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A Washington, l’Egypte en quête de nouveaux partenaires

Névine Kamel, Dimanche, 12 avril 2015

Une importante délégation égyptienne se rend à Washington pour assister aux réunions du printemps du FMI et de la Banque mondiale. Le Caire est à la recherche de partenariats économiques afin de relancer son économie.

A Washington, l’Egypte en quête de nouveaux partenaires
A Charm Al-Cheikh, Christine La Garde a salué les réformes égyptiennes, mais elle a conseillé de plus d'égalité sociale. (Photo:AP)

« Cette année, la position de l’Egypte sera plus forte au sein des réunions du printemps du Fonds Monétaire International (FMI). La réussite de la conférence de Charm Al-Cheikh, le taux de croissance réalisé au cours du premier semestre de 2014/2015 et les réformes économiques conclues nous placent en bonne position », dit Achraf Salman, ministre de l’Investissement, à l’Hebdo. Le gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), les ministres des Finances, de la Coopération internationale et de la Planification se rendent à Washington pour assister aux réunions du printemps du FMI et de la BM. Comme le confie Salman : « L’Egypte n’a pas l’intention de faire un emprunt au FMI. Notre situation économique nous permet de conclure des partenariats internationaux qui peuvent nous aider dans la relance économique. La présence de l’Egypte à cette rencontre internationale nous met sur la bonne voie ».

Il ajoute : « Cette visite est très importante pour nous. Nous nous attendons à une révision des perspectives de croissance pour l’Egypte par le FMI et la BM l’année prochaine », estime Salman. Le FMI, dans son dernier rapport publié en janvier, avait estimé que l’Egypte aurait un taux de croissance de 3,2 % en 2015. Et d’ajouter : « La performance de l’économie égyptienne a dépassé ces prévisions et la note de l’Egypte a été relevée ».

Le ministre de la Planification, Achraf Al-Arabi, avait annoncé en mars dernier que le taux de croissance de l’Egypte a atteint 5,6 % au cours du premier semestre de l’année fiscale 2014/2015, et que le dernier trimestre seul avait enregistré 4,3 %, contre 2 % au cours de l’année précédente.

L’agence internationale Moody’s avait relevé à B3 la note de l’Egypte la semaine dernière, en ce qui concerne l’emprunt sur le long terme en devise locale et étrangère.

Cette hausse de la note de l’Egypte, selon Moody’s est due à celle du taux de croissance et à la stabilité monétaire et économique dont jouit le pays sur le moyen terme. Moody’s prévoit un taux de croissance de 4,5 % en Egypte au cours de l’année fiscale en cours et de 5 ou 6 % au cours des 4 prochaines années. Moody’s avait baissé la note de l’Egypte à 5 reprises depuis 2011. « Nous avons des réussites à raconter au cours des réunions du printemps », affirme Salman.

« Il est temps de négocier »
Bien que le gouvernement égyptien ait remis pour l’instant l’idée de faire un emprunt auprès du FMI, Samir Radwane, ancien ministre des Finances, plaide pour une telle mesure. « Il est temps de négocier avec le FMI. L’Egypte a besoin de ressources financières pour soutenir la relance. Et le FMI est une alternative moins coûteuse. Il ne faut pas se plier à la colère de la rue égyptienne et remettre une telle décision. Le fait d’ouvrir un dialogue avec le FMI donnera à l’économie égyptienne un certificat de garantie. Ce qui encouragera les investisseurs à venir en Egypte », explique Radwane.

Il avance ses arguments : « Le taux d’intérêt du FMI est nettement inférieur aux obligations et aux bons du Trésor. Et l’Egypte, en tant que pays fondateur du FMI, a le droit de faire un emprunt », assure Radwane. Selon lui, le gouvernement égyptien a bien mené les premières étapes de la réforme qui ont été couronnées par le succès de la conférence économique de Charm Al-Cheikh. « Il faut continuer le chemin », dit-il. L’Egypte avait négocié, après la révolution de janvier 2011, un prêt auprès du FMI. Mais le projet avait finalement été abandonné en raison des mesures impopulaires exigées par l’institution internationale.

Maintenant, selon Radwane, après les réformes entreprises par le gouvernement, c’est le moment d’entamer de nouvelles négociations avec le FMI. « Les pays du Golfe sont confrontés à quelques difficultés, vu la baisse des cours du pétrole et l’Egypte doit diversifier ses ressources de financement », dit-il.

Chemin encore long
L’Egypte est sur la bonne voie, il est vrai, mais comme l’assure l’ancien ministre des Finances, le chemin de la réforme est encore long. « Le gouvernement doit continuer les réformes et poursuivre la restructuration des subventions. De même, la promulgation de lois en faveur de l’environnement est très importante. Il ne suffit pas d’annoncer les réformes. Il est plus important de les concrétiser », explique Radwane en critiquant le report d’une loi sur la faillite des entreprises, par exemple, jusqu’à maintenant.

L’instabilité politique est un autre enjeu. « L’absence de parlement suscite la crainte des investisseurs, sans doute. Ils ont besoin d’une instance législative qui contrôle la vie politique et économique », dit Radwane.

Le gouvernement, selon lui, doit avoir un bon plan à présenter à ses partenaires internationaux lors des réunions du printemps.

Moody’s avait mentionné, dans son rapport la semaine dernière, que l’instabilité politique et sécuritaire peut faire régresser la note de l’Egypte, incitant les autorités égyptiennes à oeuvrer sérieusement en vue de rétablir la sécurité.

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