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Après la crise du Covid-19, une croissance mondiale divergente

Amani Gamal El Din, Mardi, 13 avril 2021

Les réunions du printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale ont scruté les impacts économiques de la pandémie de Covid-19 sur les Etats membres. Deux sujets ont animé les discussions : la vaccination et la restructuration de la dette.

Après la crise du Covid-19, une croissance mondiale divergente
La vaccination est actuellement la politique économique la plus importante, et une collaboration mondiale est requise pour une distribution équitable.

Malgré la persistance du Covid-19 et le retour au confinement total ou partiel dans différents pays, l’économie mondiale semble reprendre son souffle. Après une année de récession globale au cours de laquelle l’économie mondiale s’est contractée de 3,3 % en 2020, les perspectives deviennent positives. Les économistes du Fonds Monétaire International (FMI) ont revu leurs prévisions à la croissance mondiale à la hausse, soit 6 % en 2021 contre des prévisions préalables de 5,5 % annoncées en janvier dernier. Les nouveaux chiffres ont été annoncés lors des réunions du printemps des institutions financières jumelles : le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), ayant eu lieu entre les 5 et 11 avril. Pour la deuxième année consécutive, les réunions annuelles qui ranimaient les rues de la capitale Washington se sont déroulées virtuellement.

Selon l’édition du mois d’avril 2021 des « Perspectives de l’économie mondiale » publiée par le FMI, l’ampleur du rétablissement varie d’une région à une autre dépendant, en grande partie, des politiques de déploiement des vaccins anti-Covid de chaque pays, mais aussi et surtout de « l’efficacité avec laquelle les mesures économiques mises en oeuvre dans un contexte de forte incertitude peuvent limiter les séquelles causées par cette crise sans précédent ». Pour les économies avancées, la croissance est prévue de passer de -4,7 % en 2020 à 5,1 % en avril 2021. Les Etats-Unis avec 6,4 % et la France avec 5,8 % étant les plus hautes dans cette catégorie. Pour les marchés émergents et les économies en développement, les prévisions chiffrent la croissance à 6,7 % contre -2,2 % en 2020. Les deux plus hautes croissances dans cette catégorie en Asie sont la Chine avec 8,4 % et l’Inde avec 12 %. Le Moyen-Orient et l’Asie centrale réaliseront 3,7 % en 2021, contre -2,9 % en 2020. Dans cette catégorie, les prévisions de l’Arabie saoudite sont les plus modestes, de 2,9 % contre -4,1 % en 2020.

En fait, malgré la révision à la hausse de la croissance, l’incertitude est de mise d’autant plus que la crise du Covid-19 en tant que telle, mais aussi les défis de la vaccination, ont révélé un constat amer sur les inégalités qui se creusent davantage dans le monde, la vulnérabilité des systèmes médicaux et le manque d’investissements alloués à ce secteur impactant le développement économique. « Le rétablissement est sur les rails. Mais, avec une incertitude et des perspectives variables à travers les pays, ce qui garantira une croissance inclusive est l’accès aux vaccins anti-Covid, aux interventions médicales, et l’efficacité des politiques publiques pour soutenir les économies. L’éradication de cette pandémie n’aura pas lieu si les disparités persistent dans l’acheminement du vaccin », a déclaré la directrice exécutive du FMI, Kristalina Georgieva. D’autant plus que la nouvelle directrice de l’Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala, a déclaré que 10 Etats seulement se sont procurés 70 % de leurs besoins en vaccins, alors que d’autres n’en ont obtenu aucune dose, a mis en garde Mahmoud Mohieddine, directeur exécutif du FMI et membre de son conseil d’administration, représentant l’Egypte et les Etats arabes.

« Nous devons collaborer pour assurer une distribution égale et équitable. Il est question de réallouer les excès de vaccins des pays qui ont des doses en surplus aux pays déficitaires », c’est ce qu’a déclaré Kristalina Georgieva dans un séminaire posté sur la toile intitulé Vaccinating the World (vacciner le monde). Selon Georgieva, au cas où des progrès seraient accomplis pour mettre un terme à cette crise médicale, le PIB mondial pourrait être augmenté d’environ 9 trillions de dollars d’ici 2025.

Deux effets majeurs

Sur le niveau économique, deux problèmes majeurs ont résulté de la pandémie, alourdissant le processus de la reprise économique : les turbulences dans les marchés de travail, ainsi que l’accumulation des dettes publiques, selon les économistes du FMI. Le chômage a surtout sévi parmi les jeunes et les ouvriers non qualifiés, dont la concentration est plus élevée dans les pays moins développés. L’expansion de la dette publique dans le monde a été le focus des discussions cette année. En fait, c’est l’ampleur de la dette qui pourra bien freiner la reprise économique. Selon le rapport de Stabilité financière, publié à l’occasion des réunions, les pays avancés souffriront moins de son ampleur, alors que les marchés émergents et en développement se trouveront entraînés dans « le piège de la dette du Covid-19 ». Selon le rapport, la dette publique de cette catégorie de pays, excepté la Chine, est prévue atteindre 61 % du PIB en 2021, alors que le fossé de financement budgétaire restera élevé à 17 % du PIB et 37 % pour certains pays. « Les marchés émergents auront des difficultés à combler la lacune financière en 2021. Ils seront exposés à des implications difficiles si l’inflation domestique s’élève ou bien si les intérêts globaux connaissent une hausse, comme ceux des Etats-Unis. Cela impactera les monnaies locales et entraînera une fuite des capitaux », note le rapport.

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