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Euromoney : Les plans du gouvernement

Névine Kamel, Lundi, 07 septembre 2015

Pour la première fois depuis 2011, la conférence d'Euromoney a été le témoin d’une volonté sérieuse de relancer l’économie. Réformes fiscales, nouvelle TVA, dépréciation de la livre et privatisations : le gouvernement n’a pas lésiné sur les annonces concrètes.

Euromoney : Les plans du gouvernement
Les 2 ministres des Finances et de l'Investissement lors de la conférence. (Photos : Mohamad Abdou)

Il est 9 heures du matin, les responsables et les hommes d’affaires font la queue à la rentrée de l’hôtel Sémiramis au centre du Caire, pour assister à la 20e conférence économique d’Euromoney en Egypte. Contrairement à toutes les attentes, les assistants à la conférence semblent provenir de divers horizons : investisseurs, institutions bancaires ou représentants du gouvernement. On se croirait presque lors d’une conférence tenue avant la révolution, sous l’ancien premier ministre Ahmad Nazif. Et comme avant la révolution, des annonces importantes ont été faites.

Le ministre des Finances, Hani Qadri, a annoncé l’intention du gouvernement de lancer de nouveaux produits financiers sur le marché extérieur, les Sokouk, ainsi que de nouvelles taxes pour remplir les besoins budgétaires de l’Etat, estimés à 36 milliards de dollars par an au cours des 5 prochaines années.

« Le ministère a demandé aux banques locales d’effectuer une enquête sur le taux d’intérêt du dollar et de l’euro sur le marché international afin de faire le choix entre des obligations en dollars et en euros », confie à l’Hebdo un responsable au ministère des Finances qui a requis l’anonymat. Il ajoute que « le gouvernement vise à lancer 1 milliard de dollars d’obligations, mais si on trouve un taux d’intérêt bas, nous pourrons facilement augmenter la somme ».

Euromoney : Les plans du gouvernement
Les 2 ministres des Finances et de l'Investissement lors de la conférence. (Photos : Mohamad Abdou)

Le gouvernement avait déjà pris la décision de compter davantage sur l’endettement extérieur pour combler ses besoins croissants. L’annonce est arrivée soudainement le 10 mars dernier : des obligations en dollars seront prochainement lancées. Plus tard, le ministre des Finances a révélé la somme d’1,5 milliard de dollars. Les échéances des obligations ont été précisées : 10 ans avec un taux d’intérêt de 6,25 %.

« Avoir recours au marché extérieur pour combler le déficit financier de l’Etat est un bon choix actuellement », estime Mohamad Abou-Basha, analyste financier auprès d’une des grandes banques d’investissement, présente sur le marché égyptien. Pour lui, le coût de l’endettement est passé en Egypte de 925 points mi-2013, selon l’indice CDS (Credit Default Swap), à quelque 332 points actuellement. Cet indice mesure la capacité du pays à rembourser ses dettes : chaque fois que le nombre de points augmente, le risque augmente. « Le lancement de ces obligations devrait donc être une réussite », espère-t-il.

Pour ce qui en est des Sokouk, le responsable du ministère ajoute : « Une fois que la loi verra le jour, le ministère lancera 1 milliard de dollars au cours du premier trimestre de 2016 ».

« Le ministère des Finances possède un plan pour obtenir 10 milliards de dollars à travers des obligations internationales. Nous avons déjà rassemblé 1,5 milliard et nous oeuvrons à récupérer le reste », a affirmé le ministre des Finances dans des déclarations à la presse en marge de la conférence.

Quant au système fiscal, le ministre a révélé entreprendre plusieurs restructurations à cet égard : amendements de l’impôt sur le revenu et sur la fortune et, plus récemment, sur la TVA, « la pierre angulaire de la réforme », a-t-il affirmé. Un projet de loi devrait voir le jour d’ici 2 semaines pour tenter de récupérer 10 milliards de L.E. de recettes supplémentaires.

Mais comme le note le ministre, le déficit budgétaire demeure important. Selon le ministère des Finances, le déficit budgétaire a atteint 11,2 %, alors que le gouvernement tablait sur 10,8 %. Le gouvernement vise à atteindre les 9 % pour l’année fiscale en cours. « Nous n’épargnons pas d’effort, c’est faisable », affirme Hani Qadri.

La dépréciation de la L.E. est une obligation

Le ministre de l’Investissement, Achraf Salman, a annoncé clairement que « la dépréciation de la L.E. n’est plus un choix. Elle est devenue un (must) dans le cadre du manque de ressources en devises étrangères. Nous devons faire le choix entre la baisse de la valeur de la L.E. et la baisse de réserves en devises étrangères ». Les réserves en devises étrangères ont perdu 437 millions de dollars en août dernier, pour s'aligner à 18, 096 milliards de dollars.

La Banque Centrale d’Egypte (BCE) avait fait le choix, dès le début de 2015, de libérer la valeur de la livre vis-à-vis du dollar. Le dollar s’échange actuellement à 7,83 L.E. Des prévisions confirment une baisse à 8 L.E. d’ici la fin de l’année.

De même, Achraf Salman, par ailleurs responsable du secteur public des affaires, n’a pas caché que le programme de privatisation aura lieu au cours de la prochaine période. A cet égard, il a annoncé que le gouvernement visait à libéraliser les secteurs de l’enseignement et de la santé pour améliorer les services et alléger le fardeau du gouvernement. « Nous visons à ce que le secteur de l’enseignement représente 5,5 % du PIB », a-t-il ajouté.

Les deux ministres et les responsables du gouvernement qui ont assisté à la conférence avaient un seul objectif : transmettre un message de confiance aux investisseurs concernant le climat d’affaires. « Nous sommes inspirés par la nouvelle découverte du gisement de gaz, par l’opportunité que nous offre la tourmente économique internationale, et nous tenons à saisir l’opportunité pour attirer les investissements locaux et internationaux. Ces derniers sont le mot-clé de la relance économique au cours de la prochaine période », a conclu Achraf Salman.

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