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Gaz: Le gouvernement d'Egypte implique le secteur privé

Névine Kamel, Mardi, 12 mars 2013

Face à la pénurie, un appel d'offre vient d'être lancé en vue de son importation. 18 entreprises se sont déjà présentées.

Gaz
Le gaz importé sera destiné principalement aux usines de ciment.

La pénurie de gaz commence à se faire cruellement sentir en Egypte. Les usines ne peuvent plus s’en fournir assez pour leur propre consommation, les centrales électriques fonctionnent à mi-régime et le secteur privé n’ose pas entamer de nouveaux projets, de peur de manquer de gaz.

Afin de faire face à la pénurie, le ministère du Pétrole a donc lancé depuis deux mois un appel à candidatures pour l’importation de gaz. 18 entreprises se sont présentées, et 4 sont toujours en concurrence, dont les groupes Citadel, Shell et Al-Kharafi. Le gouvernement tarde pourtant à annoncer le nom du groupe retenu.

Bien que le ministère du Pétrole assure l’arrivée de la première livraison au mois de mai prochain, une chose devient de plus en plus certaine, « l’importation du gaz ne débutera pas avant août prochain. Même si le gouvernement annonce le résultat de la souscription demain, la première livraison n’aura pas lieu avant 5 ou 6 mois au minimum », note Ahmad Heykal, PDG du groupe Citadel. « Nous avons déployé tous nos efforts, afin d’entamer l’importation au mois de mai prochain, comme cela était prévu, mais en vain. Le gouvernement a tardé à trancher la question », ajoute Heykal.

Une situation difficile est alors à prévoir au cours des mois d’été, où la consommation atteint son apogée. Selon un responsable au ministère du Pétrole, « les quantités actuelles sont incapables de couvrir les besoins des centrales électriques pendant les mois d’été ».

Selon Heykal, le retard de l’annonce vient probablement du différend entre les entreprises candidates et le gouvernement sur le prix à définir. « Le prix actuel, payé par les entreprises publiques pour utiliser le réseau d’acheminement national de gaz, est de 1,1 L.E. par m3. Le gouvernement demande aux entreprises privées de payer 15,1 L.E. par m3, soit 15 fois le coût actuel. C’est trop. Nous (les entreprises candidates) avons refusé et nous avons présenté un prix inférieur », dit-il, en refusant de le mentionner.

Le quotidien Al-Ahram avait rapporté la semaine dernière des déclarations d’un responsable du ministère des Finances assurant que Heykal exerce des pressions sur le ministère, afin d’importer le gaz du Qatar à un prix élevé. Il s’agit, en fait, d’un prix variant entre 10 et 13 dollars par million d’unités britanniques.

Le groupe Citadel avait annoncé, lors du lancement de la souscription, signer une convention avec l’entreprise qatari Q Invest ainsi que d’autres partenaires qatari, afin de créer une entreprise important du gaz pour l’Egypte. C’est le 2e projet pour Citadel en moins de 2 ans avec des partenaires qatari. Selon la convention, le côté qatari possédera 51 % des actions de l’entreprise. Le prix international de gaz naturel varierait entre 7 et 10 dollars pour chaque million d’unités britanniques.

Or, un communiqué a été promulgué le lendemain de la part de l’entreprise niant l’affaire.

Le favori semble être Citadel

La souscription n’est pas tranchée, mais le favori semble être le groupe Citadel. La raison est simple : « La notation de l’Egypte est très basse actuellement (B), alors que l’importation du gaz naturel nécessite une notation A+. Le groupe Citadel possède cette notation en plus de sa réputation internationale », explique un responsable au ministère du Pétrole, qui a préféré garder l’anonymat. « Probablement, 3, voire 4 entreprises prendront part au processus d’importation. La situation est critique et nous avons besoin de grandes quantités de gaz », ajoute-t-il.

Ainsi, pour la première fois dans l’histoire égyptienne, le gouvernement permet au secteur privé d’importer du gaz et de le vendre sur le marché local. Il s’agit d’importer au moins 500 millions de m3 par jour.

« Ce gaz sera vendu seulement aux entreprises du secteur privé. Le gouvernement aura ainsi le temps de répondre aux besoins les plus urgents d’électricité et de gaz naturel », explique Chérif Soussa, président de la Holding pour le gaz.

Mais « cela ne veut pas dire que le prix de gaz sera le même, il augmentera sans doute. En effet, afin de ne pas créer deux prix sur le marché, le gouvernement est obligé d’établir un nouveau mécanisme. Celui-ci consiste à fusionner les deux prix, local subventionné et international, et de le diviser par 2, afin de définir un seul prix. La facture des subventions augmentera donc également », explique Soussa.

Le gouvernement alloue des subventions à la hauteur de 9 dollars pour chaque million de m3. Les entreprises payent le gaz entre 1,5 et 3 dollars, alors que le prix international varie entre 9 et 13 dollars. « Avec l’importation, le prix variera entre 6 et 7 dollars. Nous subventionnerons le tout. La facture sera plus lourde », explique Soussa. « C’est pour cela qu’on oeuvre à obtenir un meilleur prix d’importation », ajoute-t-il.

Les subventions du gaz atteignent 11 milliards de L.E. dans le budget 2012-2013 et avec l’importation, « elles pourraient largement dépasser ce chiffre », selon le responsable du ministère du Pétrole.

L’Egypte est tenue par des accords internationaux, notamment les accords de Camp David, d’exporter son gaz naturel à des prix bas ne dépassant pas les 3 dollars par million d’unités britanniques. Ironie du sort, elle importera le gaz dont elle a besoin 2 à 3 fois plus cher.

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