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Nouvelles privatisations

Gilane Magdi , Mercredi, 12 octobre 2022

Le gouvernement prévoit de privatiser vers la fin de l’année les deux entreprises publiques Safi et Wataniya, sur fond d’amélioration relative des conditions de la Bourse.

Nouvelles privatisations
Certains indicateurs de la Bourse ont amélioré leur performance au cours des deux derniers mois. (Photo : Reuters)

Le gouvernement entend accélérer l’introduction en Bourse d’entreprises gouvernementales. C’est ce qui ressort de la réunion entre le nouveau président de la Bourse égyptienne, Rami El-Dokany, et des investisseurs koweïtiens, en visite au Caire du 1er au 4 octobre. «  La prochaine période verra la reprise des campagnes de promotion du plan gouvernemental pour l’introduction en Bourse d’entreprises gouvernementales », a déclaré El-Dokany à l’issue de la rencontre. Selon un communiqué de presse publié par la Bourse, El-Dokany a invité les investisseurs à profiter des opportunités disponibles dans la plupart des secteurs économiques. Cet appel intervient suite à l’annonce par le premier ministre, Moustapha Madbouli, de l’introduction en Bourse de deux entreprises appartenant à l’Appareil du service national, dépendant des forces armées, d’ici la fin de cette année. Il s’agit de la société Safi de production d’eau minérale et de la société de distribution de produits pétroliers Wataniya. « La réunion a évoqué les mesures prises pour la restructuration des deux entreprises, les résultats des études pour l’évaluation de leurs actifs, ainsi que les offres proposées par les investisseurs en vue d’introduire les deux entreprises en Bourse d’ici la fin de l’année », selon un communiqué de presse du Conseil des ministres.

La préparation des deux entreprises à l’introduction en Bourse intervient à un moment critique pour le gouvernement, ainsi que pour la Bourse. Le gouvernement, pour sa part, cherche à combler un fossé budgétaire de 15 milliards de dollars, selon le dernier rapport de la banque d’investissement internationale Goldman Sachs, dont une délégation s’est rendue en Egypte en septembre. La ministre de la Planification, Hala Al-Saïd, a déclaré que le fonds subsidiaire du Fonds souverain d’Egypte prépare des entreprises publiques d’une valeur de 5,5 à 6 milliards de dollars pour les lancer aux investisseurs. « La première tranche des entreprises sera lancée à la souscription publique en Bourse et sera annoncée dans 4 semaines, alors que la deuxième tranche sera émise sous forme de partenariat entre des investisseurs privés et le fonds subsidiaire du Fonds souverain », a-t-elle dit dans un entretien avec CNN, sans révéler les noms des entreprises.

Une faible reprise

Au niveau de la Bourse, le moment est plus propice au lancement de nouvelles entreprises, étant donné que la performance du marché en Egypte s’est améliorée par rapport aux périodes précédentes, suite au changement de responsables du marché financier et à la nomination de l’ancien président de la Bourse égyptienne Mohamed Farid à la tête de l’Autorité égyptienne de surveillance financière (EFSA) depuis deux mois. « Depuis sa nomination à la tête de l’EFSA, Farid a pris plusieurs décisions qui ont simplifié les procédures de cotation de nouvelles sociétés en Bourse et ont mené à la hausse des liquidités sur le marché financier », a noté à l’Hebdo Hanan Ramsès, directrice du département de l’analyse économique auprès de la société de courtage Al-Horreya, ajoutant que Farid avait annulé 16 décisions liées à l’achat sur marge ou l’achat à effet de levier, un système permettant aux investisseurs d’acheter des titres à l’aide d’un emprunt de la société de courtage.

Hanan Ramsès a assuré que les nouvelles décisions avaient provoqué l’amélioration de certains indicateurs boursiers tels que le ratio Price Earnings (ratio cours sur bénéfices) au cours des deux derniers mois. Il s’agit d’un indicateur-clé pour les investisseurs qui cherchent à valoriser les entreprises pour les intégrer dans leurs portefeuilles boursiers. « Ce ratio a augmenté, pour varier actuellement entre 4 et 6 pour certaines actions contre 3,5 en juillet en raison de la hausse de liquidités de certains titres financiers inclus sur l’indice EGX 70 telle l’action de Dar Misr et d’Al-Rowad pour le tourisme », renchérit-elle. De même, la valeur quotidienne moyenne d’échange en Bourse a connu une certaine hausse, passant à 2 milliards de L.E. pendant les mois d’août et de septembre. Selon le site de la Bourse égyptienne Mubasher, les indices des petites et moyennes entreprises EGX 70 et EGX 100 ont connu des hausses de 2,24 % et 1,12% respectivement pendant le mois de septembre, alors que l’indice EGX 30 des actions les plus actives a faiblement reculé de 1 % seulement pendant le même mois.

Malgré l’amélioration relative des conditions boursières, Amr Al-Alfy, directeur du département des recherches auprès de la banque d’investissement Prime, indique à l’Hebdo que le moment n’est pas encore propice pour l’introduction d’entreprises publiques en Bourse. « En cas de l’offre des entreprises à la souscription publique en Bourse, il serait difficile de couvrir l’émission. Les conditions du marché financier ne sont pas encore propices pour une telle étape en raison des risques plus élevés liés à la hausse du dollar vis-à-vis de la monnaie nationale et du report de la conclusion de l’accord avec le Fonds monétaire international », souligne-t-il. Et d’ajouter que l’émission de ces deux entreprises à des fonds souverains serait la meilleure option au cours de la prochaine période.

Cependant, Ramsès écarte la possibilité de la vente des deux entreprises Safi et Wataniya à des fonds souverains sans lancer une part à la souscription publique en Bourse. « Le gouvernement doit partager l’offre des deux entreprises entre les institutions et les particuliers à condition d’atteindre le taux minimum de souscription recommandé par les investisseurs particuliers. Par exemple, si un investisseur veut acquérir 100 actions, il faut éviter toute dispersion des actions pour l’inciter à garder les titres et ne pas les vendre au lendemain de l’émission », note-t-elle. Elle ajoute que le gouvernement doit lancer un plan de secours pour la Bourse égyptienne similaire à celui lancé pendant la pandémie, où il avait injecté 500 millions de L.E. Et ce, pour augmenter les liquidités en Bourse afin de faire réussir l’émission des entreprises publiques. « Actuellement, c’est la spéculation qui domine les échanges en Bourse et non pas les investissements à long terme », souligne-t-elle.

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