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Deux candidats que tout oppose

AFP, Mardi, 31 mars 2015

L’un est un chrétien du Sud, scientifique de for­mation, l’autre est un musulman du Nord, ancien général : tout oppose le président sortant Goodluck Jonathan et Muhammadu Buhari, les rivaux de l’élection du 28 mars au Nigeria. A la tête du pays le plus peuplé d’Afrique depuis 2010, M. Jonathan, 57 ans, a eu pour principal adversaire un général à la retraite âgé de 72 ans, qui fut au pouvoir entre 1983 et 1985, du temps des régimes militaires. Chrétien du Sud de l’ethnie Ijaw, issu d’une famille modeste de fabricants de pirogues, M. Jonathan est docteur en zoologie. Après avoir enseigné puis travaillé pour la protec­tion de l’environnement dans une agence gouver­nementale, il se lance en politique en 1998. Ancien gouverneur de Bayelsa, son Etat d’origine, il est le premier président issu du delta pétrolier du Niger.

M. Buhari est un musulman de l’ethnie Fulani, originaire de Katsina dans le Nord. Leur affronte­ment met en lumière le fragile équilibre confes­sionnel et ethnique du pays : les 173 millions de Nigérians se partagent à parts égales entre musul­mans et chrétiens. Le Nord est surtout musul­man, le Sud principalement chrétien.

La réputation de président « chanceux » pour­suit Goodluck Jonathan, et pas seulement à cause de son insolite prénom. Il a, en effet, béné­ficié de nombreux concours de circonstances au fil de son parcours politique. Le plus spectacu­laire remonte à mai 2010 : celui qui est alors vice-président depuis 2007 est propulsé à la présidence du pays après le décès par maladie, en plein mandat, du chef de l’Etat Umaru Yar’Adua, un musulman du Nord.

Arrivé à la tête du Nigeria le 31 décembre 1983 à la faveur d’un coup d’Etat, le général Buhari avait à son tour été renversé lors d’un putsch en août 1985. C’était avant le retour de la démocratie dans le pays, en 1999. Il avait alors déclaré une « guerre contre l’indiscipline », mais ses adversaires se souviennent surtout de la chape de plomb de son régime militaire, certains parlant d’un « Etat policier ». Son régime a notamment été marqué par l’exécution publique de 3 Nigérians condamnés pour trafic de dro­gue sur une plage en plein centre de Lagos, la capitale économique. M. Buhari était déjà le principal rival de M. Jonathan à la précédente présidentielle, en 2011. Après trois défaites à la présidentielle, M. Buhari est cette fois le candi­dat d’une opposition unie au sein du Congrès progressiste (APC).

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