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Financement des PME : La BCE adoucit les règles

Amani Gamal El Din, Mardi, 02 mars 2021

La Banque Centrale d'Egypte a demandé aux banques de consacrer le quart du portefeuille de leur crédit au financement des PME d’ici 2022. De nouveaux amendements caractérisés par moins de rigidité.

Financement des PME : La BCE adoucit les règles
Les mesures de la BCE favorisent les petites entreprises et les évaluent loin des bilans financiers.

La banque centrale d’egypte (BCE) vient de lancer une nouvelle initiative pour octroyer plus de financement aux petites et moyennes entreprises dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 20 millions de L.E. par an. Et ce, afin d’encourager l’inclusion financière et bien sûr la création de nouveaux emplois. La semaine dernière, la BCE a donné des ordres aux banques de lever le plafond du financement à l’adresse de ce secteur vital de l’économie de 20 à 25 % du portefeuille des crédits d’ici fin décembre 2022. Il est estimé que suivant cette initiative, 117 milliards de L.E. seront injectés dans ce secteur. Selon le communiqué de presse de la BCE, ces fonds seront adressés à plus de 120 000 entreprises et entités, ce qui permettra de créer environ 20 millions d’emplois. « Afin de diversifier les sources de financement, la BCE a donné les instructions aux banques d’établir des fonds et des entreprises qui investiraient dans les capitaux des PME, surtout celles établies récemment ». Amr Al-Alfi, directeur de la recherche auprès de la banque d’investissement Prime, a salué la décision surtout qu’elle intervient à l’ombre d’un environnement qui a vu une baisse relative des taux d’intérêts. « L’initiative soutient la croissance des crédits bancaires dans les deux prochaines années et attise la compétition dans ce secteur vital », a-t-il expliqué.

L’initiative de la BCE sert un double objectif. En premier, elle tente de régler le problème du financement qui demeure un vrai calvaire face à l’élan des PME. Selon la dernière version du rapport du développement arabe publiée en 2020 et dédiée aux PME dans le monde arabe, le manque de financement continue d’entraver leur essor. Selon le rapport, ce secteur dans les pays arabes n’attire que 9 % des crédits bancaires. En Egypte 1,2 % seulement des crédits bancaires vont aux PME. Le second objectif est de s’orienter vers plus de formalisation du secteur informel. La BCE a alors porté un intérêt spécial au segment des petites entreprises et a recommandé de lui consacrer des financements à la hauteur de 55 milliards de L.E. d’ici 2022.

Mesures spéciales pour les plus petits

D’autres mesures ont été prises pour encourager les petites entreprises. Selon le communiqué, de nouveaux amendements ont été imposés par la BCE aux banques dans leurs transactions avec les petites entreprises consistant à évaluer leur note de crédit sans recourir aux bilans financiers. « Le communiqué leur a accordé un intérêt particulier, parce qu’il est plus facile aux banques de travailler avec les entreprises moyennes qui disposent d’un statut de crédit et de solvabilité clair avec des bilans financiers et des activités d’audit. Alors que dans la plupart des cas, ceci ne s’applique pas aux petites entreprises qui souffrent de problèmes administratifs et financiers et ne disposent pas d’un statut de crédit et de solvabilité clairs, et l’expertise nécessaire leur manque », a déclaré Mahmoud Gamal El Din, investisseur et homme d’affaires. Ainsi, pour la première fois, la BCE a demandé aux banques de sortir des règles rigides de l’évaluation des risques des clients qui ont toujours conditionné l’octroi des crédits au profit d’une nouvelle méthode, « Behavioral Scoring Model ». Cette dernière permettra d’évaluer les risques de crédits des micro et petites entreprises qui ne détiennent pas les documents nécessaires à l’obtention de crédits. Cette méthode est appliquée dans la plupart des pays du monde pour régler les risques potentiels d’insolvabilité chez les clients/entreprises et facilité l’octroi des crédits. « Le modèle est en général conçu par chaque banque avec la BCE et une tierce partie, normalement une grande compagnie d’audit comme Price Waterhouse Coopers, KPMG ou autres, pour approuver ses composantes. Le modèle étudie le comportement de chaque entité et lui octroie une note. Que ce soit au niveau de sa performance industrielle ou autre relativement à son domaine de spécialisation, ses ventes, ses plans de marketing, etc ; loin des budgets traditionnels d’audit », explique Abanob Magdi, analyste financier auprès de la banque d’investissement Beltone.

Ce dernier estime que le point le plus positif serait que de nombreux clients et entités intégreraient le système bancaire. Mais, pour que ce modèle soit solide, il faut avoir des données précises. « Le modèle repose sur des statistiques pour qu’elles soient exactes, il faut parvenir à des données très spécifiques. Par exemple, ces données doivent traquer comment les incidents économiques ont impacté l’industrie et quels sont les autres facteurs qui influencent les activités, les ventes, les exportations, entre autres », explique Magdi. Il explique que ceci n’est pas facile et nécessite que chaque banque innove les outils nécessaires à répondre à ses exigences, qui sont conformes aux produits et les services offerts par les PME.

Pour pallier ce problème, la BCE a demandé aux banques de lui déposer un rapport trimestriel sur le statut des crédits et le volume d’activité et les chiffres de vente des entreprises.

D’autres amendements ont été pris par la BCE et seront insérés dans les statuts internes des banques. Ceux-ci régularisent les contributions des banques aux fonds d’investissement et aux entreprises qui investissent dans les capitaux des PME. Ces amendements stipulent que la valeur des investissements des banques ne doit pas dépasser 10 % du capital émis de la banque. Il faut également que le total du quota de la banque ne dépasse pas 50 % du capital des fonds ou des entreprises et doit avoir la possibilité de se retirer de ces fonds à la quatrième année du début des activités, surtout au cas de non réalisation de bénéfices pour trois années consécutives. En outre, les actifs pondérés en fonction des risques sur n’importe quel investissement dans ces fonds seront calculés à 20 % au lieu de 0 % selon les anciennes règles. Abanob Magdi explique que pour une banque, il y a trois sortes de risques : les risques de crédit, les risques du marché et les risques des opérations, le plus important est les risques de crédit. « La banque peut perdre 100 % des crédits qu’elle octroie en cas de faillite de n’importe quelle entreprise ». Et donc ces mesures entreprises sont correctes et destinées à réguler la relation entre les entreprises et les banques et de sauvegarder les actifs des banques et ses investissements. La BCE a jusque-là assumé sa responsabilité financière à l’égard de ces secteurs, même si l’échéance prescrite d’ici 2022 pour l’évaluer n’est pas suffisante, explique Magdi.

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