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Lueur d’espoir au Soudan

Maha Salem, Mardi, 30 juillet 2019

La médiation éthiopienne a permis de lancer les bases d'une éventuelle solution à la crise soudanaise. Un compromis, dont l'essentiel repose sur la formation d'un comité de transition majoritairement composé de civils, a été annoncé suite aux discussions d'Addis-Abeba.

Lueur d’espoir au Soudan
Les manifestations se poursuivent au Soudan jusqu'à l'application d'un accord de paix. (Photo : AFP)

Grâce à une médiation menée par l’Ethiopien Mahmoud Drir, le Conseil militaire soudanais, les représentants de la contestation et l’opposition sont parvenus à un compromis après de longues tractations tenues en Ethiopie les 20 et 21 juin. Selon un document publié par les leaders de la contestation, ces derniers se sont mis d’accord sur la création d’un conseil constitué de 15 personnes, avec 8 civils et 7 militaires. Sur les 8 civils, 7 seraient issus de l’Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC), fer de lance de la contestation. Selon ce document, « on confirme les accords précédents conclus avec l’armée », a affirmé l’un des représentants du mouvement de contestation, Amjad Farid. A l’issue de la dernière réunion de négociations tenue avant la dispersion du sit-in de l’opposition, cette dernière et les militaires au pouvoir s’étaient déjà mis d’accord sur une période de transition d’une durée de trois ans et sur un parlement de transition constitué de 300 sièges, dont les deux tiers sont réservés à l’ALC. « Le document présenté par M. Drir, qui représente un accord sur les principes de la transition, a été établi sur la base des consultations menées avec nous et avec le Conseil militaire », a affirmé l’ALC dans son communiqué.

Après la destitution par l’armée de l’ancien président Omar Al-Béchir, le 11 avril dernier, le Soudan a été le théâtre d’un bras de fer entre le Conseil militaire au pouvoir et les manifestants, dont le sit-in a été dispersé par la force, le 3 juin dernier. Cette dispersion musclée — au cours de laquelle au moins 128 personnes ont été tuées selon des médecins proches de la contestation, 61 selon le bilan officiel — a enflammé la situation et ravivé les tensions entre les deux parties, le Conseil militaire ayant été accusé par la contestation et des ONG d’avoir orchestré la dispersion. Mais le Conseil militaire de transition a assuré ne pas avoir ordonné l’opération, qui devait cibler à l’origine des criminels dans un secteur voisin. « On n’est pas sûr que les forces du Conseil militaire étaient responsables de cette dispersion. C’est vrai que ce sont les Forces de soutien rapide (RSF) qui ont mené cette dispersion, mais on ne sait pas qui a ordonné cette décision. Cela dit, les accusations et le climat marqué par le manque de confiance ont créé un obstacle supplémentaire devant la poursuite des discussions entre les parties soudanaises », explique Dr Ahmad Youssef, directeur du Centre des études arabes et africaines au Caire, selon lequel il est primordial de trouver un moyen de « mettre fin à ces accusations et de restaurer la confiance afin de rétablir la paix ».

Quelques jours après la dispersion de ce sit-in, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a appelé à Khartoum à une transition démocratique rapide dans le pays. Or, depuis le 20 mai dernier, les négociations entre le Conseil militaire et les contestataires sont suspendues, chaque camp voulant prendre la tête d’une future instance de transition. L’opposition est restée intransigeante sur plusieurs points sur lesquels elle s’était déjà mise d’accord avec les généraux avant l’interruption des négociations. Parmi ces conditions, il y a notamment le fait que les deux tiers du parlement de transition doivent être réservés à l’ALC.

Nouveau procureur général

Pour satisfaire l’opposition et les manifestants, le chef du Conseil militaire, Abdel-Fattah Al-Burhane, a démis de ses fonctions le procureur général Al-Walid Sayed Ahmad. Son remplaçant, Abdallah Ahmed, qui dirigeait le Parquet de Khartoum, était du fait de son dernier poste à la tête d’une commission d’enquête criminelle sur la dispersion du sit-in créée par son prédécesseur. Le Conseil militaire a mis sur pied une autre commission d’enquête, dont les résultats n’ont pas été encore publiés. Mais, le numéro 2 du Conseil militaire, le général Mohammed Hamdan Daglo qui dirige les forces RSF, surnommé « Hemeidti », a assuré que le « responsable » du drame avait été identifié, sans préciser s’il avait été arrêté. Il a ajouté que les auteurs de la dispersion, qu’ils soient « des membres des forces régulières ou des civils, seraient traduits en justice ».

Le renvoi du procureur intervient quelques jours après l’inculpation de M. Béchir pour des faits de corruption. Ce dernier est notamment accusé « de possession de devises étrangères » mais aussi « d’avoir acquis des richesses de façon suspecte et illégale ».

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