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Mobilisation pour les approvisionnements du blé

Amani Gamal El Din , Mercredi, 20 avril 2022

Le gouvernement a effectué la semaine dernière son premier appel d’offres limité aux Européens pour l’achat du blé.

Mobilisation pour les approvisionnements du blé
L’Autorité générale pour l’approvisionnement des produits de base étudie la possibilité d’acheter du blé en dehors des appels d’offres.

 Le gouvernement égyptien multiplie les mesures pour assurer la sécurité alimentaire du pays. L’Autorité générale pour l’approvisionnement des produits de base (General Authority for Supply Commodities, GASC) a effectué le 13 avril son premier appel d’offres réussi pour l’achat de 350 000 tonnes de blé des fournisseurs européens : la France, la Bulgarie et la Russie. Il s’agit de l’appel d’offres le plus limité depuis des années, car ayant été ouvert aux seuls partenaires européens parmi les 16 pays approvisionneurs de blé accrédités par l’autorité. « Cet appel d’offres est intervenu au moment propice, alors que les réserves en blé sont en train de baisser considérablement à cause de la guerre en Europe, d’autant que les deux belligérants, la Russie et l’Ukraine, acheminent plus de 80 % du blé importé par l’Egypte », explique Mohamed Shadi, macro-économiste auprès du Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques. Les réserves actuelles de blé ne couvrent que 2,6 mois de consommation, comme l’avait annoncé plus tôt le cabinet ministériel, alors que les estimations gouvernementales en mars étaient de 4 mois.

D’après Bloomberg, le nombre de participants à cet appel d’offres a baissé de moitié par rapport aux appels d’offres que reçoit GASC dans les circonstances normales. La GASC avait suspendu les appels d’offres en mars dernier après en avoir annulé deux à la suite de la guerre entre l’Ukraine et la Russie qui a perturbé le marché global. Selon le site électronique d’informations économiques, Enterprise, l’appel d’offres a fixé l’achat du blé à un prix qui est le plus élevé depuis 6 ans, environ le double de celui du dernier appel d’offres effectué en février, soit 490 dollars par tonne. « A mon avis, le prix n’est pas élevé, vu les conditions globales et le recul de l’offre mondiale », a noté Shadi. Il ajoute que l’appel d’offres est intervenu suite à la visite au Caire du ministre français des Finances, Bruno Le Maire, au cours de laquelle il a déclaré que la France, partenaire de longue date de l’Egypte, tient à l’aider à sécuriser ses besoins en blé. Je dirais qu’il s’agit d’un prix diplomatique. « Le fait d’acheter à ce prix en ce moment démontre que l’Egypte a noué des relations stratégiques avec l’Union européenne », a noté Shadi, précisant que cela démontre la résilience du gouvernement et sa capacité à absorber les chocs et à négocier.

Dans le cadre de sa stratégie de diversifier les sources d’approvisionnement du blé, la GASC étudie la possibilité d’acheter en dehors des appels d’offres. Selon Enterprise, les compagnies seront autorisées à soumettre les offres directement au ministère de l’Approvisionnement et du Commerce intérieur. Des négociations ont eu lieu récemment avec l’Inde, la France et les Etats-Unis.

Réglementer les achats du blé local

Outre la sécurisation des importations de blé, le gouvernement travaille sur l’approvisionnement du blé local. Selon le ministère des Finances, le gouvernement payera environ 36 milliards de L.E. pour acheter 6 millions de tonnes de blé des agriculteurs cette année, contre 3,5 millions de tonnes l’année dernière, soit une hausse de 70 %. A cette fin, le ministère de l’Agriculture a pris deux décisions pour assurer l’acheminement de ces quantités. La première, déjà entrée en vigueur, consiste à avancer au 1er avril (au lieu du 15) la saison d’approvisionnement du blé local. La saison dure jusqu’à fin août afin de consolider les réserves stratégiques de blé local. La deuxième décision consiste à augmenter les primes allouées aux paysans. « Après de longues discussions avec les associations des paysans, le gouvernement va payer aux agriculteurs 8 % en plus des prix officiels de novembre pour les encourager à maximiser la production. Les paysans vont recevoir entre 865 et 885 L.E. l’ardeb », a indiqué un communiqué du cabinet ministériel, alors que selon Farid Wasel, président du syndicat des Paysans et des Producteurs agricoles, les agriculteurs aspiraient à recevoir 1 000 L.E. pour des raisons inflationnistes.

Le ministre de l’Agriculture, Al-Saïd Marzouq Al-Qosseir a, pour sa part, déclaré qu’il est attendu que les agriculteurs vendent au minimum 12 ardebs de blé de haute qualité par feddan cette année. Le feddan peut donner entre 18 à 20 ardebs, après les mesures de promotion de la productivité. Selon le ministère, le quota s’applique à tous les agriculteurs qui seront interdits de vendre leur récolte à d’autres acheteurs ou de transporter les graines sans une licence du ministère. En retour, ces agriculteurs recevront des engrais subventionnés. Ceux qui violent les règles risquent une peine de prison de 1 à 5 ans, conformément à la loi de 1945 sur le commerce domestique.

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