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Le difficile développement de l'entrepreneuriat des femmes en Afrique francophone

Stanislas Ndayishimiye, RFI, Lundi, 18 septembre 2017

« Quels stratégies et plaidoyers pour un accompagnement efficace de l’entrepreneuriat des femmes ? ». C’est l’un des thèmes qui ont fait l’objet de partage d’expériences lors de la deuxième édition des Journées de la francophonie économique et numérique, qui s’est tenue le jeudi 14 septembre à Paris au siège de l’Organisation internationale de la francophonie.

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Une PME, composée à 80 % de femmes, exposant ses produits lors de la deuxième édition des Journées de la francophonie économique et numérique, le jeudi 14 septembre 2017 à Paris. (Photo : RFI)

Les femmes « sont le moteur centralde l’économie africaine », selon uneenquête Ipsos publiée en mai 2017. Mais legros de leur activité n’est pas quantifié. Auniveau de l’activité déclarée, le niveau del’entrepreneuriat féminin diffère selon les pays.

Au Congo-Kinshasa, les freins ne viennent passeulement de l’environnement social, selonPatience Barandenge, responsable du Marchédes femmes entrepreneures à la Rawbank. « Lesfemmes elles-mêmes veulent être limitées dansle secteur tertiaire. Elles veulent rester dansla microfinance. Elles doivent oser et prendrele risque. L’autre contrainte est qu’elles netiennent pas des états financiers fiables. Il y aaussi la problématique du côté informel de leuractivité : elles préfèrent rester dans l’informelpour éviter de payer les taxes. Mais, nous,même celles qui sont dans l’informel, on lesemmène pour les formaliser dans la banque ».

Femmes très actives, mais peu représentéesdans la création d’entreprises
Le taux de l’entrepreneuriat féminin restefaible en Afrique. Avoir un crédit bancairepour créer ou faire tourner une entrepriseest un parcours de combattante, comme auSénégal. Directrice adjointe de SENAR DélicesLysa, une petite entreprise familiale qui venddes arachides et des noix de cajou, SylvieSagbo Gommard évoque les difficultés qu’ellerencontre pour trouver des financements.« J’ai essayé deux années de suite d’avoirun crédit de campagne pour acheter des noixde cajou, je n’y suis pas arrivée. Je n’ai pasrenoncé (à chercher un crédit bancaire), maisje suis plutôt sur une voie différente, qui estde ne pas forcément m’appuyer sur la banque.Parce qu’aujourd’hui, les banques en Afriquen’aident pas spécialement des PME car onreste trop petits pour eux. Tout à fait (unedouble pénalité), femme et PME, c’est sûr quece n’est pas chose facile, mais aujourd’hui, onvoit quand même que beaucoup de femmes yarrivent. Je pense que la confiance revient ».

Au Maroc, malgré quelques avancées avecl’adoption en 2004 d’un code de la familleconsacrant une certaine égalité des genres, letaux de l’entrepreneuriat des femmes augmentelentement. « Depuis 2000, la date à laquellenous avons créé l’AFEM, l’Association desfemmes entrepreneuses du Maroc, l’objectifétait d’encourager l’entrepreneuriat féminin,mais également de faire participer les femmesaux réformes économiques lancées en l’an2000. Le taux d’entrepreneuriat féminin restequand même assez faible, puisqu’il n’atteint pasencore 20 %, alors que le taux de scolarisationa beaucoup augmenté et que pratiquementdans les universités, on trouve même plus de50 % de jeunes filles », indique Saloua Karkri-Belkeziz, présidente d’honneur et fondatrice del’Association des femmes chefs d’entreprise duRoyaume chérifien.

Entrepreneuse depuis près de 30 ans, SalouaKarkri-Belkeziz dit aux femmes que les portesde l’entrepreneuriat « ne sont pas fermées àclé » et qu’il faut juste les pousser pour lesouvrir .

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