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Cédéao : Un sommet particulier

Sabah Sabet avec agences, Jeudi, 08 juin 2017

La Cédéao a tenu, les 3 et 4 juin, son 51e sommet à Monrovia. Une rencontre où il a été question des crises régionales, de l’adhésion du Maroc à l’organisation, mais elle a été aussi dominée par la controverse suscitée par la présence du premier ministre israélien.

Le maintien de la paix dans la région et la mise en garde contre les multiples menaces à sa stabilité, deux sujets classiques à l’ordre du jour lors du sommet de la Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO, 15 membres) tenu les 3 et 4 juin à Monrovia (Liberia). A ceux-là s’est ajoutée la question de l’adhésion du Maroc. Mais ce rassemblement africain s’est fait en présence d’un hôte pas comme les autres : le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, dont le pays s’intéresse de près à l’Afrique, notamment pour des raisons économiques. Netanyahu, invité par les dirigeants de la Cédéao, recherche de nouveaux marchés pour l’agriculture de son pays, sa haute technologie et sa sécurité.

Il a assuré « réaliser un rêve » en assistant à ce sommet de la Cédéao, en réaffirmant sa foi dans l’avenir de l’Afrique, « un continent ascendant » et en réitérant son souhait de voir Israël retrouver auprès de l’Union Africaine (UA) le statut d’Etat observateur.

Ainsi, l’Etat hébreu, très actif diplomatiquement et économiquement sur le continent depuis plusieurs années, semble vouloir plus. Netanyahu s’est rendu l’an passé dans quatre pays en Afrique de l’Est, dont le Togo, où il devrait rencontrer en octobre prochain une trentaine de dirigeants africains au cours d’un sommet Afrique-Israël. Et, dans un signe révélant plus de rapprochement, Netanyahu et le président sénégalais, Macky Sall, ont annoncé, en marge du sommet, une normalisation de leurs relations, après une brouille à la suite d’un vote à l’Onu contre la colonisation des Territoires palestiniens occupés.

Mais les relations entre les organisations panafricaines et Israël ne sont pas si simples que cela. Si cette présence israélienne a été bien accueillie par certains dirigeants africains, elle a été rejetée par d’autres. Le roi du Maroc Mohammed VI, dont la Cédéao examinait la demande d’adhésion à l’organisation, a renoncé à assister au sommet en raison de controverse, selon Rabat, due à l’invitation adressée au premier ministre israélien. Selon un communiqué officiel publié à la veille du sommet, le roi du Maroc a dit « souhaiter que sa première présence à un sommet de la Cédéao n’intervienne pas dans un contexte de tension et de controverse, et a tenu à éviter tout amalgame ou confusion ».

Après son retour réussi au sein de l’Union Africaine (UA) début 2017, le Maroc s’est porté candidat pour devenir membre de la Cédéao, et a développé en conséquence ces derniers mois une intense activité diplomatique en Afrique de l’Ouest pour y parvenir. Selon le communiqué final du sommet, publié lundi, l’organisation africaine a donné son accord de principe à la demande d’adhésion du Maroc.

Plusieurs plaies encore ouvertes

En outre et lors de ce sommet, la chef de l’Etat du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, présidente sortante de la Cédéao, a cédé les rênes à son homologue togolais, Faure Gnassingbé. Mme Sirleaf a salué la contribution des forces de la Cédéao, dont « beaucoup ont fait le sacrifice ultime de leur vie », à la restauration de la paix dans son pays, ensanglanté par une terrible guerre civile (1989-2003).

Pour sa part, le président de la Commission de la Cédéao, Marcel Alain de Souza, a applaudi le rôle de la Cédéao dans le règlement de la crise post-électorale en Gambie, une intervention qui a conduit l’ex-président gambien, Yahya Jammeh, à céder le pouvoir en janvier dernier. « Notre région continue de jouir d’une forte crédibilité et d’une bonne image de marque, grâce notamment au règlement diligent de la crise gambienne », a annoncé Souza, en ajoutant que d’autres crises ont besoin de plus de mobilisation. « Il n’en demeure pas moins que la situation en Guinée-Bissau, au Mali, dans le nord du Nigeria, au Niger, au Burkina Faso, et les récents événements en Côte d’Ivoire nous interpellent et nous appellent à plus de vigilance », a-t-il reconnu. Il a lancé à cette occasion « un appel pressant et solennel » à tous les protagonistes de la crise qui agite depuis près de deux ans la Guinée-Bissau, pour s’engager dans « la mise en oeuvre des accords de Conakry », conclus en octobre dans le cadre d’une médiation de la Cédéao. Ces accords, visant à résoudre la crise entre le chef de l’Etat, José Mario Vaz, et le parti au pouvoir, prévoient une « procédure consensuelle » pour choisir un premier ministre « ayant la confiance du président » et devant rester en place jusqu’aux législatives de 2018. La Cédéao a par ailleurs commencé dimanche dernier à retirer un premier contingent de 65 hommes de sa force déployée à Bissau depuis 2012 pour sécuriser la transition politique dans ce pays, l’Ecomib, a constaté un correspondant de l’AFP. Le retrait de cette force d’environ 500 hommes, qui devait débuter fin avril, s’achèvera bien à la date prévue, le 30 juin, selon une source proche du commandement de l’Ecomib.

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