
La région méditerranéenne a besoin de partenariats entre les secteurs public et privé pour réaliser la sécurité énergétique.
L’esprit de la Conférence des Nations- Unies sur les changements climatiques (COP27), tenue à Charm Al-Cheikh en novembre dernier, continue de prévaloir. Les pays de la Méditerranée se sont réunis en Egypte sous la bannière de BUSINESSMED, qui est le principal représentant du secteur privé réuni dans 25 confédérations issues des Etats membres de l’Union pour la Méditerranée. La conférence, tenue au Caire les 15 et 16 février sous le titre « Au lendemain de la COP27 ; comment le secteur privé peut résoudre les problèmes liés au changement climatique et promouvoir la croissance verte », a célébré le 20e anniversaire de cette Union méditerranéenne des confédérations d’entreprises qui va transmettre la présidence à l’Egypte pour les trois prochaines années.
Les participants représentaient le monde des affaires ; des associations d’entreprises et des unions industrielles égyptiennes et méditerranéennes, aux hommes d’affaires et aux représentants des petites et moyennes entreprises, en passant par les start-up. Les participants avaient pour objectif de discuter des moyens de mettre à exécution les recommandations de la COP27 en tant que bloc uni. Ils ont également examiné les solutions aux problèmes du transfert à une économie verte. Ont été débattus les opportunités et les défis, au lendemain de la crise de la santé et de l’énergie, et le passage à une croissance verte. Parallèlement, des ateliers de travail et des espaces de networking étaient dédiés aux jeunes entrepreneurs, aux incubateurs et accélérateurs des start-up.
Le rôle de l’Egypte au cours de la COP27 a été mis en évidence et les panélistes ont loué les efforts du gouvernement égyptien dans l’impulsion donnée au secteur privé, les initiatives de changement climatique, notamment les stratégies de réduire les gaz à effet de serre, la décarbonisation et l’avancée au niveau du dossier des énergies renouvelables. Selon Houda Ben Jannet Allal, directrice générale de l’Observatoire Méditerranéen de l’Energie (OME), la population de l’Egypte représentera 26 % de tous les peuples de la Méditerranée d’ici 2050. « Cependant, le pays détient tout le potentiel afin de devenir un hub durable pour la croissance énergétique. D’abord, la volonté gouvernementale qui est évidente. Toutes les opportunités sont là : le marché, la demande croissante et les sources d’énergies disponibles, y compris l’énergie nucléaire, ainsi que les ressources humaines et la volonté politique. Sans parler des interconnexions électriques avec les pays du voisinage », reprend l’experte.
Cap sur la sécurité énergétique
Un mot-clé répété tout au long de la conférence était celui de la diversification des sources d’énergie. D’autant plus qu’il faut tripler les taux de production énergétique mixte conventionnelle ou renouvelable d’ici 2050 pour parvenir à zéro carbone, affirme Jannet Allal. « Si nous parlons de façon réaliste, le gaz et l’hydrogène vert seront une partie intégrante des sources mixtes d’énergie d’ici 2050, que nous le voulons ou non. Ce qui veut dire que la région a besoin de 6,7 trillions d’euros pour parvenir à net zéro carbone en 2050 », poursuitelle. « Par conséquent, il faut résoudre le problème majeur de l’accès au financement. Pour ce faire, un plan d’action doit être mis en place pour les secteurs privés dans les pays respectifs », reprend Blanca Moreno-Dodson, directrice du Centre de l’intégration méditerranéenne. Elle estime que la région a grand besoin de partenariats entre les secteurs public et privé ; le dernier étant la pierre angulaire de l’avenir de la sécurité énergétique. « Nous sommes en retard, faute de financement. Le monde a besoin de 5 000 milliards de dollars pour investir dans l’énergie propre. L’Afrique du Nord, à elle seule, a besoin de 100 milliards chaque année de 2020 à 2025 pour le transfert à l’énergie propre », conclut Adel Ben Youssef, professeur d’économie à l’Université Nice Sophia-Antipolis.
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