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Alger accepte le principe d’une intervention

Sabah Sabet, Mardi, 30 octobre 2012

L’Algérie a donné son accord tacite à une intervention militaire pour déloger les islamistes liés à Al-Qaëda, qui occupent le nord du Mali. Aucune troupe étrangère ne pourra cependant stationner sur son sol.

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L'Onu prépare le déploiment d'une force internationale au Mali. (Photo: Reuters)

Après des semainesd’efforts diplomatiques, notamment de la part de la France, l’Algérie semble prête à reconnaître qu’un déploiement de troupes étrangères dans le nord du Mali est inévitable. Si la politique étrangère algérienne reste basée sur le principe de non-ingérence, son accord tacite à une éventuelle intervention a été récemment confirmé.

« L’Algérie accepte désormais le principe d’une intervention militaire, ce qui n’était pas le cas auparavant », a révélé un diplomate français. Selon ce diplomate, Alger a changé de position à la suite de la réunion du Groupe de soutien et de suivi sur le Mali. Une réunion qui a rassemblé divers acteurs régionaux et internationaux le 19 octobre à Bamako.

L’Algérie, qui partage une frontière de 2 000 km avec le Mali, redoutait un débordement du conflit et des troubles sécuritaires sur son territoire, où vivent environ 50 000 Touaregs liés à la rébellion. « Au bout du compte, nous ne nous opposerons pas à une intervention militaire au Mali tant que des troupes étrangères ne stationnent pas sur notre territoire », a précisé une source algérienne proche du dossier.

En avril, les Touaregs d’Ansar Dine et le groupe djihadiste Mujao ont pris le contrôle du nord du Mali. Mais le groupe djihadiste, proche d’Al-Qaëda, a par la suite évincé les Touaregs et a imposé la charia, opérant de fait une partition du pays.

3 000 hommes

Le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté, le 12 octobre, une résolution préparant le déploiement d’une force internationale de 3 000 hommes au Mali et a donné 45 jours à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest pour préciser ses plans d’actions. Les Etats-Unis et la France sont disposés à fournir un appui logistique.

Alger, qui refuse toutefois de soutenir directement l’intervention, ne peut cependant pas empêcher les autres pays voisins du Mali d’intervenir militairement avec un appui occidental. Mais il serait diplomatiquement risqué d’engager une intervention au Mali sans le consentement des Algériens, surtout si le conflit s’enlise. Pour Paris comme pour Washington, l’Algérie est « incontournable » dans le règlement de cette crise.

Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a souligné son inquiétude quant à la présence d’Al-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali, tout en insistant sur la nécessité de collaborer avec les pays de la région pour tenter de résoudre cette crise. « Ils conviennent tous (les pays de la région, ndlr) que nous sommes confrontés à la même menace en provenance d’Aqmi », a avancé Leon Panetta, jugeant que toute intervention militaire devait être conçue et exécutée « sur une base régionale ».

L’Algérie en « partenaire crucial »

En outre, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, s’est rendue lundi à Alger pour discuter avec le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et obtenir son soutien à l’éventuelle intervention militaire. « L’Algérie étant l’Etat le plus puissant du Sahel, elle est devenue un partenaire crucial pour s’occuper d’Aqmi », a indiqué un responsable du département d’Etat américain. « Dans le contexte de ce qui s’est déroulé dans le nord du Mali, l’Algérie est de plus en plus importante et elle doit être au centre de la solution de la crise du nord du Mali, frontalier de l’Algérie », a ajouté la même source.

Dotée d’une armée puissante, Alger dispose de renseignements et d’une expertise indéniable en contre-terrorisme. L’Algérie a déjà été confrontée à une insurrection islamiste liée au Groupe islamique armé, dont Aqmi est une émanation. Un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts pendant la « décennie noire » entre 1992 et 2002. « L’Algérie est le seul pays de la région à avoir les compétences et les moyens pour intervenir contre Al-Qaëdalà-bas » avance un ambassadeur d’un pays du Sahel.

La crainte que le Mali devienne un nouvel Afghanistan rend Alger particulièrement prudent. L’Algérie a toujours privilégié une solution diplomatique au Mali depuis que les insurgés touaregs et les islamistes ont pris le contrôle des deux tiers du pays, profitant du désordre qui a suivi le coup d’Etat militaire de mars dernier à Bamako. Mais la situation devient de plus en plus menaçante au Nord et l’Algérie ne pourra empêcher la communauté internationale d’approuver une intervention militaire.

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