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Un pas de plus vers l’Afrique

Gilane Magdi, Lundi, 04 juin 2018

La Foire commerciale intra-africaine, qui se tiendra au Caire du 11 au 17 décembre, vise à augmenter les échanges commerciaux entre l’Egypte et le continent africain. Elle intéresse particulièrement les milieux d’affaires égyptiens qui souhaitent échanger avec l’Afrique.

Un pas de plus vers l’Afrique
Les dirigeants africains et égyptiens discutent les moyens de relancer les échanges commerciaux intra-africains.

« J’exporte les légumes et les fruits vers l’Europe depuis longtemps. Aujourd’hui, le marché européen est saturé et j’espère exporter vers les pays africains, mais malheureusement, je ne possède pas les informations nécessaires ni sur les sociétés africaines ni sur les besoins des marchés africains », raconte à l’Hebdo Mona Mohamed Bishara, une exportatrice qui cherche à ouvrir de nouveaux canaux d’exportation vers le continent africain.

Avec la tenue de la Foire Commerciale Intra-Africaine (FCIA) qui aura lieu au Caire du 11 au 17 décembre 2018, elle réalisera peut-être son rêve. « Le salon est le premier du genre en Afrique. Il fournira une plateforme pour partager les informations sur le commerce et l’investissement. Il permettra aussi aux acheteurs, aux vendeurs et aux investisseurs de se rencontrer afin de discuter et de conclure des accords commerciaux », a déclaré le ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie, Tareq Qabil, à l’issue d’une conférence organisée le 31 mai par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), en coopération avec l’Autorité de développement des exportations, pour lancer la promotion de cette foire et discuter de la stratégie nécessaire pour promouvoir les échanges commerciaux entre l’Egypte et l’Afrique. « Jusqu’à présent, 80 entreprises et organismes ont confirmé leur participation à la foire », déclare à l’Hebdo Kanayo Awani, directrice de l’initiative du commerce intraafricain auprès de la banque Afeximbank. Elle ajoute qu’elle s’attend à accueillir 1 000 exposants et 7 000 visiteurs. « De même, l’invitation est ouverte aux pays non africains qui veulent investir en Afrique », renchérit Awani.

La première phase de promotion de la foire intervient deux mois après la réunion des pays africains au Rwanda le 21 mars 2018 pour donner le feu vert à la mise en application de l’accord de la Zone de Libre- Echange Continentale Africaine (ZLECA). La liste comprend des pays tels que l’Egypte, le Soudan, l’Ouganda et le Kenya. « La FCIA a été promue par Afreximbank afin de stimuler le commerce intra-africain et soutenir la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale », a déclaré le président de la banque Afreximbank, Benedict Oramah. Pour sa part, le ministre a indiqué que le continent africain prend des mesures sérieuses pour retrouver sa place sur la carte de l’économie mondiale en tant que deuxième plus grand continent en termes de population. « L’Afrique a le deuxième taux de croissance le plus rapide au monde, soit 5 % en 2016, ce qui est supérieur au taux de croissance mondial moyen de 3,2 % actuellement, et le taux de croissance dans la zone euro devrait être de 1,2 et 1,7 % », note le ministre, en ajoutant que le continent occupe aujourd’hui une position privilégiée pour attirer les investissements directs étrangers, situés entre 55 et 60 milliards de dollars en 2016.

Des obstacles à surmonter

Donc, la tenue de ce salon vise à réaliser deux objectifs importants : le premier consiste à booster les échanges commerciaux non seulement entre l’Egypte et les pays africains, mais aussi entre les pays africains de manière générale. Pour sa part, le ministre égyptien du Commerce a déclaré lors d’un communiqué de presse que « le volume des échanges commerciaux entre les pays africains est passé de 63,4 milliards de dollars en 2016 à 38 milliards de dollars en 2017 ». Quant aux échanges commerciaux entre l’Egypte et le continent africain, leur voulme reste minime. « Moins de 1 % des importations égyptiennes proviennent du continent africain. C’est une part très modeste », affirme Kanayo Awani. Tareq Qabil a insisté sur l’importance de tirer profit des relations étroites entre l’Egypte et l’Afrique pour renforcer la présence égyptienne sur le continent. Les importations africaines de l’Egypte ne représentent que 5 % du total des importations africaines, alors que l’Afrique importe beaucoup plus de pays comme la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, l’Allemagne et la France. « Le ministère du Commerce et de l’Industrie a mis au point un plan stratégique pour soutenir le commerce avec les pays africains. Il s’agit d’analyser la situation actuelle et d’éliminer tous les obstacles auxquels sont confrontés les échanges commerciaux avec les pays du continent », note le ministre, en ajoutant que la stratégie a donné lieu à l’ouverture du premier centre logistique au Kenya pour développer les exportations égyptiennes. Kabil indique aussi que le ministère fournit un soutien à hauteur de 50 % du coût du transport vers l’Afrique afin d’encourager le commerce entre l’Egypte et les pays africains, soulignant la nécessité de créer un réseau de transport adapté entre l’Egypte et les pays africains.

Le deuxième objectif est de surmonter le problème du manque d’informations qui entrave le développement du commerce intra-africain. « Pour la première fois, l’Egypte va accueillir des pays africains qui proposent leurs produits à l’occasion de ce salon », souligne Sherine El Shorbagi, président de l’Autorité de développement des exportations. Et d’ajouter que des ateliers de travail seront organisés en marge de la foire pour faire connaître aux milieux d’affaires égyptiens et africains les meilleurs moyens d’investissement en Egypte et dans les pays africains. De même, un portail électronique sera créé à l’occasion du salon commercial. « Ce portail offrira toutes les informations nécessaires sur le commerce, les secteurs africains, les meilleures banques africaines. Ces informations vont aider le milieu d’affaires égyptien et africain à booster le commerce et l’investissement », renchérit Kanayo Awani. Cette foire est considérée comme une bouée de sauvetage pour le milieu d’affaires égyptien qui souhaite échanger avec le continent africain.

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