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L’importation pour faire baisser les prix

Marwa Hussein , Samedi, 11 mars 2023

Le gouvernement procède à l’importation de grandes quantités de poulet et de riz pour augmenter l’offre et faire baisser les prix de ces deux produits de base.

L’importation pour faire baisser les prix
La baisse des quantités du fourrage disponible sur le marché a provoqué le recul de la production de volaille. (Photo : AFP)

Dévaluation, inflation et des mois de perturbation dans les importations ont élevé les prix des volailles et des bovins en Egypte à des niveaux record, affectant sérieusement les budgets des ménages. Le prix d’un kilo de poulet, protéine la plus consommée par les Egyptiens, a atteint un niveau record, dépassant les 90 L.E. en février dans les quartiers populaires, avant de se plier légèrement à 80 L.E. Pour sa part, le prix d’un kilo de viande locale (baladi) est passé de 140 à 260 L.E. La hausse des prix du fourrage et une pénurie de ce dernier, dont la majeure partie est importée, étaient l’un des facteurs-clés ayant provoqué la hausse des prix du poulet. Selon les données de l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS), les prix des viandes et du poulet ont augmenté de 20,6 % en janvier seulement. Dans une tentative de faire baisser les prix, le gouvernement a pris plusieurs mesures visant à augmenter l’offre, la plus récente étant l’importation de 100 000 tonnes de poulets congelés du Brésil pendant la dernière semaine de février. Le poulet importé, vendu à 65 L.E. le kilo, a été vendu dans des points de vente gérés par le ministère de l’Approvisionnement et les forces armées. L’augmentation de l’offre a amené les prix du poulet local à la baisse.

Le problème a débuté suite à la décision de la Banque Centrale de rationaliser les importations en raison du manque de dollars. En conséquence, les quantités du fourrage disponible sur le marché ont considérablement baissé, ce qui a entraîné d’énormes pertes pour les producteurs de volaille au cours de l’année passée. La crise de fourrage a débuté en octobre ; certains éleveurs ont dû recourir à abattre les poussins ou à les distribuer gratuitement en raison de l’indisponibilité d’aliments pour l’engraissement, ce qui a eu un effet négatif sur le volume de la production. Le gouvernement, en coopération avec la Banque Centrale, a débloqué 199 000 tonnes de maïs et de soja, d’une valeur de 96 millions de dollars, nécessaires au fourrage pour volaille, du 26 janvier au 9 février 2023. « Avant la crise, l’industrie de la volaille avait atteint l’autosuffisance, couvrant 95 % de la consommation », assure Tharwat Al-Zeini, vice-président de l’Union des éleveurs de poulets, soulignant que l’importation de volaille brésilienne est venue combler le déficit de production, qui retrouvera bientôt des niveaux normaux, à savoir 1,5 million de tonnes annuellement. La pénurie de fourrage avait créé une forte baisse de l’offre de poulets sur le marché. « L’Egypte ne produit que 40 % de ses besoins en fourrage ; nous dépendons lourdement de l’importation », raconte Al-Zeini.

Selon le ministre de l’Approvisionnement, Ali Al-Mosselhi, la production locale de volaille a chuté de 40 % au cours de la «°période récente°». La hausse des prix du poulet a coïncidé avec une pénurie de riz, autre plat essentiel sur la table des Egyptiens. Pour y remédier, le gouvernement a mis fin, à la mi-février, à sa décision de plafonner les prix de la récolte de riz après avoir publié un système de prix fixe de trois mois pour le riz, qui devait se terminer en mars. Selon ce système, le prix d’un kilo de riz courte graine était fixé à 12, 15 ou 18 L.E. selon sa qualité. La décision n’a pas satisfait les détaillants, les agriculteurs et les propriétaires d’usines, qui ont estimé que les prix ne reflétaient pas les coûts et ne leur offraient pas de marges bénéficiaires équitables. Beaucoup d’entre eux ont cessé d’approvisionner le marché, préférant stocker la récolte.

Avant que le cabinet ne décide de revenir sur sa décision, le riz égyptien était disponible à une échelle limitée aux prix fixés par le gouvernement. Il était disponible à des prix plus élevés dans certaines petites épiceries. Anticipant la hausse saisonnière des prix et de la demande pendant le mois de jeûne du Ramadan, qui débute le 23 mars, le ministère de l’Approvisionnement prévoit d’importer de nouvelles quantités de riz, ainsi que de volaille congelée au cours des prochains jours.

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