
Le pétrole et la pétrochimie dominent la liste avec 7 entreprises. (Photo : Reuters)
L’Egypte a révélé plus de détails sur son plan d’offres en Bourse qui vise à attirer des devises étrangères tant recherchées. Mercredi dernier, le premier ministre, Moustapha Madbouli, a annoncé que le gouvernement prévoit de vendre des participations dans au moins 32 entreprises d’ici fin mars 2024. Initialement, le gouvernement avait déclaré que la liste allait comprendre un peu plus qu’une vingtaine d’entreprises, mais a surpris les économistes et investisseurs avec une liste plus large. « Les premières participations seront offertes d’ici la fin mars et un quart d’ici la fin du mois de juin, alors que d’autres entreprises pourraient être ajoutées à la liste au cours de la prochaine année », a déclaré Madbouli à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres. Les participations dans les entreprises en question se feront par le biais de ventes à des investisseurs stratégiques, d’offres en Bourse ou d’un mélange des deux. Le premier ministre a déclaré que les décisions sur le mode d’offres en Bourse de chaque entreprise avaient été prises par les banques d’investissement travaillant sur les transactions, sans fournir plus de détails.
Le lendemain des déclarations du premier ministre, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a annoncé que « le gouvernement est prêt à offrir des participations dans toutes les entreprises appartenant à l’armée dans le cadre du programme d’offres en Bourse de l’Etat, ou à élargir les partenariats du secteur privé avec des acteurs appartenant à l’armée ». Dans la liste des 32 entreprises figurent des participations dans 2 entreprises appartenant à l’Organisation nationale des projets de services (NSPO), de l’armée ; Wataniya Petrol, qui gère une chaîne de stations-service, et le producteur d’eau minérale en bouteille National Co. for Natural Water in Siwa (SAFI). Le président a souligné, à l’occasion de l’inauguration de la deuxième phase de la cité Silo Foods Industries, affiliée à NSPO, que cette dernière respecte les règles de concurrence étant donné que toutes ses entreprises paient les redevances de l’Etat, y compris les factures d’eau et d’électricité, ainsi que les taxes. « La NSPO bénéficie de certains avantages, mais cela n’entrave pas la concurrence », a déclaré Sissi, avant d’ajouter que « la NSPO pourrait avoir certains avantages dans certains domaines. Par exemple lorsqu’il s’agit d’exécuter des décisions, mais cela ne se fait pas au détriment d’une véritable concurrence°», précisant que les projets de la NSPO ne bénéficient d’aucun avantage en termes de coûts d’exploitation ou de production.
Secteurs variés
Les entreprises qui figurent sur la liste proviennent de secteurs très variés, parmi lesquels le secteur bancaire, avec 3 banques, les assurances, pour la première fois, celui du pétrole et de la pétrochimie, ceux de l’énergie et de l’électricité, l’hôtellerie, l’immobilier et le secteur agricole, les ports, entre autres. La vente de nombreuses participations, y compris dans les trois banques, avait été annoncée dès 2016, mais le ralentissement économique, résultant de la pandémie du coronavirus et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a retardé le programme. Cette guerre a même provoqué la sortie de plus de 20 milliards de dollars d’investissements du portefeuille de l’Egypte, poussant le gouvernement à chercher d’autres sources de devises à travers la vente de participations dans les entreprises publiques, dans un contexte économique mondial difficile. L’Egypte a ainsi connu un manque de devises étrangères pour plusieurs mois avant la finalisation d’un accord de financement de 3 milliards de dollars, accompagné d’un programme de réforme avec le Fonds Monétaire International (FMI).
Le gouvernement avait reporté à plusieurs reprises la vente de parts d’entreprises à la Bourse à cause de la situation économique non propice. « La régression de la Bourse signifie que les prix des actions sont bas pour le moment, ce qui les rend plus attractives pour les investisseurs », explique Mohamed Shadi, économiste au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS), soulignant que cela ne signifie pas une perte pour l’Etat. « Au contraire, le lancement des parts de ces entreprises en Bourse devrait résulter en une hausse des prix des actions qui bénéficiera à l’Etat. Celui-ci gardera des participations à valeur élevée dans ces entreprises », clarifie-t-il.
En fait, l’Etat a l’intention de garder des parts majoritaires dans les entreprises selon les différents acteurs du marché. « Le gouvernement veut garder des parts directeurs dans les entreprises tout en cédant la direction au secteur privé sans sacrifier sa propriété. Il est prévu que les parts à offrir seront autour de 10-15 % », estime Mohamed Shadi. Selon l’économiste, étant donné les conditions actuelles du marché financier, le gouvernement a changé la liste des entreprises à privatiser, éliminant les grandes entreprises qui requièrent d’importants investissements, vu que les investisseurs ne sont pas prêts. « En plus, le gouvernement a largement diversifié les secteurs en question qui sont au nombre de 18 contre 7 seulement lors des annonces précédentes pour donner aux investisseurs plus de choix », détaille Shadi. Le lendemain de l’annonce faite par le premier ministre, la Bourse égyptienne a terminé la séance du 9 février en hausse, ajoutant environ 27,1 milliards de L.E. à la capitalisation boursière, poussée par des achats d’investisseurs égyptiens et arabes.
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