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Mercredi, 30 janvier 2019

Le Forum économique mondial de Davos 2019 a mis l’accent sur la 4e vague de mondialisation, qu’il appelle « Mondialisation 4.0 », en référence à l’évolution technologique rapide, mais tumultueuse.

Davos 2019 a vu l’apparition d’un nouveau concept, celui de « Mondialisation 4.0 », débattu en profondeur par les participants. Les raisons de l’émergence de ce nouveau concept ont été décrites par le fondateur du forum, l’économiste Klaus Schwab, comme suit : « Les changements dans le monde des affaires que j’appelle la 4e révolution industrielle interviennent avec des transitions géopolitiques, des inégalités et des changements climatiques, qui ont changé le monde et qui rendent nos systèmes traditionnels inutiles et incapables d’aller de pair avec ces transitions ».

Mirek Dusek, membre du Conseil exécutif du Forum économique dont l’édition 2019 s’est tenue sous le slogan « Mondialisation 4.0 : la constitution d’une nouvelle structure globale sous la 4e révolution industrielle », a transmis à la revue saoudienne Asharq Al-Awsat une définition préliminaire de ce concept. Il s’agit du besoin de déterminer de nouveaux modèles pour la paix, pour un monde globalisé, durable et complémentaire, à un moment où les modèles de gouvernance mondiale luttent entre eux pour se dresser face à ces changements. Et d’ajouter que la 4e vague de mondialisation doit être centrée sur l’être humain : « Nous vivons une instabilité mondiale au cours de laquelle une réorganisation des forces économiques et géopolitiques doit avoir lieu ».

D’après les historiens économiques, le monde a connu trois phases de mondialisation. La première s’est étendue de 1820 à 1914 et a accompagné la révolution industrielle. La deuxième a commencé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et a duré jusqu’à la fin des années 1980. La troisième a coïncidé avec l’avènement de l’Internet, la chute du mur de Berlin et l’apparition des économies émergentes comme l’Inde et la Chine. Alors que la 4e est celle que nous vivons actuellement, avec l’incapacité des systèmes traditionnels de persister devant les évolutions géopolitiques et le changement climatique.

Une mondialisation en crise

« Nous sommes au seuil de la 4e révolution industrielle, qui est façonnée par des technologies avancées, qu’elles soient numériques, biologiques ou autres, et qui se combinent pour créer des innovations à une vitesse et avec une envergure sans précédent », a souligné Klaus Schwab.

En réaction, il a admis que le Forum de Davos devait changer pour intégrer les nouvelles données relatives à un monde complexe et multiforme. D’où la question : cela est-il vraiment faisable et possible à la lumière des circonstances que vivent le monde et chaque pays indépendamment ? Certains intellectuels estiment que la mondialisation est en crise, comme Mina Al-Oreiby, éditorialiste à la revue saoudienne Asharq Al-Awsat. Et ce, à cause des tendances de repli sur soi, des vagues de nationalisme, de l’absence au forum des leaders de pays représentant la 4e révolution industrielle, car concernés par leurs problèmes internes, comme la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Chine.

Ces évolutions, qui remettent en question l’utilité de la mondialisation, se traduisent par des chiffres sur les inégalités mondiales hors de contrôle. D’après la directrice de l’ONG Oxfam, 26 personnes disposent d’autant d’argent que les 3,8 milliards les plus pauvres de la planète. Selon l’ONG, « les 10 % les plus pauvres paient désormais des impôts plus élevés en proportion de leurs revenus que les plus riches ».

Un fait qui a amené les ONG participant au forum à demander une équité fiscale à travers un nouveau mode de taxation global plus juste. « Il est certain que la mondialisation est témoin de secousses, mais elle ne mourra jamais. Les discours sur la 4e vague de mondialisation interviennent à un moment délicat. A mon avis, c’est une manière de dépasser les problèmes actuels, afin de préserver les acquis du marché libre et surtout du commerce libre », a déclaré Magdy Sobhi, expert économique. Des voix se sont élevées, comme celle de l’Américain Anand Giridharadas, ancien consultant du cabinet de conseil McKinsey et fervent opposant de cette rencontre annuelle, qui n’a pas mâché ses mots, indiquant à l’AFP qu’il « faudrait mettre fin à Davos ».

En commentaire, Magdy Sobhi a souligné que le mandat de la rencontre de Davos avait été clair dès le départ et qu’il s’agissait de « rassembler autour d’une table les politiciens et les ténors des investissements et des affaires en vue d’harmoniser leurs positions ». Avec la nouvelle donne, le dialogue mondial doit s’élargir et les modes de gouvernance mondiale doivent être réformés. Chose plaidée par Klaus Schwab. En attendant Davos 2020.

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