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Bourse: Remonter la pente

Dahlia Réda, Mardi, 11 décembre 2012

Alors que les violentes turbulences politiques ont fait plonger l’indice, un grand nombre d’analystes appellent désormais le gouvernement à des solutions consensuelles pour stabiliser le marché national.

Bourse
La Bourse est toujours en danger, et ne peut se redresser qu'avec une stabilité politique. (Photo: AP)

Tel un miroir, la Bourse reflète la situation politique d’un pays. Ainsi, les tensions qui ont secoué l’Egypte ces derniers jours ont fortement affecté l’indice boursier. La situation politique brûlante, résultat du refus de Mohamad Morsi de revenir sur ses décisions et de la colère des différentes forces politiques, complique une probable entente entre les deux parties. « La Bourse, comme tous les autres indices économiques, est affectée par l’instabilité ainsi que l’ambiguïté politique », déclare Ahmad Helmi, analyste financier auprès de la banque d’investissement Prime Securities. Il note que les investisseurs étrangers craignent fortement une recrudescence de la violence dans les prochains jours, « ce qui les a poussés à vendre leurs actions, de peur de subir des pertes supplémentaires s’ils décident de rester. Dorénavant, l’investissement en Bourse sera affecté sur le court et le long terme tant que l’ambiguïté persistera ». Le plus gros impact a eu lieu après les heurts sanglants, près du palais présidentiel d’Al-Ittihadiya, qui ont coûté la vie à cinq personnes. Jeudi 6 décembre, l’indice principal d’EGX 30 s’est ainsi effondré de 4,7 %. Les investisseurs arabes et étrangers se sont mis à vendre massivement leurs actions par crainte d’un effondrement global. Depuis plusieurs semaines maintenant, l’indice ne dispose pas de temps nécessaire pour reprendre haleine.

Pourtant, durant le mois de novembre, l’indice de la Bourse égyptienne s’était montré plutôt stable, avec une moyenne de 5 400 pts, laissant penser qu’il n’était pas corrélé aux tensions politiques. Hani Tewfiq, PDG de la banque d’investissement Naïm, assure que, tant que les tensions politiques ne s’accompagnent pas de sanglants affrontements, « les investisseurs étrangers achètent massivement des actions à bas prix, attendant ainsi une reprise sur le long terme pour faire des gains considérables ». Dès lors, l’intensification des agressions entre les deux parties a changé la donne. « La panique et la fureur ont complètement dominé les investisseurs étrangers ! Ces derniers ont pris de brusques décisions afin de sortir du marché égyptien en limitant les pertes », explique-t-il. Tewfiq ajoute que même le discours présidentiel, jeudi 6 décembre, gage d’une volonté politique de stabiliser la situation, n’a pas rassuré les investisseurs.

Le rôle de Morsi est essentiel

Selon Mohsen Adel, directeur général de la banque d’investissement Pioneers pour la gestion des fonds, la scène politique est tellement compliquée et ambiguë qu’elle ne promet pas de redressement rapide du cours de la Bourse. « Tant que les tensions politiques persistent, il sera difficile de garantir une reprise rapide de l’indice. Le scénario le plus probable serait un recul continuel. L’achat des actions se limitera à certaines actions leaders. Ces actions, qui auront atteint un prix très bas, deviendront très attractives », note-t-il. Le rôle du président Mohamad Morsi est essentiel dans le retour de la confiance des investisseurs. « L’absence d’une vision claire de la part du président écarte toute possibilité d’en revenir », opine-til. Issa Fathi, PDG de la maison de courtage Strategic Securities, identifie le problème autrement. Selon lui, le gouvernement a déployé beaucoup d’efforts ces deux derniers mois pour booster et promouvoir le marché financier, ainsi que pour attirer les capitaux arabes et étrangers. Plusieurs mesures ont été prises en ce sens : la promulgation des législations pour le lancement des soukouk, la création d’un nouveau indice FTSE, qui réunit les actions des dix-neuf Bourses africaines (ce dernier permet aux investisseurs de connaître les actions leaders de l’indice) et finalement le lancement prochain des nouveaux produits financiers (les dérivés) sur le marché égyptien. Cependant, toutes ces mesures n’ont pas eu le temps de germer. A peine avaient-elles été déployées qu’elles ont été entérinées par les tensions politiques. « Le régime politique est le seul à présenter des solutions consensuelles », juge-t-il. Reste à savoir si celles-ci seront assez fortes pour rassurer quant aux tensions politiques. Dimanche 9 décembre, en début de semaine, une hausse de 4,4 % de l’indice a été constatée, provenant en partie d’investisseurs étrangers. Amélioration ponctuelle ou structurelle ?

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