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Des pistes pour accroître le commerce intra-COMESA

Gilane Magdi , Mercredi, 21 septembre 2022

Le 9e Forum annuel de recherche du COMESA a appelé à l’amélioration de l’infrastructure numérique pour stimuler le commerce intra-africain.

Des pistes pour accroître le commerce intra-COMESA
Les participants au forum ont appelé à la création d’un système unifié de protection des données. (Photo : Ahmad Aref)

« Il est nécessaire d’entreprendre des recherches approfondies sur la production de produits pharmaceutiques et les flux commerciaux dans la région du marché commun de l’Afrique australe et orientale (COMESA). Les pays membres doivent créer un système unifié de protection des données et augmenter le niveau de la numérisation, afin de booster les échanges commerciaux intra-africains ». Ce sont les recommandations des participants au 9e Forum annuel de recherche du COMESA qui s’est tenu, du 12 au 15 septembre, pour la première fois au Caire depuis que l’Egypte avait pris la présidence de l’organisation en novembre 2019. Ce forum a offert aux décideurs, aux chercheurs et aux universitaires l’occasion de dialoguer et d’évaluer, à travers des recherches sur les questions d’actualité en économie, commerce et intégration régionale aux niveaux continental et mondial, les moyens d’« améliorer la compétitivité et la résilience des entreprises pour stimuler le commerce intra-COMESA ».

« L’Egypte déploie de grands efforts pour promouvoir l’action africaine conjointe et réaliser l’intégration économique continentale au cours de sa présidence du COMESA. Elle a déjà commencé à prendre des mesures sérieuses en travaillant sur la création d’une foire commerciale intra-COMESA et en préparant une initiative pour l’intégration industrielle africaine, afin d’exploiter les ressources disponibles dans les pays du continent en établissant des bases industrielles, ainsi qu’en encourageant le commerce intra-africain », a déclaré le ministre-adjoint égyptien des Affaires économiques, Ibrahim Séguiny, à l’inauguration du forum, prévoyant la hausse des exportations égyptiennes au marché du COMESA à 3 milliards de dollars en 2022 contre 2,7 milliards de dollars en 2021.

A travers les 8 recherches présentées à l’issue des 4 jours du forum, les participants ont souligné l’affaiblissement des échanges intra-COMESA sous l’effet des crises mondiales allant de la pandémie de Covid-19 à la guerre russe en Ukraine. « La pandémie a eu des impacts sur le commerce intra-COMESA provoquant un déclin au niveau des échanges commerciaux », a noté à l’Hebdo le directeur du commerce au sein du secrétariat du COMESA, Christopher Onyango, en révélant que la valeur des exportations totales intra-COMESA a diminué de 11%, passant de 10,9 milliards de dollars en 2019 à 9,7 milliards de dollars en 2020. L’année suivante, la valeur des exportations était de 12,7 milliards de dollars. « La fermeture des frontières et autres restrictions dues à la pandémie de Covid-19 ont affecté les exportations des produits (tels que les carburants, les graines de sésame, le tabac, le gaz butane liquéfié, l’acide sulfurique, les haricots et le ciment Portland) dans la région au cours de la période sous revue », a-t-il souligné. Et d’ajouter que les exportations de combustibles ont été l’un des principaux contributeurs à cette baisse globale avec une baisse de 63% en valeur nominale, passant de 1,3 milliard de dollars en 2019 à 493 millions de dollars en 2020, due à la chute des prix moyens du pétrole qui ont passé à 41 dollars le baril en 2020 contre 61 dollars en 2019.

Dés défis à relever

Les participants ont aussi attribué la modestie des échanges aux problèmes structurels considérés comme des défis à relever durant la période à venir, tels que le manque de lois de protection des données, le faible niveau de numérisation et les barrières non douanières. Pour le premier problème, Adam Willie, du Zimbabwe, a révélé dans son étude que 43% des Etats membres n’ont pas de législation nationale sur la protection des données. L’étude a également établi que la présence de lois sur la protection des données augmente le commerce intra-COMESA. « Il existe également une hétérogénéité dans les lois sur la protection des données dans la région, une situation qui nuit au commerce intra-COMESA », a déclaré Willie, qui insiste sur l’importance d’harmonisation des réglementations sur les flux de données transfrontaliers pour stimuler le commerce intra-COMESA.

Pour la numérisation, Shingirirai Mashura, de l’Université des Seychelles, a révélé dans son étude sur l’effet de la numérisation sur le commerce intra-COMESA, dans la période 2011-2020, que la numérisation a un effet positif sur le commerce intra-régional. « Une augmentation de 10% de l’utilisation d’Internet dans le commerce électronique augmente les exportations intra-COMESA de 0,63%, tandis que les importations augmentent de 0,22 % », selon le chercheur.

Bien que les participants aient souligné le faible niveau de numérisation et de commerce électronique dans les pays membres du COMESA, ils ont noté le progrès réalisé par l’Egypte dans ce domaine. « Malgré la libéralisation du commerce et la mise en vigueur des accords du libre-échange, les échanges commerciaux sont modestes en raison du faible niveau de digitalisation. Or, l’Egypte, la Tunisie et le Burundi sont les seuls pays à connaître des taux plus élevés de digitalisation », selon le chercheur.

Quant aux barrières non douanières, Douglas Chikabwi, du Zimbabwe, a noté dans son étude sur l’impact des barrières non douanières sur le commerce que « la région du COMESA perd chaque année 74,4 millions de dollars dans le seul commerce des matières premières agricoles en raison des barrières non douanières ».

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