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Coup de pouce aux exportations

Amani Gamal El Din, Mercredi, 16 décembre 2020

Les initiatives gouvernementales de soutien aux exportations, notamment le versement aux exportateurs des arriérés de subvention minorés de 15 %, ont soulagé ce secteur qui souffre du Covid-19. Des mesures complémentaires sont cependant nécessaires. Explications.

Encourager l’exportation est indispensable pour l’économie égyptienne orientée vers le marché libre comme l’exige la vision « Egypte 2030 ». Initialement, l’objectif du gouvernement était de réaliser des recettes à hauteur de 44 milliards de dollars fin 2020. Mais en raison de la pandémie du Covid-19, la réalisation de cet objectif a été ralentie par l’arrêt des chaînes d’approvisionnement mondiales, et par conséquent, du commerce. Les derniers chiffres sur les revenus des exportations publiés par la Banque Centrale d’Egypte (BCE) montrent une baisse des exportations à 26,4 milliards de dollars pour l’année fiscale 2020-2021 (contre 28,5 milliards en 2019-2020), soit un recul de 7,4 %. Pour remédier à cette situation, le ministre des Finances, Mohamad Maeit, a annoncé que 7 milliards de L.E. seront consacrés dans le budget 2020 au soutien des exportations, lors d’une conférence de presse conjointe avec la ministre du Commerce et de l’Industrie, Névine Gamie.

En 2002, l’Egypte avait lancé un programme de soutien aux exportations avec l’aide du Fonds de soutien aux exportations relevant du ministère du Commerce et de l’Industrie. Avec la crise du Covid-19, le gouvernement a dû multiplier les initiatives à l’égard de ce secteur vital de l’économie. Le Conseil des ministres a ainsi approuvé 6 initiatives destinées à payer les arriérés des subventions qui auraient dû être versés en juin 2019 aux exportateurs. Rendue publique en octobre dernier, la sixième et plus importante initiative est entrée en vigueur début novembre dernier. Fruit d’une coopération entre les banques et le ministère des Finances, elle consiste à verser immédiatement 85 % des retards de subventions aux entreprises avec une déduction de 15 %.

Selon M. Maeit, l’avantage de cette initiative est qu’elle permet aux entreprises de répondre à leurs engagements, de préserver la main-d’oeuvre et de faire face aux enjeux de la crise mondiale. « 1 580 entreprises exportatrices ont présenté des demandes pour bénéficier de l’initiative. Fin novembre, 50 d’entre elles ont obtenu le versement de leurs arriérés estimés à 1,93 milliard de L.E. », a déclaré le ministre.

Selon le ministre des Finances, cette initiative est réalisée en coopération avec le secteur bancaire. Le ministère assurera le versement de ces sommes et leurs intérêts sur trois ans aux banques ayant décidé de participer à l’initiative, qui sont Al-Ahly, Misr, Al-Qahira et la Banque égyptienne pour le développement des exportations.

Une localisation industrielle indispensable

« Le versement immédiat minoré de 15 % est dans l’intérêt de l’exportateur. Il lui permettra de préserver un niveau opportun de liquidités dans le but de maintenir ses opérations et contrer tout impact négatif du Covid-19 », explique Mona Bedeir, macroanalyste auprès de la banque d’investissement Prime. Elle explique cependant que le vrai problème des exportations est d’ouvrir de nouveaux marchés d’exportation en tenant compte du confinement imposé par les principaux partenaires.

Une étude publiée par le Centre égyptien des études économiques, chargé d’évaluer les programmes de soutien aux exportations entre 2002 et 2019, assure que les exportations égyptiennes, surtout non pétrolières, manquent de dynamisme, et les produits exportés ne sont pas toujours conformes aux exigences de la demande mondiale. « L’Egypte doit régler le problème de la relocalisation de l’industrie. Le monde essaie d’échapper à l’emprise de la Chine. Chacun doit chercher de nouveaux débouchés moins coûteux en investissements », explique Bedeir. L’étude affirme néanmoins qu’en l’absence d’une stratégie détaillée de production industrielle, les mesures de soutien, quoique louables, n’engendreront pas les bénéfices espérés.

Les deux ministres des Finances et du Commerce et de l’Industrie ont déclaré sans ambiguïté qu’un nouveau programme de subventions aux exportations est en cours d’élaboration et verra le jour en 2021 avec l’objectif d’ouvrir de nouveaux marchés en Europe et en Afrique.

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