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RDC : Vers une alternance pacifique

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 02 janvier 2017

Après des semaines d’attente et des heures de tractations, la majorité et l'opposition en République démocratique du Congo ont finalement signé l'accord organisant la transition entre la fin du mandat du président Joseph Kabila le 20 décembre dernier, et l'élection de son successeur fin 2017.

Joseph Kabila

Une tension palpable partout : des heurts dans les rues entre jeunes et forces de sécurité, des négociations interminables entre les acteurs politiques, suspendues puis relancées à plusieurs reprises. Telle a été la scène en République Démocratique du Congo (RDC) ces trois semaines, une période au cours de laquelle le pays a été paralysé, et surtout retenait son souffle. Finalement, samedi 31 décembre 2016, le pouvoir et l’opposition ont signé l’accord de sortie de la crise, après plus de 13 heures de tractations. L’accord signé, suite à la médiation de l’épiscopat congolais, autorise Kabila à demeurer à la tête du pays jusqu’à la « fin 2017 », en contrepartie de la création d’un Conseil National de Transition (CNT) présidé par l’opposant historique Etienne Tshisekedi et la nomination d’un premier ministre issu de sa coalition « le Rassemblement ». Les évêques se sont déclarés « heureux » d’avoir réussi à « aboutir à un compromis politique inclusif », selon le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), Mgr Marcel Utembi, qui a estimé que cet accord avait l’avantage « d’éviter au pays le chaos ». Le chef de la Mission de l’Onu au Congo (Monusco), Maman Sidikou, a pour sa part, salué « l’inclusivité souhaitée (qui) a permis d’avoir ce consensus plus large ». « Mais le travail doit continuer, il faut sauvegarder la stabilité politique en mettant en oeuvre chaque point de cette nouvelle feuille de route politique », a déclaré Maman Sidikou. Le président Joseph Kabila — dont le maintien au pouvoir au-delà de la fin de son mandat le 20 décembre est à l’origine de cette crise — et le vieil opposant Tshisekedi n’ont pas effectué le déplacement au siège de la Cenco. Le compromis du 31 décembre est déterminant pour l’avenir politique du président Kabila qui reste donc au pouvoir pendant la période préélectorale et électorale. Les parties ont clairement acté qu’après son second et dernier mandat, il ne briguera pas un troisième mandat. Les signataires ont également convenu qu’« aucune tentative de révision de la Constitution ne sera entreprise » pendant la transition, alors que dans la journée le Rassemblement de l’opposition accusait la majorité de vouloir faire sauter, via un référendum, le verrou constitutionnel qui interdit à Kabila de postuler à la présidentielle de « fin 2017 ».

Autre chapitre, en vue d’une décrispation de l’espace politique, les évêques catholiques ont promis de suivre et de trouver rapidement une solution aux cas des prisonniers politiques, particulièrement celui de l’opposant Moïse Katumbi, condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation d’immeuble et sous la menace d’un procès pour recrutement de mercenaires, mais officiellement en soins médicaux à l’étranger.

La crise politique qui mine la RDC, Etat-continent de plus de 70 millions d’habitants, est provoquée par le maintien à la tête du pays de M. Kabila. Son mandat avait officiellement expiré le 20 décembre 2016, dans un climat de violences politiques et interethniques ayant fait, selon l’Onu, au moins 40 morts dans tout le pays. Les 20 et 21 décembre, des heurts avaient opposé les forces de l’ordre à des jeunes entendant dénoncer ce maintien au pouvoir. Agé de 45 ans, Kabila est au pouvoir depuis 2001. La Constitution lui interdit de se représenter. La présidentielle, qui aurait dû avoir lieu cette année, avait été reportée sine die. Confirmé en 2006 à la tête du pays par les premières élections libres organisées depuis l’indépendance, Kabila avait été réélu en 2011 lors d’un scrutin entaché de fraudes massives, à l’origine de la crise actuelle.

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