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« La coopération en matière de sécurité est l’une des priorités »

Propos recueillis par Atef Saqr, Lundi, 08 octobre 2012

L’ambassadeur Samir Hosni, responsable des rapports avec l’Afrique à la Ligue arabe, s ’exprime sur les liens entre les deux régions, leurs problèmes communs et leurs moyens de règlement.

Al-ahram hebdo : Une réunion arabo-africaine a eu lieu récemment en vue depréparer le prochain sommet Union Africaine (UA)-Ligue arabe. De quoi s’agissait-il exactement ?

Samir Hosni : Il s’agissait d’une première réunion préparatoire au sommet qui doit se tenir l’année prochaine au Koweït. Le sommet devrait avoir lieu en octobre ou novembre 2013. Le premier sommet UA-Ligue arabe a eu lieu en 1977 au Caire, et le deuxième en Libye en 2010, et il a alors été décidé que la rencontre aurait lieu tous les trois ans. Pour ce qui est des préparatifs, nous avons décidé de mettre en place un comité préparatoire comprenant quatre pays arabes et africains. Les participants à la réunion ont aussi préconisé la création d’une zone commerciale préférentielle arabo-africaine. Nous devons également préparer la foire commerciale arabo-africaine qui doit avoir lieu au Maroc en 2013, en marge de laquelle se tiendront des manifestations culturelles et artistiques.

— Quel est l’agenda du prochain sommet ?

— Cette rencontre devra aborder les moyens de promouvoir les investissements arabes en Afrique, voire les investissements de certains pays africains, tel l’Afrique du Sud, dont l’économie est d’un niveau supérieur aux autres pays africains. Une autre question importante est celle de l’investissement agricole et de la sécurité alimentaire. Lors du sommet de 2010, un certain nombre de décisions avaient été prises, mais elles n’ont pas pu être appliquées car les pays arabes ont vécu des bouleversements importants, alors que les Africains étaient préoccupés par un certain nombre de problèmes comme la question somalienne.

Pour ce qui est des questions politiques, les Arabes, comme les Africains, sont vivement préoccupés par les mêmes questions : la Somalie, la Corne de l’Afrique, notamment les relations entre le Soudan, le Soudan du Sud et les Iles Comores. En outre, la coopération en matière de sécurité est l’une des priorités du prochain sommet, en raison de la prolifération d’armes en Afrique du Nord suite à la révolution libyenne et la présence de nombreux groupes armés en Afrique subsaharienne.

— La Ligue arabe a participé à un mini-sommet dédié à la Somalie et tenu à New York en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’Onu. Comment les Arabes peuvent-ils contribuer au règlement du problème somalien ?

— Ce sommet avait pour objectif de soutenir les nouvelles institutions somaliennes. Le communiqué final a insisté sur la légalité de ces institutions et sur le rôle des Nations-Unies, de la Ligue arabe ainsi que de l’UA de ses troupes présentes sur place pour mettre fin à la période de transition et mettre en place des institutions solides. Quant à la Ligue arabe, elle a fait part de sa volonté d’organiser un sommet arabe des donateurs en vue de soutenir la Somalie et contribuer aux efforts de reconstruction.

— Justement, vous étiez récemment en Somalie. Où en est la reconstruction ?

— Les Somaliens ont franchi un pas important dans le rétablissement de l’ordre et la reconstruction de l’Etat. Lors de ma dernière visite à Mogadiscio, j’ai remarqué un réel changement. La ville a changé de visage, les magasins sont ouverts, et surtout j’ai pu constater que la sécurité s’est nettement améliorée. Je me déplaçais sans gardes du corps. On espère que les choses reviendront à la normale prochainement.

— Les relations entre les deux Soudan sont une préoccupation majeure aussi bien pour les Arabes que pour les Africains. Que peuvent-ils faire conjointement pour éviter que les questions toujours en suspens ne créent une véritable crise ?

— Une chose est sûre, la communauté internationale, dans sa totalité, n’acceptera pas un nouveau recours à la force entre les deux Soudan, quels que soient les différends existants toujours entre les deux parties. Nous sommes satisfaits du récent accord et nous soutenons les efforts de la médiation sud-africaine en coopération avec la Ligue arabe en vue de venir à bout de toutes les questions en suspens.

— Une autre réunion a eu lieu en marge de l’Assemblée générale de l’Onu entre les conseils de paix et de sécurité africain et arabe, qu’en est-il ?

— C’est la deuxième réunion ministérielle du genre. Le Conseil de paix et de sécurité africain est un organe effectif au sein de l’UA, chargé de faire exécuter les décisions de l’Union. En revanche, le conseil de paix et de sécurité arabe n’en est qu’à ses premiers pas. Quatre questions ont été essentiellement discutées à New York : la Somalie, les deux Soudan, le Mali et la question palestinienne. Une autre réunion sera tenue d’ici à la fin de l’année à Addis-Abeba pour poursuivre le dialogue concernant ces sujets.

— Quel effet a eu le Printemps arabe sur les relations arabo-africaines ?

— On ne peut pas parler du Printemps arabe de manière générale, le cas diffère d’un pays à l’autre, d’autant plus que le Printemps arabe n’est pas encore achevé. Ses principes de dignité, de justice sociale, de démocratie et de droits de l’homme ne sont toujours pas au niveau requis et des disparités importantes existent.

— Mais certaines choses ont dû changer, notamment après la chute de Kadhafi qui avait un rôle bien particulier en Afrique …

— La présence de Kadhafi sur la scène africaine avait deux facettes. L’une d’elle, caricaturale, concerne l’image de Kadhafi lui-même, qui se qualifiait de « roi des rois d’Afrique ». Quant à l’autre, plus concrète, elle se traduit par des investissements libyens importants en Afrique et par un réel partenariat, et ça c’est un aspect qui peut encore profiter aux deux parties.

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