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Avoir étalé les travaux sur un an au lieu de trois était moins coûteux

Salma Hussein, Lundi, 28 septembre 2015

Mahmoud Rezq, membre du conseil d’administration de l’Autorité du Canal de Suez, répond aux critiques sur le budget et les prévisions financières liées au Nouveau Canal.

Exécuter les travaux du Nouveau Canal en un an n’a pas augmenté les coûts », assure Mahmoud Rezq, membre du conseil d’administration de l’Autorité du Canal de Suez (ACS). Rezq tient à répondre aux récentes critiques quant à la facture du Nouveau Canal.
Les critiques portent notamment sur les prévisions des revenus jugées trop optimistes, et sur l’accélération de l’implémentation du projet, réalisé en un an seulement.
En premier lieu, plusieurs critiques soulignent que le volume de commerce mondial est en ralentissement et que le choix de la période des travaux d’agrandissements n’était pas approprié. Mahmoud Rezq se défend en mettant en avant, non pas le volume actuel du commerce mondial, mais « le volume du commerce potentiel passant par le Canal. Celui-ci croît à un taux plus élevé que le commerce mondial.
Quand il s’agit de transport de conteneurs, le plus grand commerce a lieu entre l’Europe et l’Asie, et l’Egypte est le plus court chemin entre ces deux points. La Chine possède un commerce extérieur qui croît de 7 % par an. Ainsi, nous prévoyons que les exportations provenant de Chine et passant par le Canal augmentent de 5 % par an. Par ailleurs, le commerce européen croît de 2 % par an. Nous avons élaboré une équation très compliquée pour calculer nos estimations. En tout cas, les recettes sont prévues d’augmenter de 3 % par an. Et ce sont des prévisions basses », se contente de préciser Mahmoud Rezq.
Pourtant, le nombre de navires traversant le Canal est en baisse, malgré une hausse du nombre de conteneurs, les navires marchands étant toujours plus gros. Une donnée qui ne nuit pas aux revenus du Canal, car « c’est la charge des conteneurs qui compte. Nous calculons les frais de passage en fonction du nombre de conteneurs. Le prix du dollar est un autre facteur qui affecte nos frais de passage. Un dollar fort nous amène à réduire nos prix pour qu’ils restent compétitifs », reprend Rezq. Le dollar a en effet connu une appréciation de 9,6 % contre l’euro depuis le début de l’année, d’après l’agence Bloomberg. Les pays émergents, y compris l’Egypte, sont les plus grands perdants d’un dollar fort. L’Egypte a par ailleurs connu une dépréciation de 9 % de la livre depuis le mois de mars dernier.
Quant à l’exécution du projet en un an, Rezq assure qu’« il est moins coûteux de creuser le Nouveau Canal en un an au lieu de trois, si l’on prend en considération l’inflation sur trois ans ». Selon ses calculs, la hausse des coûts due à une inflation de 7 % seulement (le taux moyen annuel en Egypte est supérieur à 10 %) équivaut à 6,3 milliards de L.E.
De nombreux Egyptiens ont acheté des certificats d’investissements, pour financer le projet à hauteur de plus de 60 milliards de L.E. « La moitié seulement, soit 30 milliards, a été destinée au creusement du Nouveau Canal. L’autre moitié sera utilisée dans le percement de six tunnels sous le Canal, liant la péninsule du Sinaï au reste du pays », a-t-il affirmé.
Le président de l’Autorité du Canal, Mohab Mamich, avait cependant initialement déclaré à l’Hebdo, en août 2014, que les coûts d’un creusement sur trois ans étaient évalués à 21 milliards de L.E. seulement.
Rezq, qui est également directeur du département des recherches auprès de l’Autorité du Canal, avoue aussi que l’exécution du projet en un an a impliqué le fait de louer 75 % des dragueurs disponibles à travers le monde, mais cela n’a pas eu de conséquence sur le budget final .
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