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Rigide, la structure administrative doit être décentralisée

Amani Gamaleddine, Lundi, 05 octobre 2015

L'Egypte est un Etat unitaire et l'une des plus anciennes traditions centralisées. Les institutions fonctionnent selon une hiérarchie rigide et les prises de décisions se font selon un système centralisé venant toujours du sommet de la pyramide. Cette centralisation a été renforcée à l'époque de Abdel-Nasser, qui était inspirée par le socialisme de l'Union soviétique.

Rigide, la structure administrative doit être décentralisée
La fonction publique doit être réformée pour rehausser la performance de ses employés.

Bien que la Constitution de 1971 ait reconnu les administrations locales, l'Egypte moderne est restée attachée à sa tradition extrêmement centralisée. Pour mieux fonctionner, le système administratif doit appliquer un modèle de décentralisation : « La décentralisation doit venir dans un second temps, mais la loi sur la fonction publique actuelle peut fonctionner sous les deux systèmes, décentralisé ou centralisé », explique Khaled Amin, professeur d’administration publique à l’Université du Caire et membre du Comité Suprême de la Réforme Administrative (CSRA). En Egypte, la notion de système administratif renvoie à trois branches : les ministères, les entreprises publiques et l’administration des unités locales.

Cette dernière comprend des sous-unités divisées en 5 unités territoriales : gouvernorats, régions, quartiers, communes et villages. On compte actuellement 27 gouvernorats (mouhafaza) subdivisés en plus de 166 régions (markaz), 300 quartiers (hays), 209 communes (madinas) et 4 623 villages (qarias). Ce système rigide entrave la bonne gouvernance et les procédures de demande de comptes, que ce soit administrativement ou financièrement. Toutefois, la Constitution de 2014 cherche à simplifier la structure administrative et locale en Egypte en promouvant la décentralisation, en affirmant surtout que l’Etat est enclin à « renforcer une décentralisation administrative, financière et économique » (article 177). Ces mesures ne se feront pourtant pas du jour au lendemain. Selon Khaled Amin, le cadre législatif que procure la loi sur la fonction publique n’est qu’un début d’un plan de réforme au sens élargi du terme. Il sera suivi par d’autres plans impliquant davantage d’entités comme le ministère de la Planification, le Comité suprême de la réforme administrative, l’Organisme central de l’organisation et de l’administration, les ministères des Finances et de l’Administration locale.

20 ans de retard sur les autres pays

Depuis 2 décennies, la plupart des pays du monde ont accéléré les réformes de leur administration publique, souvent en parallèle avec leur développement vers une économie de marché plus compétitive. « L’Egypte doit faire de même. Nous avons déjà 20 à 30 ans de retard, déplore Khaled Amin, professeur d’administration publique à l’Université du Caire et membre du Haut Comité de la Réforme Administrative (HCRA). Le défi est complexe. La nouvelle loi sur la fonction publique met en avant un cadre législatif bien structuré réglementant la relation entre le fonctionnaire et son entité d’attache à tous les niveaux et à tous les échelons. Mais la bureaucratie craint et résiste au changement. Pour réussir, nous avons passé au crible 50 expériences positives de réformes administratives de par le monde ». Récemment, la Turquie a travaillé dans le même sens et a réalisé des résultats satisfaisants pour répondre aux critères du traité de Copenhague, du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale.

La Turquie a notamment mis en place un programme de décentralisation, a donné une autonomie fiscale et administrative aux autorités locales, a lancé un programme de privatisation et a mis en place de nombreux PPP (Partenariats Publics- Privé). Les réformes de l’administration publique en Chine ont d’abord cherché à renforcer l’hégémonie du parti unique. Mais dans un second temps, la Chine a effectué d’énormes efforts pour éviter la dépendance sur l’Etat en matière d’allocation des ressources. Le gouvernement a incité l’émergence d’une concurrence en travaillant sur le système des taxes, l’administration fiscale et la décentralisation. Au Brésil, les politiques intelligentes de Lula Da Silva, plus tard poursuivis par Cardoso, ont amalgamé les politiques de gauche et de droite. Elles avaient pour objectif ultime de combattre la corruption et d’assurer un système d’assurance social bien structuré via la Bolsa familia. Le système permet de regrouper l’ensemble des aides de l’Etat (éducation et santé) sous une même ombrelle. Les réformes menées par Lula ont par ailleurs reçu un large soutien de la population, permettant une mise en place plus rapide. En Grande-Bretagne, en 1979, Thatcher a réussi à réformer la fonction publique et à libéraliser l’économie, mais au prix de politiques agressives et d’une forte opposition populaire. Mise à la retraite de fonctionnaire, et non-renouvellement de contrat ont mené à une réduction drastique du nombre de fonctionnaires. Un programme de privatisation agressive a aussi été mis en place,

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