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RDC : Une présidentielle sur fond de bras de fer régime/opposition

Abir Taleb avec agences, Lundi, 01 janvier 2018

Plusieurs élections cruciales sont prévues en 2018 dans différents pays africains. Mais leur tenue reste tributaire à des conditions essentielles: régler les questions de financement et d’organisation, mettre fin à l'instabilité politique et juguler les problèmes d'insécurité.

Au pouvoir depuis 2001, élu en 2006 et réélu en 2011, le président Joseph Kabila a terminé son deuxième et dernier mandat constitutionnel le 20 décembre 2016. Depuis, la tension est à son comble en République Démocratique du Congo (RDC) entre le pouvoir et l’opposition, qui réclame haut et fort le départ de Kabila. La Constitution, qui l’empêche de se représenter, lui permet en revanche de rester au pouvoir tant que son successeur n’a pas été élu. En vertu de l’accord du 31 décembre 2016 décidé entre le gouvernement et l’opposition, une présidentielle aurait dû être organisée avant la fin de l’année 2017. Mais, au grand dam de l’opposition et à cause de problèmes sécuritaires et organisationnels, le pouvoir a reporté le scrutin. Aussi, le Parlement a voté une réforme électorale, et un nouveau calendrier électoral, devant aboutir à une présidentielle le 23 décembre 2018. Une date que la communauté internationale veut définitive. Le Conseil de sécurité a rappelé « l’importance cruciale de veiller à ce que les élections ne soient pas reportées une nouvelle fois ». Côté africain, une mission ministérielle est attendue en janvier 2018 en RDC et une réunion de haut niveau sur la RDC en marge de la 30e Session ordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine, également prévue en janvier prochain, est recommandée.

L’opposition, elle, a tenté de mobiliser les Congolais pour protester contre ce nouveau report, mais a fini par avouer son échec, contrairement à ce qui s’était passé entre septembre et décembre 2016, où des manifestations appelant au départ du président avaient été émaillées de violences faisant des dizaines de morts. Outre le maintien au pouvoir de Kabila un an de plus, l’opposition est aussi sceptique sur la réforme électorale elle-même qui, selon elle, renforce le pouvoir du parti présidentiel, le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD). Avec également la crainte que la crise économique ne serve de prétexte à un énième retard dans le calendrier, et donc au maintien de Kabila. Selon le budget 2018, quelque 500 millions de dollars sont prévus pour les opérations électorales, alors que le président de la commission électorale, Corneille Nangaa, avait évalué en avril dernier à 1,3 milliard de dollars le coût total des élections présidentielle, législatives et locales. Kinshasa devrait donc demander le soutien de ses partenaires internationaux pour l’organisation de ces scrutins. L’Union Européenne (UE) serait d’accord, mais sous conditions: respect des droits de l’homme, réouverture de l’espace démocratique, application scrupuleuse du calendrier électoral, publication d’un budget crédible et d’un plan de décaissement réaliste. C’est-à-dire que 2018 sera l’année de tous les doutes.

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