer quantitativement les réformes structurelles. « Ces réformes se refléteront surtout sur la note de l’Egypte dans le rapport Doing Business de la Banque Mondiale, qui mesure la facilité de faire des affaires dans les différents pays et l’environnement des affaires en général. Cependant, certaines réformes peuvent être mesurées comme la transformation numérique », explique Alia Mamdouh, ajoutant que cette dernière est en progression. « Il est prévu que vers la fin de l’année, toutes les transactions financières avec les entités publiques seront électroniques. Cela aidera à créer une base de données des entreprises moyennes, ce qui facilitera leur inclusion financière et leur croissance », estime-t-elle.

Bonne performance de l’économie

L’institution internationale a salué la performance économique du pays soulignant que les autorités ont pu maintenir la stabilité économique pendant la pandémie. Parmi les indicateurs que la mission a suivis : les réserves de change, le taux d’inflation, le taux de croissance et le surplus primaire du budget. « L’accumulation nette des réserves internationales et le solde primaire ont dépassé les objectifs du programme. L’inflation est restée modérée ... Tous les repères structurels ont été respectés, y compris la poursuite des réformes en matière de transparence et de gouvernance budgétaires, de protection sociale et d’amélioration de l’environnement des affaires. Les efforts visant à réduire la vulnérabilité de la dette et à créer plus d’espace budgétaire pour les dépenses prioritaires se sont poursuivis », souligne le communiqué du fonds.

Les réserves de change de l’Egypte sont en hausse constante et ont atteint 40,3 milliards de dollars en mars dernier, couvrant plus de 7 mois d’importation. Le ministère des Finances a déclaré qu’il s’attendait à ce que l’Egypte atteigne un excédent primaire de 1 % d’ici la fin de l’exercice en cours et de 1,5 % au cours de l’exercice 2021-2022 qui commence en juillet prochain. « Le niveau des réserves est au-dessus de celui requis par le FMI, couvrant 7 mois et demi d’importations, alors que normalement, le fonds réclame de couvrir 3 mois d’importation », raconte Alia Mamdouh, assurant que cela offre plus de stabilité économique et réduit les pressions sur les devises en cas de hausse des cours internationaux de pétrole ou d’autres matières premières. « Les réserves abondantes offrent des opportunités de croissance vu que l’Egypte est importatrice de matières premières et d’équipements nécessaires à la production, le manque de liquidité en devises peut affecter la production. Elles assurent aussi la confiance des investisseurs », souligne Alia Mamdouh. Elle prévoit que le taux de change de la livre face au dollar restera stable entre 15,5 et 15,8 L.E. « Le FMI ne réclame pas un taux de change précis, mais il s’intéresse à la stabilité des taux de change », résume-t-elle. « Nous nous félicitons de la volonté de la Banque Centrale d'Egypte (BCE) d’agir pour soutenir la reprise économique dans un contexte d’inflation modérée. La flexibilité des taux de change dans les deux sens aidera à absorber les chocs externes. Le système bancaire égyptien reste fluide, rentable et bien capitalisé », soulignent les experts du FMI.

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