Les trois plus grandes entreprises publiques de textile seront transformées en centres industriels.
Le textile est le plus insolvable des huit domaines que compte le secteur public des affaires. L’entreprise holding pour le coton, la filature, le textile et le prêt-à-porter compte 23 entreprises de filature et de textile en plus de 9 entreprises de commerce et d’égrenage du coton. Les entreprises de production sont déficitaires, seules quelques entreprises de commerce du coton son bénéficiaires. Les pertes du secteur se sont élevées à environ 2,5 milliards de L.E. en 2017-2018 contre 2,7 et 3 milliards L.E. en 2016-2017 et 2015-206 respectivement. Dans une tentative de redresser cette situation, le ministère du Secteur public des affaires a adopté un plan de restructuration du secteur, réalisé par un bureau de conseil américain, Werner.
En vertu de ce plan de modernisation du secteur, le nombre d’entreprises de textile sera réduit à 9 seulement. Les trois plus grandes : l’entreprise de Mallah, de Kraft Al-Dawar et de Hélouan seront transformées en centres industriels de production et d’exportation, tandis que les autres plus petites seront des entreprises spécialisées dans une seule branche de l’industrie. Le ministère entend dépenser 21 milliards de L.E. pour réaliser son plan de modernisation qui porte sur l’infrastructure des entreprises, le remplacement des équipements par d’autres plus modernes et la formation de la main-d’oeuvre. L’industrie de textile, autrefois une industrie phare en Egypte, s’est détériorée au cours des dernières décennies et l’Egypte a cédé sa place privilégiée dans ce domaine à d’autres pays surtout en Asie. L’absence de modernisation des usines et le manque de stratégie pour relancer le secteur sont les facteurs principaux derrière cette détérioration. A cela s’ajoute la baisse de la superficie cultivée en coton et de la qualité du coton égyptien. En fait, c’est par là que commence le plan de restructuration du secteur. Le ministère du Secteur public des affaires, en coopération avec les ministères de l’Agriculture et de l’Industrie, a adopté, cette année, un nouveau système pour la collecte et le commerce de l’or blanc. « En 1952, l’Egypte cultivait 2 millions de feddans de coton, le pays était alors le premier producteur de coton à longues fibres », raconte Magdi Tolba, président du Conseil d’exportation de la filature et du textile.
La superficie cultivée en coton a baissé avec le temps. En 2016, elle était de 100 000 feddans (1 feddan = 0,42 hectare et environ une acre) contre environ 300 000 feddans en 2015 avant de reprendre légèrement. « Les ministères concernés ont adopté un plan pour encourager la culture du coton, ce qui a mené à la hausse de sa superficie à 336 000 feddans en 2018 », dit Magdi Tolba. « Or, le gouvernement n’a pas tenu ses promesses quant au prix d’achat annoncé aux agriculteurs avant la saison. C’est pourquoi, cette année, la superficie cultivée en coton a baissé encore une fois à environ 180 000 feddans », regrette Tolba. Selon lui, il faut attirer des investisseurs étrangers pour produire du textile de haute qualité à partir du coton égyptien à longues fibres, afin de donner à ce coton une valeur ajoutée. Entre-temps, il faut exporter le coton brut ou les filatures de coton à longues fibres. Tolba estime que mieux vaut fournir du coton à moyennes fibres aux industries locales pour les relancer. C’est-à-dire séparer le commerce du coton du secteur public et adopter des plans séparés visant d’une part à revitaliser la culture du coton égyptien et d’une autre part à restaurer l’industrie. « Les prix des filatures égyptiennes sont de 25 à 30 % supérieurs aux prix des pays de l’Asie de l’Est », se lamente-t-il.
Nouvelle stratégie
Le gouvernement a réalisé que pour revitaliser l’industrie, il faut commencer par le bas de la chaîne, c’est-à-dire par le coton. En août, Hesham Tawfik, ministre du Secteur publique des affaires, avait annoncé que l’Egypte adopterait une nouvelle stratégie visant à redonner à son industrie cotonnière sa place au sommet du marché mondial du coton. Ceci lors d’une réunion avec les responsables des sociétés cotonnières publiques et privées. La nouvelle stratégie comprend la mise en place d’un nouveau système de négoce du coton qui sera d’abord testé dans les gouvernorats de Fayoum et de Béni-Soueif pendant la saison des récoltes 2019.
En vertu du nouveau système, 17 centres recevront directement les cultures de coton provenant des agriculteurs, et ce, sans intermédiaires. Neuf de ces centres seront situés au Fayoum et les 8 autres à Béni-Soueif. Le ministère a également déclaré que les ventes se feraient par enchères publiques et conformément aux prix américains du coton à longues et courtes fibres. Le prix égyptien sera la moyenne des deux prix et cela permettra aux agriculteurs d’avoir les revenus les plus élevés. Selon ce système, les agriculteurs reçoivent 70 % du prix de vente en espèces, et les 30 % restants doivent être payés dans la semaine qui suit la vente aux enchères. Ensuite, il faudra moderniser l’égrenage du coton, et cela comprend le développement des installations publiques d’égrenage, en commençant par réduire leur nombre de 25 à 11 qui seront localisées dans les gouvernorats où se concentre la culture du coton. L’égrenage automatique élimine les impuretés qui résultent de la manipulation du coton avec les mains.
En ce qui concerne la modernisation des entreprises, le gouvernement a signé des contrats d’achat d’équipements. La Société de portefeuille égyptienne pour le coton, la filature et le tissage a signé la première phase de contrats pour la fourniture de machines modernes d’une valeur de 270 millions de dollars, avec des entreprises suisses, allemandes et italiennes. L’achat des équipements coûtera au total 540 millions de dollars. Le ministre du Secteur public des affaires a dit à Al-Ahram Hebdo que les designs finaux des modifications opérées dans les usines seront prêts à la fin de l’année. Le plan de modernisation du secteur, lancé en juin dernier, nécessitera entre 2,5 et 3 ans. Le financement sera fourni par l’exploitation des actifs non utilisés du secteur. « Nous avons seulement demandé un prêt de 1,5 milliard de L.E. à la Banque d’investissement national pour lancer le plan de réforme. Ce prêt sera remboursé sur trois ans. Nous espérons obtenir un autre prêt d’environ 11 milliards de L.E. de banques internationales pour payer les équipements et nous cherchons un prêt remboursable sur sept ans », raconte le ministre.
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