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L’industrie, moteur de la croissance

Gilane Magdi , Jeudi, 31 mars 2022

Le Centre égyptien des études stratégiques (ECSS) a organisé, le 26 mars, une conférence sur l’avenir de l’industrie égyptienne. Les participants ont tracé une image optimiste de ce secteur au cours de la prochaine période. Bilan.

L’industrie, moteur de la croissance
Les entreprises industrielles doivent intégrer la nouvelle technologie pour réduire les coûts de production.

Lancer une initiative pour soutenir l’industrie égyptienne et renforcer le partenariat entre les secteurs public et privé pour mettre en place des projets industriels et réduire les importations. Ce sont les deux recommandations de la conférence tenue le 26 mars sur le thème « L’avenir de l’industrie égyptienne à la lumière des transformations mondiales ... vers plus de localisation et d’intégration » et organisée par le Centre égyptien des études stratégiques (ECSS). Au cours des deux sessions de la conférence, les participants ont évoqué les opportunités de croissance prometteuses dans le secteur industriel et les défis auxquels il est confronté à l’ombre de la pandémie et de la crise russo-ukrainienne. « La perturbation des chaînes de production au niveau mondial a entraîné une hausse des taux d’inflation à des niveaux sans précédent partout dans le monde et en Egypte en raison de l’augmentation des prix des produits alimentaires et des équipements. L’Egypte doit à présent dépendre de ses propres capacités productives, cesser d’être un pays consommateur importateur pour devenir un pays manufacturier et exportateur », note Medhat Nafei, conseiller du ministre de l’Approvisionnement et ex-président de la compagnie Holding pour les industries métallurgiques. Et d’ajouter que le secteur industriel a vraiment progressé ces dernières années, ce qui s’est traduit par la hausse des exportations non pétrolières. « Ces exportations se sont élevées à 32,34 milliards de dollars (soit 71,5 % de l’ensemble des exportations) en 2021, en dépit des circonstances difficiles dues à la pandémie de Covid-19. Cette hausse reflète la bonne santé du secteur industriel qui a enregistré un taux de croissance de 6,5 % en 2021 et contribue à hauteur de 17 % au Produit Intérieur Brut (PIB) », souligne Nafei. Cependant, Abdel-Fattah Al-Guébali, expert économique et membre du conseil consultatif du ECSS, pense que la situation actuelle du secteur n’est pas satisfaisante. « Les entreprises industrielles ne représentent que 14 % de l’ensemble des unités qui opèrent en Egypte et 13 % de la main-d’oeuvre », souligne-t-il. Une situation qu’il attribue à l’absence d’une stratégie de développement industriel dans le pays. « Le gouvernement a donné une grande importance aux réformes financières et monétaires aux dépens des réformes structurelles liées à la modernisation des secteurs industriels et agricoles. Le calendrier actuel du gouvernement comporte plusieurs mesures importantes pour le secteur industriel, notamment la négociation d’un nouvel accord de réforme économique avec le Fonds Monétaire International (FMI). Je pense qu’il est nécessaire de se concentrer sur la réforme structurelle et productive des secteurs industriel et agricole, car ils constituent l’épine dorsale de la croissance dans n’importe quelle économie », affirme Al-Guébali.

Mesures importantes

Le déclenchement de la guerre en Ukraine a tiré la sonnette d’alarme dans tous les pays du monde et en Egypte, et a souligné l’importance du secteur industriel pour réduire les importations et favoriser la production locale. Le président du Centre de modernisation de l’industrie, Mohamad Abdel-Kérim, a déclaré, à l’issue de la conférence, que le centre a analysé au cours de la dernière période la structure des importations. « Nous avons identifié 131 articles importés qui peuvent être fabriqués localement, ce qui permettrait de réduire la facture des importations. En raison de la crise actuelle et des dysfonctionnements dans les chaînes de production mondiales, les petites et moyennes entreprises ont la chance de travailler sur la production locale », explique-t-il. Et d’ajouter qu’une liste de 83 opportunités d’investissement a été dressée se rapportant à des produits industriels pouvant être fabriqués localement au lieu de les importer de l’étranger. D’après les rapports de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), la facture des importations s’est élevée à 19,9 milliards de dollars pendant le premier trimestre de l’année financière (2021/2022), contre 14,8 milliards de dollars durant la même période de l’année précédente.

Bien que la transformation numérique figure sur l’agenda du gouvernement, les participants à la conférence ont insisté sur l’importance de cette transformation et de la hausse des investissements au cours de la prochaine période. « Nous devons améliorer l’efficacité de l’industrie, c’est notre vrai défi en Egypte. Il faut augmenter les investissements et moderniser les lignes de production au sein des usines afin de s’adapter au goût des consommateurs », explique Hossam Al- Gamal, ambassadeur de la commission de l’économie numérique à la Chambre de commerce internationale pour l’Afrique. Et d’ajouter que la transformation numérique dans le secteur industriel contribue de manière significative à améliorer la production. « Elle permet de réduire les coûts de production de 15 % et d’augmenter la rentabilité et les ventes de 26 % », renchérit-il. Opinion partagée par Mennen Al-Qalyoubi, vice-présidente pour le développement au sein du groupe Siemens, qui insiste sur l’importance de la coopération entre les entreprises égyptiennes et étrangères et le gouvernement, en ce qui a trait au transfert de la technologie. De même, elle insiste sur l’importance de créer une carte du secteur industriel indiquant les lieux des usines et les biens produits. « Il y a des jeunes qui veulent créer des usines, mais ils ne savent pas par où commencer à cause de l’absence d’une telle carte », affirme-t-elle.

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