Le soudan est le premier exportateur mondial de gomme arabique, l’une des principales ressources du pays, après l’or et le pétrole. Pour l’heure, le commerce de cette gomme d’acacia soudanaise est épargné par les troubles dans le pays. « Pour le moment, la gomme arabique sort du Soudan », confirme Frédéric Alland, PDG de la PME française Alland et Robert, l’un des premiers importateurs au monde, joint au téléphone. La récolte de cette sève de l’acacia, qui s’est déroulée entre décembre et mars, au Soudan, est finie depuis un mois et demi. Les boules de gomme ont été séchées. L’heure est à l’acheminement des sacs de gomme entre les zones de production, en particulier la région d’El-Obeid, dans le Kordofan, et Port-Soudan sur la mer Rouge.
C’est là que les gommes sont chargées à bord de bateaux feeders, qui les transbordent sur de plus gros bateaux de l’autre côté de la mer Rouge, à Djeddah, sur la côte saoudienne. Direction ensuite l’Europe ou les Etats-Unis, pour la transformation de la gomme. Elle sera utilisée le plus souvent sous forme de poudre pour diluer les arômes dans les sodas, pour enrober les gélules de médicaments et bien sûr dans la confiserie.
Il y a pourtant eu quelques troubles à Port-Soudan. Des grèves ont perturbé les activités portuaires au cours des dernières semaines. Les dockers soudanais contestaient la décision du gouverneur de vendre le port à une société philippine. Mais ce projet a été abandonné avant même la chute de Omar Al-Béchir à Khartoum. « Les compagnies maritimes ont certes un peu réduit la fréquence de passage des feeders à Port-Soudan », constate le PDG d’Alland et Robert. « Mais le principal problème vient du transport intérieur au Soudan qui est très perturbé par le manque de carburant pour les camions ainsi que par le manque de cash pour payer les chauffeurs et le carburant disponible ». Les importateurs ne s’inquiètent cependant pas outre mesure. D’ailleurs, les prix en dollars sont en baisse par rapport à l’an dernier (2200 dollars FOB la tonne contre 2300 l’an dernier). Non seulement du fait de la chute de la monnaie soudanaise, mais parce que la récolte 2018-2019 est de nouveau très abondante. Les stocks de gomme arabique à destination sont donc très confortables.
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