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Exportations : Premier pas vers la relance

Névine Kamel, Mercredi, 26 octobre 2016

L'Egypte a participé, du 16 au 20 octobre à Paris, à la Sial, l'une des plus grandes foires internationales de produits alimentaires. Une occasion pour l'Egypte de confirmer sa présence sur les marchés mondiaux de l'exportation alimentaire, un secteur en forte régression ces dernières années.

Exportations : Premier pas vers la relance
L'ambassadeur égyptien en France lors de l'inauguration de l'exposition. (Photo : Névine Kamel)
De notre envoyée spéciale —

102 entreprises égyptiennes ont participé à la grande Foire internationale de produits alimentaires, la Sial, qui a eu lieu à Paris du 16 au 20 octobre. Une réunion importante pour l’Egypte confrontée ces derniers temps à une forte régression de ses exportations de produits alimentaires.

Le pavillon égyptien, d’une étendue de 1 800 m2, est le plus grand pavillon que l’Egypte ait jamais installé à la foire, à laquelle elle participe depuis plus d’une vingtaine d’années. Il est également le plus grand pavillon arabe et africain. Les entreprises égyptiennes étaient réparties sur 4 halls en fonction de leurs secteurs : jus et boissons, céréales et produits laitiers, etc. Le décor pharaonique du pavillon égyptien a attiré les visiteurs qui prenaient en photo la spectaculaire installation. Un chef égyptien a cuisiné tous les jours pour faire découvrir au public les spécialités de la cuisine égyptienne. Le Conseil égyptien de l’exportation a également obtenu l’accord de la Sial pour projeter des films courts sur le développement des usines égyptiennes dans le secteur alimentaire et la qualité des produits. « La Sial a été l’occasion pour les entreprises égyptiennes de présenter la qualité de leurs produits au monde entier. Les entreprises ont pu rencontrer leurs partenaires en direct et ont conclu de nouveaux accords. Cette foire a été une réussite », explique Hani Berzi, président du Conseil de l’exportation des produits alimentaires, en lien avec l’Union des industries égyptiennes.

Une présence primordiale

La Sial est la plus grande foire internationale de produits alimentaires, avec environ 250 000 visiteurs de toutes les nationalités. La France et l’Allemagne se partagent l’organisation de cette foire annuelle qui a lieu un an sur deux dans chacun des deux pays. Lorsque celle-ci a lieu en Allemagne, elle porte le nom d’Anoga. La forte présence des entreprises égyptiennes était une nécessité cette année pour l’Egypte, car des pays, comme la Russie et quelques autres, ont très nettement diminué leurs importations de produits égyptiens. Sans oublier que des cargaisons de fraises ont été refusées par les Etats-Unis, pour des raisons d’hygiène. Un élément qui risque d’entamer la confiance des autres partenaires commerciaux. « Cette exposition est tombée à pic. Nous avons pu transmettre un message clair à nos partenaires ainsi qu’à nos concurrents. Les produits alimentaires égyptiens sont toujours présents sur le marché, et leur bonne qualité a été démontrée pendant cette foire », ajoute Khaled Al-Chahawi, directeur commercial de l’entreprise Mass Food, satisfait du retour sur l’investissement que représente cette foire pour son entreprise. Obtenir de nouveaux partenaires français n’était pas le seul objectif de cette foire. « Les entreprises ont pu élargir leurs réseaux de partenaires (grandes chaînes de distribution, hypermarchés, etc.) et établir de nouveaux contrats avec des clients du monde entier, notamment avec des pays d’Afrique de l’Ouest et d’Europe de l’Est », affirme Al-Chahawi.

Le secteur des produits alimentaires était, jusqu’à il y a peu, l’un des secteurs moteurs de l’exportation égyptienne. Il représentait jusqu’en 2011 20 % des exportations du pays et était un secteur en perpétuel développement. Or, depuis la révolution du 25 janvier, il était en baisse continue. Cette année, cependant, le secteur a réussi à se stabiliser et a même marqué une hausse de 2,2 % au cours des 8 premiers mois de 2016, produisant 1,8 milliard de dollars, de plus que les résultats de 2015 pour la même période, selon les chiffres du ministère de l’Industrie et du Commerce.« Les foires internationales sont donc une opportunité pour nous de relancer les exportations alimentaires », rappelle Berzi, qui prévoit une hausse comprise entre 3 et 5 % sur les exportations des produits alimentaires pour la fin 2016. Il ajoute que tous les secteurs de l’exportation, et pas uniquement celui des produits alimentaires, ont besoin d’être relancés. « Dans le contexte économique actuel, les exportations sont une bouée de sauvetage importante », ajoute-t-il.

La relance avant tout

Les raisons de la perte de vitesse généralisée des exportations sont multiples, comme l’expliquent le président du Conseil des exportations et les producteurs eux-mêmes. L’instabilité politique à laquelle sont confrontés de nombreux pays arabes, comme le Yémen, la Libye, la Palestine et l’Iraq, a un impact fort sur l’économie égyptienne puisque ces pays comptent parmi ses marchés les plus importants. Mais cela est sans compter d’autres obstacles, comme le manque de terrains industriels, la hausse des coûts de la production, la crise du dollar, le retard de l’aide versée aux exportateurs, ainsi que la hausse des prix des infrastructures et des salaires. « Tous ces facteurs ont de lourdes conséquences pour les exportateurs », révèle Mohamad Moustapha, directeur des exportations auprès de l’entreprise Savola Foods Egypt. « Surtout que l’Etat ne soutient pas suffisamment ces exportateurs. Ceux-ci tentent tant bien que mal de s’imposer sur les marchés internationaux, mais leur coût de production en perpétuelle hausse ne leur permet pas de gagner beaucoup de contrats ».

La relance est donc le mot d’ordre de la période à venir. Le gouvernement égyptien a décidé de mobiliser toutes ses ressources pour réussir un tel objectif. Tous les ministères concernés, l’Industrie, les Finances et les Affaires étrangères, ainsi que la Banque Centrale d’Egypte (BCE) coopèrent actuellement pour permettre une relance réelle des exportations.Le ministère de l’Industrie, pour sa part, a décidé d’accorder plus de soutien aux exportateurs. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Tareq Qabil, a ainsi déclaré que « le ministère travaillait actuellement à l’élaboration d’une nouvelle stratégie pour relancer les exportations, c’est-à-dire générer des devises étrangères pour que le pays retrouve une croissance normale ». Le ministre a également annoncé « une hausse du soutien à l’exportation, davantage d’offres de terrains industriels et une baisse de la facture d’électricité pour les entreprises ». Et d’ajouter : « Nos bureaux commerciaux à l’étranger oeuvrent aussi sur ce dossier » (voir entretien). Le ministère des Finances et la BCE oeuvrent pour leur part en vue de faciliter le financement nécessaire aux exportateurs, comme l’avait déjà affirmé le premier ministre, Chérif Ismaïl. Dans un contexte où les exportations pourraient avoir un rôle de bouée de sauvetage économique, ces promesses ont tout intérêt à être tenues.

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