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Amélioration attendue de la disponibilité du dollar

Gilane Magdi , Mercredi, 07 septembre 2022

Les spécialistes prévoient une amélioration des liquidités en dollars dans le secteur bancaire, grâce aux exportations du gaz naturel et aux investissements des pays du Golfe.

Amélioration attendue de la disponibilité du dollar
Le mois de juillet a vu la première amélioration des actifs nets en devises du secteur bancaire depuis septembre 2021. (Photo : Reuters)

Traquer le prix du dollar est devenu parmi les habitudes quotidiennes des Egyptiens, prévoyant sa remontée face à la monnaie nationale. Au cours des dix derniers jours, son prix a augmenté graduellement passant de 19,12 L.E. (prix d’achat) le 24 août, le jour de la nomination du nouveau gouverneur de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), Hassan Abdallah, à 19,18 L.E. actuellement. Quant au prix de vente, il est passé de 19,22 L.E. à 19,28 L.E. selon le site de la BCE. « Tant que la hausse du prix du billet vert est graduelle même si elle est rapide, cela voudrait dire que la BCE tient à une politique de dévaluation graduelle de la monnaie au lieu de la dévaluation soudaine comme cela s’est passé en 2016, quand le dollar est passé de 8 L.E. à 13 L.E. Le but est d’éviter tout choc au niveau des prix », a noté à l’Hebdo Hani Guéneina, ex-sous-gouverneur adjoint pour le développement bancaire au sein de la BCE et professeur à l’Université américaine.

La dévaluation progressive de la livre égyptienne intervient au moment où le gouvernement, en coopération avec la BCE, ne cesse de prendre des mesures visant à assouplir les restrictions sur les importations des matières premières et des biens d’équipement pour répondre aux besoins du secteur industriel. Cet allégement exerce plus de pressions sur les demandes en dollars au moment où le gouvernement tient des négociations avec le Fonds Monétaire International (FMI) pour obtenir un nouveau crédit. Cependant, tout porte à croire que le secteur bancaire est résilient et capable d’amortir les chocs.

Aliaa Mamdouh, économiste en chef au sein de la banque d’investissement Beltone, assure à l’Hebdo que « les banques possèdent les liquidités en dollars nécessaires pour répondre aux besoins des importateurs. Cela diffère d’une banque à une autre selon ses propres ressources en dollars », souligne-t-elle.

Le directeur du département des crédits documentaires au sein d’une banque privée ayant requis l’anonymat a noté à l’Hebdo que « toutes les banques travaillent actuellement à se procurer les dollars pour des crédits documentaires sur certains produits de base bloqués aux ports depuis 15 jours. Et ce, afin de mettre en oeuvre les instructions de la Banque Centrale de fournir le dollar pour libérer les produits de base stockés dans des ports. Quant aux banques qui ne disposent pas de liquidités nécessaires, la BCE leur injecte des sommes en devises étrangères par le biais du mécanisme interbancaire », souligne la source, en ajoutant que la valeur estimée des commandes passées cette semaine s’élevait à 10 millions de dollars ou un peu plus en moyenne par chaque banque.

Selon des données officielles, le mois de juillet dernier a vu la première amélioration des actifs nets en devises du secteur bancaire depuis septembre 2021, le déficit net des actifs extérieurs du secteur bancaire a diminué en juillet de 0,6%, soit de 19,4 milliards de dollars, contre 19,7 milliards de dollars en juin.

La guerre en Ukraine et la politique de resserrement de la Réserve fédérale américaine (FED) ont pesé lourdement sur l’économie égyptienne, exerçant une forte pression sur ses réserves de devises. Elles ont diminué à 33,1 milliards de dollars en juillet, contre 40,93 milliards fin décembre 2021.

Pour trouver une solution, le gouvernement a entamé en mars dernier des négociations avec le FMI pour obtenir un nouveau crédit considéré comme étant nécessaire pour le retour des investissements étrangers. L’institution internationale exige à cet égard la dévaluation de la monnaie nationale et la vente d’actifs publics.

Une vision optimiste

Une note d’optimisme règne chez les spécialistes sur l’amélioration de la disponibilité du billet vert dans la période à venir, en raison des politiques monétaires nationales bien orchestrées et un secteur bancaire résilient. Aliaa Mamdouh exprime son optimisme à l’égard de la période à venir, en notant qu’il y aura une augmentation prévue des revenus en dollars à long terme provenant de trois sources principales: l’exportation du gaz naturel, le tourisme et les investissements des pays du Golfe qui s’élèvent à 20 milliards de dollars par le biais de promesses d’investissement et de dépôts auprès de la Banque Centrale. « L’Egypte profite sans doute de la hausse du prix du gaz naturel au niveau mondial, qui est à son plus haut niveau depuis juillet 2008. Cela se traduit par la hausse de la valeur de nos exportations gazières », prévoit-elle.

Selon le site de la BCE, les exportations de gaz naturel ont atteint 5,6 milliards de dollars au cours des 9 premiers mois de l’année financière 2021-2022, entraînant la hausse du surplus de la balance commerciale pétrolière à 4,1 milliards de dollars contre 174 millions de dollars au cours de la même période en 2020-2021. Pour le tourisme, Hani Guéneina prévoit de clôturer cette année sur 9 ou 10 milliards de dollars grâce au tourisme arabe. Une posture qui sera améliorée grâce à la dévaluation. « En cas de poursuite de la dévaluation de la monnaie nationale, les revenus vont sans doute doubler l’année prochaine », indique-t-il.

Amr Al-Alfy, directeur du département des recherches au sein de la banque d’investissement Prime, prévoit de son côté la poursuite de la politique de la Banque Centrale de dévaluation graduelle de la livre égyptienne jusqu’au point d’établir l’équilibre entre l’offre et la demande du billet vert. « Nous prévoyons la hausse des prix du dollar entre 20 et 21 L.E. d’ici la fin de l’année », dit-il.

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