
L’absence de certaines parties à la session de pourparlers tenue le 8 juin laissait prévoir l’échec des discussions. (Photo : AFP)
A peine lancées, les discussions politiques visant à sortir le Soudan de la crise ont été suspendues. Un round a été tenu mercredi 8 juin, sous l’égide de l’Onu, de l’Union Africaine (UA) et de l’Organisation régionale est-africaine IGAD. Les discussions ont regroupé les chefs militaires, dont le général Mohamed Hamdan Dagalo, le ministre des Finances, Jibril Ibrahim, ainsi que des représentants de partis politiques et d’anciens chefs rebelles. Elles étaient censées mettre un terme à l’impasse politique dans laquelle est plongé le Soudan depuis octobre 2021 et le coup de force de l’armée. Un deuxième cycle de pourparlers devait se tenir dimanche 12 juin, mais il a été reporté sine die. Les trois organismes internationaux « ont décidé de reporter les discussions compte tenu des derniers développements », a indiqué Fadi Al-Qadi, porte-parole de la Mission intégrée des Nations-Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (Minuats). « Nous n’avons pas fixé de nouvelle date pour la reprise des discussions », a-t-il ajouté.
A l’origine de ce report, la défection d’un important bloc civil. En effet, les Forces de la Liberté et du Changement (FLC), fer de lance civil de la révolte qui a poussé en 2019 l’armée à démettre le dictateur Omar Al-Béchir, ont refusé de participer à ces discussions. Jeudi 9, une délégation des FLC avait eu un entretien « non officiel » avec des responsables militaires pour tenter de briser l’impasse. Mais un représentant des FLC avait par la suite estimé que ces discussions représentaient une « fausse solution politique » et « justifiaient le coup d’Etat ».
Pourtant, l’Onu avait exhorté toutes les parties à participer aux discussions et à « continuer d’oeuvrer pour établir un environnement propice à un dialogue constructif dans l’intérêt du peuple soudanais ». Et la secrétaire d’Etat adjointe américaine, Molly Phee, est arrivée dimanche au Soudan, afin de « soutenir le processus pour régler la crise ».
Malgré l’appui des instances internationales et régionales, l’absence des principaux blocs civils a eu raison des tentatives de dialogue. Dès la première réunion, mercredi 8 juin, environ un tiers des sièges était vide. En plus des FLC, le parti Oumma, le plus ancien du Soudan, a boycotté ce dialogue auquel appelaient depuis mars les organisations internationales et qui visait à fixer les règles et l’ordre du jour des discussions ultérieures. Ces parties estiment également que l’armée n’a pas franchi les étapes nécessaires pour instaurer la confiance, notamment la libération de tous les détenus politiques et la fin des meurtres de manifestants. Pourtant, le général Abdel-Fattah Al-Burhane, actuellement à la tête du pays, avait levé l’état d’urgence la semaine dernière.
Sur le terrain, les manifestations ont regagné les rues de Khartoum, avec le 3e anniversaire du sit-in de 2019. Trois ans après, ces manifestations anti-gouvernementales qui donnent une impression de déjà-vu et le blocage politique n’augurent pas d’une issue prochaine à la crise.
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