Un consortium d’industriels regroupant plus de 70 membres — l’Alliance CPL-G3 — s’est réuni à Paris au siège du groupe ERDF (gestionnaire du réseau public d’électricité en France) le 5 avril dernier, dans le but de promouvoir la technologie CPL-G3 (Courants Porteurs en Ligne de 3^e génération) pour les compteurs communicants et les réseaux électriques intelligents. « Plus d’un million de produits utilisant la technologie CPL-G3 sont déjà déployés dans le monde. L’an prochain, il y en aura 10 millions et dans 3 ans 100 millions ... puis probablement un milliard dans 10 ans. Cette nouvelle technologie constitue un outil exceptionnel au service de la transition énergétique », commence le président de l’alliance, Bernard Lassus. Une série de projets pilotes lancés par les membres de l’alliance à travers le monde (Europe, Asie, ou encore Moyen-Orient) ont été présentés lors de cette réunion qui a regroupé les grands acteurs du monde de l’énergie venus de plus de 20 pays.

Des cas pratiques sur les thèmes de l’éclairage public, du comptage communicant ou encore des véhicules électriques ont permis de mieux comprendre l’intérêt de la technologie CPL-G3 : déploiement de compteurs communicants en Allemagne, en Autriche, au Luxembourg et à Dubaï ; utilisation du CPL-G3 pour l’éclairage public en Belgique ; réponse à des problématiques de territoires à forte densité et connaissant des perturbations sur le réseau en Chine. La France a, quant à elle, montré les premiers résultats positifs du déploiement massif des nouveaux compteurs communicants, avec à terme le déploiement de 35 millions de ces compteurs.

Pour Marc Delandre, secrétaire général de l’alliance, « le CPL-G3 est une technologie de pointe, performante, robuste et fiable. Les projets pilotes viennent démontrer l’efficacité, la performance et la sécurité du CPL-G3 comme protocole de communication. Celui-ci intègre l’IPV6, qui le rend compatible avec l’Internet des objets », explique-t-il. Et d’ajouter que ce protocole est totalement ouvert et libre de droits, pour une adoption rapide partout dans le monde. Un processus de certification géré par l’Alliance CPL-G3 permet de garantir l’interopérabilité des produits. Les deux laboratoires en France et au Japon qui s’occupent de la certification ont approuvé à ce jour une centaine de produits dans le monde. « Il est important de certifier les produits, et on conseille aux clients de n’acheter que des produits certifiés pour être sûrs qu’ils ont été testés et qu’ils appliquent vraiment le protocole CPL-G3 », déclare Delandre.

Selon lui, ce qui donne à cette solution mondiale de communication de données son importance, c’est le fait qu’elle soit destinée aux réseaux intelligents mais en même temps, elle est compatible à tous les réseaux existants. « En fait, les réseaux électriques deviennent de plus en plus intégrés et intelligents, ce qui a créé un besoin pressant d’applications et de technologies qui permettent à tous les composants du réseau intelligent de communiquer entre eux », indique-t-il. C’est pourquoi le gouvernement français, en coopération avec des industriels et des universités, a développé une solution de bout en bout permettant de faire évoluer aisément un réseau de distribution classique en réseau intelligent.

Le protocole CPL-G3 est utilisé pour développer une chaîne de capteurs et de dispositifs de communication permettant de mettre à niveau les réseaux de distribution existants. Ces appareils permettront d’installer des compteurs intelligents, d’estimer l’état du réseau et de le piloter en temps réel, de localiser les défauts et de télécommander les coupe-circuits. Le « CPL-G3 est une solution pratique pour rendre plus intelligent le réseau existant sans avoir besoin de réaliser de nouveaux tracés à travers les obstacles que sont, par exemple, les zones urbanisées et les patrimoines locaux. Il est aussi très sécurisé puisqu’il utilise les infrastructures détenues et exploitées par les fournisseurs d’énergie », assure Delandre.

« Un grand besoin »

« L’Egypte a un grand besoin d’appliquer cette technologie pour contrôler les détournements de courant électrique et gérer les surcharges électriques de manière plus équitable », commente Hani Karawya, directeur des recherches et du développement chez Globaltronics, une des 3 sociétés qui produit des compteurs et membre de l’Alliance CPL-G3. En Egypte toujours, les compteurs sont mécaniques, électroniques, voire intelligents dans certains quartiers. Dans le cas des deux premiers, un agent vient les relever afin de calculer le coût de la consommation. Mais la plupart du temps, leurs passages ne sont pas réguliers. Du coup, les consommateurs payent parfois des sommes beaucoup plus élevées que leur consommation réelle, puisque celle-ci passait dans un segment plus cher. « Les compteurs intelligents ont certes aidé à surmonter ce problème, car les segments sont calculés automatiquement avec une consommation prépayée. Mais il reste impossible de connaître la consommation exacte de chaque logement », explique Karawya. En raison de ce manque de données et dans le cas des surcharges de consommation, le gouvernement se trouve obligé de couper, par secteur, le courant électrique de manière aléatoire car il n’a pas d’outils pour connaître l’origine de ces surcharges. « Mais l’Egypte étudie actuellement l’utilisation d’une technologie de communication des compteurs que ce soit avec le CPL-G3 ou autres comme les cartes SIM afin de contrôler le réseau et les charges électriques de manière plus efficace et équitable », conclut Hani Karawya.