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L’inflation recule, l’économie se renforce

Salma Hussein, Mardi, 17 septembre 2019

Pour le troisième mois consécutif, l’inflation est en recul en Egypte, atteignant 6,7 % en août. Ce recul, dû en partie à la baisse de la consommation des ménages, ouvre la voie à des mesures de relance de l’économie.

L’inflation recule, l’économie se renforce
Le taux d'inflation du panier des aliments dépasse le taux de l'inflation total.

Un taux d’inflation de 6,7 %, c’est une bonne nouvelle. Il y a un an, il était de 13,6 %. Les Egyptiens ont derrière eux trois années difficiles, durant lesquelles ils ont vu des taux d’inflation records s’élevant à plus de 30 %. Aujourd’hui, l’inflation a atteint le taux le plus bas depuis 2013. « Le taux d’inflation semble très faible comparé à celui du même mois de l’année dernière, à savoir août 2018 », explique Esraa Ahmed, analyste à la banque d’investissement Shoaa. En août 2018, l’inflation annuelle avait, en effet, atteint 13,6 % à cause de la hausse des prix de l’énergie, notamment de l’électricité, du gasoil et de l’essence. En juillet dernier, une nouvelle hausse des prix de l’énergie, moins pesante, a eu un impact moins important sur le taux d’inflation. Une analyse relative à l’inflation publiée en juillet par la Banque Centrale d’Egypte (BCE) souligne que les prix de l’essence et de l’électricité ont augmenté de près de 20 % seulement, contre 42,7 et 26,9 % consécutivement en 2018. « Par conséquent, le taux d’inflation a enregistré une hausse mensuelle de 1,8 % en juillet 2019, contre 2,4 % en juillet 2018 », indique la même analyse. C’est la raison pour laquelle le taux d’inflation est en baisse pour le troisième mois consécutif.

« La trajectoire prévue pour le taux d’inflation est la baisse pour la seconde moitié de l’année », indique Jean-Michel Saliba, de Bank of America Merrill Lynch, à l’agence Bloomberg. Mohamad Abou-Bacha, directeur des recherches auprès de la banque d’investissement EFG-Hermès, rejoint cette opinion. « L’inflation va continuer à enregistrer des taux inférieurs à ceux de l’année dernière, qui avaient connu des hausses des prix des denrées alimentaires, comme ceux des pommes de terre », explique-t-il.

Certains analystes soulignent que cette baisse de l’inflation est le signe d’un recul de l’activité économique. Pour Abou-Bacha, « la baisse relative du taux d’inflation peut être partiellement expliquée par le ralentissement de l’activité économique et la baisse de la consommation des ménages. Nous avons notamment enregistré une baisse de l’activité des entreprises ». L’indice des directeurs d’achat (PMI) en est témoin. Il s’agit d’un indice mensuel qui reflète l’activité du secteur privé non pétrolier. S’il se situe en deçà de 50, cela reflète un manque d’activité économique. Or, l’indice a baissé durant les 12 derniers mois, à l’exception de deux mois, marquant un ralentissement des activités du secteur des affaires. Il a ainsi atteint 49,4 en août, contre 50,3 un mois plus tôt. « C’est la troisième baisse en quatre mois, mais c’est la plus légère », souligne David Owen, économiste à IHS Markit, entreprise de recherche qui produit l’indice, dans un communiqué de presse publié la semaine dernière. Selon Owen, le ralentissement des ventes explique la dernière baisse de l’indice.

Le PMI révèle également que les achats des entreprises ont baissé en août par rapport à juillet. Les responsables des achats ont rapporté une hausse des prix des matières intermédiaires nécessaires à l’activité de leurs entreprises, due à la hausse des prix de l’énergie qui a eu lieu en juillet 2019.

Stimuler l’économie

Maintenant que l’inflation s’est repliée pour le troisième mois consécutif, la BCE pourra poursuivre sa politique de stimulation de l’économie. Selon Saliba, « la BCE pourra profiter de cette baisse de l’inflation pour diminuer les taux d’intérêt ». Le comité de la politique monétaire auprès de la BCE a baissé les taux d’intérêt directeurs de 1,5 % au mois de juillet. Plusieurs experts prévoient qu’une autre baisse sera décidée lors de la prochaine réunion du comité, jeudi 26 septembre. « Nous prévoyons une nouvelle baisse, entre 1 et 1,5 %, des taux d’intérêt », a indiqué Radwa El-Sweify, directrice des recherches auprès de la banque d’investissement Pharos, au bulletin électronique Economy Plus.

Des taux d’intérêt plus bas signifient des crédits bancaires moins chers, que ce soit pour financer des projets d’investissement ou pour payer les achats des ménages. Une stimulation soutenue également par la stabilité des marchés des changes. D’après l’analyse de l’agence Bloomberg, la livre égyptienne est la deuxième meilleure devise dans le monde contre le dollar cette année, avec un gain de valeur de près de 9 %.

Le gouvernement profite lui aussi d’une inflation en recul et, surtout, d’un taux d’intérêt à la baisse. Chaque baisse des taux d’intérêt de 1 % se traduit, en effet, par une réduction de la facture des intérêts sur la dette publique à hauteur de quelque 20 milliards de L.E., d’après le ministère des Finances. Cela signifie plus de marge pour financer des projets d’infrastructures ou réduire davantage le déficit budgétaire.

Les prix des denrées alimentaires, qui absorbent en moyenne plus du tiers du budget des ménages, connaissent, eux, les hausses les plus notables parmi les biens de consommation. Le taux d’inflation du panier des aliments et de la nourriture dépasse, en effet, le taux d’inflation total. Il s’élevait à 6,9 % en août, suivi par le taux d’inflation des services de santé. Les Egyptiens qui vivent dans les régions rurales en souffrent plus que ceux qui vivent dans les villes, d’après les chiffres de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS). Les consommateurs ne sont donc pas les premiers gagnants de cette baisse relative de l’inflation. Reste à voir l’évolution des cours durant les prochains mois.

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