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Togo : Des efforts pour contenir la crise

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 25 septembre 2017

Dans une tentative d'éviter une escalade au Togo suite à la tension politique actuelle, plusieurs voix, dont le secrétaire de l'Onu, ont appelé le pouvoir et tous les acteurs politiques à s'engager dans un dialogue constructif.

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Depuis la fin août, plusieurs villes togo­laises sont le théâtre de manifestations, les unes opposées au pouvoir, les autres le soutenant. Le Parti national panafricain, de l’opposition, a été le premier à appeler à des manifestations le 29 août pour réclamer le départ du président togolais, Faure Gnassingbé. Des manifestations qui ont tourné à l’affronte­ment et qui ont fait 4 morts et une dizaine de blessés. Une coalition de 13 autres partis d’op­position l’ont rejoint en septembre. Pour apai­ser l’opposition, le gouvernement a effectué un projet de réforme constitutionnelle qui limite­rait le nombre de mandats à deux, mais sans prise en compte de ceux passés et en cours de Faure Gnassingbé. De quoi lui permettre de rester jusqu’en 2030. Une reforme rejetée par l’opposition qui dénonce la non-rétroactivité de la mesure, qui permettrait au président togo­lais de se représenter pour deux scrutins sup­plémentaires en 2020 et 2025. M. Gnassingbé est arrivé au pouvoir avec le soutien de l’armée en 2005, à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadema qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Face au mouvement de l’opposition qui s’accroît, le gouvernement a organisé des manifestations pour le soutenir. Les 20 et 21 septembre, des manifestations de soutien organisées par le parti présidentiel, l’Union pour la République (UNIR), et d’autres orga­nisées par l’opposition ont défilé dans la capitale togolaise. Une situation qui a suscité la crainte des Togolais ainsi que la commu­nauté internationale. Samedi, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a appelé le gouvernement et tous les acteurs politiques au Togo « à s’engager dans un dialogue constructif dans le cadre de discussions sur les réformes institutionnelles et constitution­nelles ». Cet appel a été lancé lors d’une rencontre avec le premier ministre togolais, Komi Selom Klassou, en marge de l’Assem­blée générale annuelle de l’Onu tenue à New York. Lors de son discours à la tribune de l’Assemblée générale, Klassou avait souligné que le processus de réforme constitutionnelle engagé par son gouvernement « répondait aux aspirations profondes du peuple togo­lais ». Un projet qui a été demandé par l’op­position depuis plus de 10 ans. « Sans tarder, un projet sera soumis à la ratification du peuple lors d’un référendum », a ajouté Klassou.

Si tout semble désormais en place pour un référendum, comme le dispose l’article 144 de la Constitution, les observateurs conseillent à l’opposition de ne pas s’engager sur une voie qui risque de lui être défavorable. En tête des manifestations de ces derniers jours du côté de l’opposition, Gerry Taama estime qu’il faut « devenir raisonnable et négocier car l’Unir (au pouvoir, ndlr), aujourd’hui, a besoin aussi des réformes ». « Si le référendum passe, l’op­position perd presque tout », reconnaît-il. Tant qu’une nouvelle Constitution n’est pas adop­tée, l’actuelle reste en vigueur. Seule alterna­tive désormais, un dialogue direct entre les différentes parties pour aboutir à une solution consensuelle. Dans une déclaration conjointe signée le 22 septembre, les Nations-Unies, la délégation de l’Union européenne et les ambassades de France, de la République fédé­rale d’Allemagne et des Etats-Unis d’Amé­rique au Togo ont déploré les violences qui se sont produites dans la ville de Mango lors des manifestations. Ainsi, elles encouragent « tous les Togolais à s’inscrire dans un dialogue pacifique en vue de l’adoption des réformes constitutionnelles qui permettront de renforcer la démocratie au Togo et de préparer sereine­ment les élections locales et législatives en 2018 ».

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