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La dette publique sous contrôle

Marwa Hussein, Mardi, 28 janvier 2020

Bonnes nouvelles pour l’économie égyptienne: le gouvernement a réussi à réduire la dette publique et prévoit un excédent budgétaire primaire pour la deuxième année consécutive. Analyse.

La dette publique

Le ministère des Finances prévoit de ramener la dette publique totale à 83% du PIB d’ici la fin de l’exercice en cours, qui se termine en juin. Un chiffre plus bas que prévu initialement dans le budget présenté au parlement avant le début de l’année fiscale qui a commencé en juillet 2019. Cela est possible grâce à une hausse de l’excédent budgétaire primaire au cours du premier semestre de l’année, a indiqué le ministre des Finances, Mohamad Maeit, lors d’une conférence de presse.

L’Egypte a, en effet, enregistré un excédent budgétaire primaire de 0,5% du Produit Intérieur Brut (PIB), soit de 30 milliards de L.E. (1,91 milliard de dollars), au cours du premier semestre de l’exercice 2019-2020, a déclaré Maeit, tout en rappelant que ce pourcentage était de 0,4%, à savoir 21milliards de L.E., au cours de la même période de l’année précédente. L’objectif de 2019-2020 est de réaliser un surplus primaire de 2 %, à l’instar de l’année passée. « Réaliser un excédent primaire, voire le maintenir pendant deux années consécutives, n’est pas une tâche facile, surtout pour les pays émergents et en développement », a souligné Ahmad Kouchouk, vice-ministre des Finances chargé des politiques financières, lors de la conférence. « L’Equateur est le seul pays à avoir réalisé un excédent primaire supérieur à l’Egypte l’année passée, avec 2,7 % », a-t-il précisé. Maeit a en outre rappelé que le déficit primaire était de 3,5% au cours du premier trimestre 2015-2016, s’élevant à 53,8 milliards de L.E.

Taux de croissance à la hausse

Cependant, le déficit budgétaire global, après le service de la dette, est passé à 3,8% au premier semestre de l’exercice en cours, contre 3,6 % au cours de la même période de l’exercice précédent. Le ministre des Finances a attribué cette hausse à des facteurs positifs, soit au remboursement anticipé, en septembre 2019, de 16 milliards de L.E. de dettes normalement dues en avril 2020, en plus du remboursement anticipé de 33 milliards de L.E. de dettes dues aux fonds d’assurance sociale. « Ces paiements anticipés ainsi que le programme de gestion de la dette publique vont permettre de réduire la dette publique à la fin de l’année », a souligné Maeit. Ce dernier a par ailleurs expliqué que le déficit primaire pour le semestre en question aurait atteint seulement 3,3% si le gouvernement n’avait pas payé en avance les 33 milliards dues aux fonds d’assurance sociale.

Malgré la légère hausse du déficit budgétaire au cours du premier semestre, le gouvernement prévoit de réaliser son objectif pour l’année, qui est de ramener le déficit à 7,2%, contre 8,2% l’année passée. La dette publique de l’Egypte avait atteint 108% du PIB en juin 2017, mais la politique de consolidation fiscale et le programme de restructuration de la dette avaient permis de la réduire à environ 90% en juin dernier. « L’Egypte est première dans le classement des pays émergents pour ce qui est de l’indice de la réduction de la dette, après avoir réussi à réduire la dette publique d’environ 18 points de pourcentage en seulement deux ans », s’est félicité le ministre, ajoutant que le pays a également enregistré le taux de croissance le plus élevé de la région arabe, avec 5,6% en 2018-2019. Il prévoit que le taux de croissance augmentera à 5,8% ou 5,9% d’ici la fin de l’exercice 2019-2020, au lieu des 5,6 % précédemment ciblés.

Hausse notable des revenus

Les deux facteurs qui ont permis la réalisation de l’excédent primaire sont la réduction des subventions aux carburants ainsi que la hausse des revenus étatiques, et ce, dans le cadre d’un programme de réformes économiques lié à un financement par le Fonds Monétaire International (FMI), qui s’est terminé en novembre dernier. Grâce à la baisse des subventions, le ministère du Pétrole a pu, pour la première fois depuis des décennies, dégager un excédent, participant ainsi à la hausse des revenus étatiques avec 3 milliards de L.E. au cours du trimestre juillet-septembre 2019, a déclaré Maeit. « Les paiements du ministère du Pétrole devraient augmenter au cours des prochains mois », a déclaré Ahmad Kouchouk. « Le ministère du Pétrole s’attend par ailleurs à ce que les subventions au carburant baissent à 30 milliards de L.E. en 2019-2020 par rapport aux 52 milliards de L.E. initialement prévues dans le budget », a-t-il ajouté.

Mohamad Maeit a attribué l’amélioration significative de la performance de l’économie nationale aux mesures qualitatives entreprises. Des revenus publics de 390,1 milliards de L.E. ont été réalisés au cours du premier semestre de l’exercice en cours, soit un taux de croissance de 5 % par rapport à la même période de l’année précédente. Le ministre des Finances a souligné que cette augmentation est survenue malgré la baisse des aides extérieures, qui étaient de 800 millions de L.E. seulement au premier semestre de l’exercice en cours, contre 2,7 milliards au cours des six premiers mois de 2015-2016.

Les recettes fiscales ont, elles, atteint 304 milliards de L.E. au premier semestre de l’exercice en cours. « Cela malgré la baisse des recettes fiscales souveraines », a souligné le ministre. Il s’agit des recettes provenant du Canal de Suez, de la Banque Centrale et des bons du Trésor, entre autres. « Ces revenus ont baissé pour des raisons hors de la portée du gouvernement, liées au commerce mondial, mais aussi à la baisse des taux d’intérêt ainsi que du taux de change. Ces deux derniers facteurs ont en revanche positivement affecté d’autres indicateurs, comme le service de la dette », a expliqué Kouchouk. Les recettes fiscales souveraines ont diminué de 27 %.

Quant aux recettes fiscales non souveraines, elles ont considérablement augmenté. Ainsi, celles des impôts sur les revenus des entreprises ont augmenté de 46,6% au cours du premier semestre, pour atteindre 40 milliards de L.E., tandis que celles de l’impôt sur l’activité industrielle et commerciale ont atteint 10,1 milliards de L.E., avec un taux de croissance de 21,6 %. Quant aux recettes de l’impôt sur les salaires, elles ont connu une hausse d’environ 24 %, pour enregistrer 29,8 milliards de L.E. Les revenus générés par la taxe sur la valeur ajoutée sur les produits locaux ont par contre légèrement régressé, passant à 22,6 milliards de L.E..

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