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Zimbabwe : Climat politique tendu à Hararé

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 18 mars 2013

A quelques mois des élections législatives et présidentielles, prévues en juillet 2013, les Zimbabwéens se sont rendus cette semaine aux urnes pour un référendum sur la nouvelle Constitution.

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Des Zimbabwéens faisant la queue samedi 16 mars devant un bureau de vote, lors du référendum sur la Constitution.( photos : Reuters)

5 MIillions de Zimbabwéens se sont prononcés samedi par référendum sur une nouvelle Constitution censée ouvrir la voie à une démocratisation du pays. Le nouveau texte limite certains pouvoirs présidentiels et renforce les droits civiques des citoyens. Il met aussi l’accent sur la parité homme/femme et organise la décentralisation du pays. Le président n’a droit qu’à deux mandats de 5 ans, et les vice présidents seront désormais élus et non nommés. Cette nouvelle Constitution accorde plus de libertés que celle adoptée en 1979 amendée 19 fois, mais toujours en vigueur aujourd’hui.

Un point positif, salué notamment par l’Organisation des juristes zimbabwéens, qui oeuvre dans le domaine des droits de l’homme. L’organisation souligne cependant un certain nombre d’aspects négatifs comme les pouvoirs excessifs de l’exécutif, les institutions qui manquent d’indépendance et le contrôle des médias par l’Etat. Si elle est adoptée, cette Constitution qui limite un peu les prérogatives présidentielles n’empêchera pas Robert Mugabe, âgé de 89 ans et au pouvoir depuis l’indépendance en 1980, de se présenter de nouveau lors de la prochaine élection, prévue en principe avant la fin de l’année. Les compteurs seront en effet remis à zéro. Ainsi, les partis du président Mugabe, Union nationale africaine du Zimbabwe — Front patriotique (Zanu-PF), et de son premier ministre Morgan Tsvangirai, Mouvement pour le changement démocratique (MDC), ont appelé à voter pour le texte. Leurs partisans ont suivi le mot d’ordre de leurs partis qui appelaient tous à voter « oui ».

Même s’il n’est pas le meilleur, ce nouveau texte est pour certains Zimbabwéens, une manière d’aller de l’avant après 4 ans de partage du pouvoir et de cohabitation difficile entre la Zanu-PF et le MDC. « Nous avons besoin de paix, pas de violence, parce que s’il y a des violences, on ne peut pas travailler », explique un électeur. En fait, Mugabe gouverne depuis 4 ans avec son principal rival, le premier ministre Morgan Tsvangirai, au sein d’une coalition d’union nationale imposée par les pays voisins pour éviter une guerre civile après la sanglante campagne électorale de 2008, qui les opposait pour la magistrature suprême. Mais aujourd’hui, les violences reprennent. Le chef du gouvernement accuse son rival d’avoir enlevé l’un de ses collaborateurs, mais la police, fidèle au président, a expliqué qu’il avait été arrêté car accusé d’avoir tenté d’assassiner un responsable de la Zanu-PF, hospitalisé au début de la semaine à la suite d’une attaque contre son domicile. Presque au même endroit, le fils de 12 ans d’un responsable régional du MDC est mort dans l’incendie de sa hutte fin février. Même si la police a écarté la piste criminelle, le parti du premier ministre affirme que le drame a été provoqué par une bombe incendiaire lancée par des partisans de la Zanu-PF.

Vendredi, 7 militants du MDC et une équipe de la BBC ont été attaqués à Mbare, une township d’Hararé, la capitale, tandis que plusieurs militants de la société civile ont été inquiétés par la police et qu’un meeting de Tsvangirai a été interdit « par erreur » ces dernières semaines. Pendant les derniers incidents, Tsvangirai a appelé la SADC (la Communauté des Etats d’Afrique australe) à convoquer un sommet extraordinaire pour faire pression sur Mugabe, afin que les futures élections soient crédibles. S’inquiétant de « la résurgence de la violence » politique, il l’a appelée à agir, car selon lui, « il semble qu’il n’y a pas de volonté politique de la part de la Zanu- PF de mettre pleinement en oeuvre l’accord politique global passé il y a 4 ans pour mener à l’organisation d’élections libres ».

« La SADC doit (...) estimer si le Zimbabwe est prêt pour des élections libres, justes et crédibles », a écrit Tsvangirai, alors que le scrutin est théoriquement prévu pour juillet. En outre, beaucoup s’interrogent sur les mesures transitoires comprises dans ce projet de Constitution. Certaines dispositions du texte n’entreront en vigueur que dans 10 ans. De quoi douter de la volonté du pouvoir de réformer les institutions avant les élections .

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