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Les défis du programme de réforme

Névine Kamel, Lundi, 29 janvier 2018

Dans son second rapport sur le programme de réforme égyptien, le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit une hausse du taux de croissance à la fin de l’exercice financier actuel pour atteindre 5,5% au cours du prochain exercice financier et 6% à moyen terme.

Les défis du programme de réforme
Le FMI estime que le gouvernement doit réviser les prix du carburant le plus tôt possible. (Photo:Reuters)

Le FMI a modifiéses prévisions pour l’économie égyptienne. Il prévoit dans la seconde évaluation du programme de réforme économique, annoncée la semaine dernière, une hausse du taux de croissance àla fin de l’exercice financier actuel pour atteindre 5,5% au cours du prochain exercice financier et 6% àmoyen terme. Ce taux était prévu à4,5% dans la première évaluation.

Le FMI a également modifiéses prévisions concernant le déficit public, le situant à91,3% du PIB au cours de l’exercice financier actuel, au lieu de 87,7%, prévu dans la première évaluation, en comparaison avec le chiffre de 103 % dans l’exercice financier 2016-2017. Il prévoit ainsi une baisse à86,7% au cours du prochain exercice financier.

«Le programme de réforme égyptien est sur le bon chemin, mais le gouvernement doit surmonter quelques obstacles pour aboutir le plus vite possible aux résultats souhaités », dit le FMI dans son rapport publiésuite àla finalisation de la deuxième révision. Le FMI prévoit également une baisse du taux d’inflation pour s’aligner à12% en juin prochain, puis àun seul digit en 2020. «Linflation est lune des répercussions les plus négatives de la libéralisation des taux de change. Cependant, la Banque Centrale dEgypte (BCE) et le gouvernement oeuvrent ensemble pour la contrôler », dit le rapport, en faisant allusion aux mesures correctes prises par la BCE. Après le flottement de la livre égyptienne, la BCE avait augmentéles taux d’intérêt àtrois reprises pour atteindre 18,75 % et 19,75 % pour les dépôts et les prêts respectivement.

De nombreux analystes économiques s’attendent àce que la BCE baisse les taux d’intérêt au cours de la prochaine réunion en février, après la baisse de l’inflation à21,9 %. Le FMI estime que l’amélioration de la compétitivitéextérieure, la réforme de l’environnement des affaires et la relance touristique sont àmême de réduire le déficit dans le compte des transactions courantes de 4,5 % du PIB en 2017-2018 à3,5 % du PIB en 2021-2022.

Le FMI s’attend aussi àun excédent budgétaire de primaire (sans le service de la dette) de 0,2% du PIB en 2017-2018, en contrepartie d’un déficit de 1,8%, réaliséau cours de l’exercice financier précédent. Selon le FMI, cette amélioration des finances est essentiellement due àla TVA et àla baisse des subventions sur le carburant. «La libéralisation des taux de change de la livre égyptienne a contribuéàla hausse des flux de devises étrangères vers lEgypte, grâce au tourisme, aux fonds des Egyptiens travaillant àl’étranger et àla hausse des exportations égyptiennes », note le rapport. Et d’ajouter que la baisse de la valeur de la monnaie locale et la hausse des taux d’intérêt bancaires ont augmentéle flux des devises étrangères pour atteindre 18,5 milliards de dollars.

«Le programme de réforme, impliquant des pressions sur les pauvres, doit être accompagnédun renforcement des politiques de protection sociale des couches défavorisées de la société», affirme le rapport, indiquant que les réformes adoptées par le gouvernement égyptien doivent inclure la modernisation de l’administration publique, afin de créer une équitédes chances, de consolider la compétitivitésur le marchéégyptien et de renforcer le marchédu travail.

Des obstacles à surmonter
Bien que le programme de réforme avance àpas fixes, le FMI relève dans son rapport un certain nombre de défis relatifs àson application. Le fonds met en garde contre un allégement prématurédes mesures monétaires prises par la BCE, ce qui pourrait affecter les prévisions àla baisse de l’inflation. Et en même temps, l’augmentation des dépenses sur les salaires et l’élargissement des programmes sociaux au-delàde ce qui est prévu dans le budget peuvent influencer la capacitédu gouvernement àatteindre les objectifs du programme de réforme, ce qui peut affecter sa crédibilité.

En même temps, le FMI estime qu’il existe certains dangers extérieurs, comme la hausse des cours mondiaux du pétrole. Ce qui pourrait affecter le compte des transactions courantes et entraîner une hausse de la facture des subventions sur le carburant. Tout cela peut empêcher le gouvernement de réguler ses finances publiques et de réduire les dettes. Dans son budget, le gouvernement égyptien avait fixéà55 dollars le prix du baril de pétrole, alors que celui-ci a atteint àprésent 99 dollars. La subvention des produits pétroliers est évaluée à110 milliards de L.E. dans le budget actuel. Or, le FMI estime que «le gouvernement égyptien doit réviser les prix du carburant le plus tôt possible et réduire considérablement les subventions sur le carburant ».

Le FMI signale également que le gouvernement doit accélérer le processus de transformation des subventions en nature en subventions financières, élargir le nombre de contribuables et moderniser la gestion des impôts et des douanes.

De plus, le rapport met en garde contre un certain nombre d’obstacles éventuels, comme la détérioration de la situation sécuritaire dans la région, ce qui pourrait influencer négativement le tourisme. La baisse du nombre de partenaires commerciaux pourrait causer une baisse de la demande sur les produits égyptiens.

Ces dangers peuvent diminuer la capacitédu gouvernement àappliquer le programme de réforme et àle maîtriser. Le rapport mentionne : «Le gouvernement égyptien doit garantir, àlong terme, les liquidités monétaires nécessaires au développement de linfrastructure, investir dans la santéet l’éducation et construire un réseau de sécuritésociale durable ». Le fonds signale que le gouvernement égyptien doit augmenter ses ressources àtravers la réforme des politiques fiscales sans préciser quelle réforme. Selon le rapport, le gouvernement égyptien doit publier dans un mémorandum les principes et les garanties qui permettent d’éviter les dangers monétaires. Il doit en outre améliorer la transparence pour les contribuables. Ce mémorandum sera publiéen décembre 2018. Le fonds avait appeléle gouvernement égyptien àappliquer l’impôt sur les revenus capitalistes et le gouvernement a reportésa mise en application. Le FMI signale enfin que la corruption en Egypte est très élevée, en comparaison avec d’autres Etats de la région du Proche-Orient, ce qui entraîne une perte des ressources. «La baisse des taux de corruption peut améliorer de 0,59 % à0,86 % la part par individu du PNB », affirme le document.

Le rapport évoque la promesse du gouvernement d’amender la loi des achats publics, afin de garantir la baisse des taux de corruption, assurant que cette loi sera promulguée avant la fin novembre 2018. De plus, un portail électronique consacréaux achats du gouvernement sera lancéavant décembre 2018 .

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