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L’Egypte sur la voie de l’inclusion financière

Névine Kamel, Lundi, 18 septembre 2017

La 9e Conférence de l’Alliance de l’inclusion financière s’est tenue du 13 au 15 septembre à Charm Al-Cheikh. L’occasion de faire le point sur les défis de l’inclusion financière en Egypte.

L’Egypte sur la voie de l’inclusion financière
Le président prononçant son allocution à l'inauguration de la conférence.

arabe pour l’inclusion financière était le grand sujet de la 9e Conférence internationale sur l’inclu­sion financière qui s’est tenue à Charm Al-Cheikh du 13 au 15 septembre. C’était la plus grande conférence depuis la créa­tion de l’Alliance de l’inclusion financière en 2008 en ce qui a trait au nombre de partici­pants : 710 représentants de 90 pays et institu­tions internationales ont assisté à la conférence. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi, le premier ministre, Chérif Ismaïl, et le gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), Tareq Amer, ainsi que 25 hauts représentants des pays membres étaient présents lors de la session inaugurale que le président Al-Sissi a ouverte par une allocution. « Le choix de l’Egypte pour accueillir cette conférence reflète la confiance du monde extérieur et de l’Alliance de l’inclu­sion financière dans les efforts entrepris par l’Egypte dans ce domaine », a déclaré le prési­dent égyptien. Avant de poursuivre : « L’inclusion financière est une mission impor­tante qui peut servir de levier à notre pro­gramme de réforme. Nous avons bien com­mencé la tâche et nous devons aller de l’avant ».

L’Alliance de l’inclusion financière a été créée en 2008 et l’Egypte l’a rejointe en 2013. Elle regroupe actuellement 95 pays en voie de développement. Elle entend élargir le parapluie bancaire pour regrouper le plus grand nombre possible de citoyens et les encourager à profiter des services bancaires. Son objectif principal est d’encourager le secteur informel à rejoindre le secteur formel, de rendre les consommateurs plus autonomes et d’encourager les services financiers numériques pour les micro, les petits et les moyens projets. « Les réformes écono­miques lancées par le gouvernement égyptien au cours de l’année dernière soutiennent l’in­clusion financière et facilitent la tâche. Sur un autre front, la présence des hauts responsables égyptiens au sein de la conférence ainsi que des représentants des banques reflètent l’intérêt qu’accorde l’Egypte à l’inclusion financière », explique Alfred Hanning, directeur exécutif de l’Alliance. Et de renchérir : « L’inclusion finan­cière est l’un des outils principaux du succès de toute relance économique. Nous devons tous faire les efforts nécessaires pour réaliser cet objectif ».

10 % des Egyptiens possèdent un compte bancaire
Si le gouvernement égyptien oeuvre pour réa­liser l’inclusion financière, une question se pose : le citoyen égyptien est-il prêt pour une telle étape ? D’après les chiffres de la Banque mondiale, moins de 10 % de la population égyptienne possèdent un compte bancaire. Selon Ahmad Atta, responsable bancaire, un grand nombre de citoyens ne connaissent pas bien les services bancaires et ont peur de dépo­ser leur argent à la banque. Une réalité qui requiert un travail spécial de la part des banques. En juin dernier, la BCE a signé avec l’Alliance une initiative dans ce sens. La BCE a ensuite demandé aux banques de mobiliser le personnel et d’aller à la rencontre de la population des quartiers populaires ou excentrés, afin de leur proposer d’ouvrir des comptes sans frais. « Nous avons envoyé notre personnel dans plus de 75 endroits différents, en nous concentrant sur les gouvernorats et les quartiers éloignés pour sensibiliser le public aux services ban­caires », raconte May Aboul-Naga, agent de la BCE.

L’initiative semble avoir porté ses fruits : des centaines de nouveaux clients, notamment des jeunes, ont frappé aux portes des banques gou­vernementales pour ouvrir un compte, notam­ment à la Banque nationale d’Egypte et à la Banque Misr (voir entretien).

En dépit de ces premières étapes promet­teuses, le chemin est encore long, selon Samir Madbouli, responsable dans une banque privée. En effet, de nombreux Egyptiens ne sont aujourd’hui pas capables d’utiliser les services bancaires, comme les moyens de paiement élec­troniques, de manière autonome.

Le gouverneur de la BCE a fait part des efforts du gouvernement pour améliorer la situation : « La pauvreté est la raison réelle de tous les maux sociaux. Il faut au début amélio­rer les revenus des gens pour pouvoir les viser. Et c’est ce que nous, le gouvernement, faisons actuellement ». L’objectif de l’inclusion finan­cière est aussi de réduire le taux de pauvreté en répondant aux besoins financiers des différentes catégories de la société, en particulier des plus démunis, et en leur donnant accès à certains services. Le gouverneur de la BCE conclut : « Nous nous sommes fixé un objectif très ambi­tieux, à savoir que tous les citoyens accèdent aux services bancaires d’ici 2020, et nous avons la preuve que nous sommes sur la bonne voie. Ces efforts nécessitent la participation de nom­breux partenaires : sociétés de cartes de crédit, banques, organismes de micro-crédits, Nations-Unies, fondations et responsables communau­taires. Nous sommes convaincus que, soutenus par nos partenaires, nous pourrons atteindre cet objectif et sortir ainsi des millions de per­sonnes de la pauvreté » .

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