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L’UA décide d’agir contre Boko Haram

Sabah Sabet avec agences, Dimanche, 01 février 2015

Lors du 24e sommet de l’UA, les dirigeants africains se sont mis d’accord pour accorder leurs efforts, afin de lutter contre les miliciens de Boko Haram au Nigeria.

L’UA décide d’agir contre Boko Haram
(Photo:AP)

Une force militaire régionale formée de 7 500 hommes sera prochainement formée pour contrer Boko Haram suite à la décision prise par les dirigeants africains lors du 24e sommet de l’Union Africaine (UA) tenu vendredi dernier à Addis- Abeba en Ethiopie. Cette mesure a été adoptée après que l’UA avait exhorté les chefs d’Etat à approuver le déploiement de soldats de cinq pays d’Afrique de l’ouest pour combattre le groupe terroriste, a indiqué le président du Conseil de paix et de sécurité de l’Union, Samil Chergui. « Le terrorisme, en particulier la brutalité de Boko Haram contre nos populations, est une menace à notre sécurité collective et à notre développement. Elle s’est désormais propagée à la région au-delà du Nigeria et nécessite une réponse collective, efficace et décisive », a déclaré vendredi Mme Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’Union africaine à Addis-Abeba en ouvrant le sommet.

Un responsable de l’UA a précisé qu’une réunion d’experts militaires africains aurait lieu du 5 au 7 février à Yaoundé, pour discuter des modalités de cette force. En fait, le Nigeria, le Cameroun, le Niger, le Tchad et le Bénin avaient déjà convenu fin 2014 d’établir une force de 3 000 hommes. Celle-ci n’est toutefois toujours pas opérationnelle du fait de dissensions entre Abuja et ses voisins.

Contours flous
Or, certains observateurs soulignent que le projet est encore très vague, ni la composition de la force, ni son mandat n’ayant pour l’heure été précisés. On ne sait pas par exemple si elle aura un droit de poursuite sur le territoire nigérian. On ne sait pas non plus si l’Onu aura un rôle.

Du côté de la communauté internationale, dénonçant « la brutalité sans nom » des miliciens de Boko Haram, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a salué l’idée d’une force régionale. Mais il a aussi estimé qu’il fallait une « coopération régionale et internationale » pour lutter contre le groupe. Selon Smaïl Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité de l’organisation, l’UA demandera une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu permettant le déploiement de la force. L’UA envisage aussi de demander à l’Onu la création d’un fonds pour la financer. « Les Africains sont prêts à envoyer leurs troupes, à faire l’effort nécessaire, mais il est aussi moralement important que l’Onu et la communauté internationale soient aux côtés des Africains pour ce combat qui n’est pas propre à l’Afrique », a estimé M. Chergui. M. Ban a cependant ajouté que la force militaire ne serait sans doute pas « l’unique solution ». « Il faut s’attaquer aux origines profondes de la propagation de cet extrémisme violent », a-t-il poursuivi.

Questions chroniques :
pas de réponse
Par ailleurs, les dirigeants africains ont passé en revue les autres conflits sur le continent : Somalie, Mali, Libye, Soudan du Sud et République Démocratique du Congo (RDC), où l’armée a annoncé jeudi dernier le lancement d’une offensive contre des rebelles rwandais enracinés depuis deux décennies dans l’est.

Outre les conflits, une question sensible a quelque peu irrité les dirigeants africains : la démocratie. En effet, le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a invité les dirigeants africains à « ne pas s’accrocher au pouvoir » et à « quitter leurs fonctions à l’issue de leur mandat ». « Les changements de Constitution non démocratiques et les vides juridiques ne devraient pas être utilisés pour s’accrocher au pouvoir », a-t-il expliqué trois mois après la chute du président burkinabé Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir, parce qu’il tentait de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat.

« Les dirigeants modernes ne peuvent se permettre d’ignorer les voeux et aspirations de ceux qu’ils représentent », a-t-il poursuivi. Cette sortie de Ban Ki-moon met définitivement fin aux rêves de se maintenir au pouvoir en modifiant la Constitution des pays d’Alassane Ouattara, de Sassou N’guesso, de Faure Gnassingbé, d’Ali Bongo, de Joseph Kabila (déjà sur le départ après une révolution populaire en RDC), de Yayi Boni (qui a déjà annoncé son départ après la chute de Compaoré), d’Idriss Deby, de Paul Biya, de Paul Kagamé, etc.

Elle intervient surtout après les sévères mises en garde des présidents François Hollande à Dakar contre les violations de Constitution en Afrique, et Barack Obama à l’endroit de Joseph Kabila en RD Congo, lequel avait voulu modifier la Constitution de son pays pour se maintenir au pouvoir en 2016, avant de reculer devant un soulèvement populaire.

Mugabe à la tête de l’UA

Durant le sommet de l’Union Africaine (UA), une passation de pouvoir a eu lieu entre le président de la Mauritanie, Mohamad Ould Abdel-Aziz, et le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, à la tête de l’institution africaine. Ce dernier prend donc la tête de la présidence de l’UA pour une année. Agé de 91 ans, sa nomination inquiète les observateurs internationaux, surtout qu’il est accusé par ses adversaires de s’être maintenu à la tête de l’Etat par l’intimidation et la violence contre ses opposants et des scrutins frauduleux.

Robert Mugabe, à la tête du Zimbabwe depuis 34 ans, a fait voter, à la suite des élections de 2013, une nouvelle Constitution qui lui permet de rester au pouvoir jusqu’à 99 ans. « La désignation à la tête de l’Institution africaine de Robert Mugabe est un mauvais signal envoyé par l’organisation sur les valeurs de la démocratie et de gouvernance qu’elle entend incarner », estiment les observateurs.

De sa part, Mugabe, paria des Occidentaux, s’est dit indifférent, samedi, aux critiques autour de sa nomination à la tête de l’Union africaine. « Ce que l’Occident dira ou fera ne me concerne pas », a-t-il lâché devant la presse réunie dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, à la fin du sommet de l’UA. « Mon rôle est de faire en sorte que les décisions que nous prenons soient appliquées. Ma préoccupation est d’améliorer la vie de nos peuples », a-t-il poursuivi.

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