Sous forte pression de la communauté internationale, le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son gouvernement ont donné dimanche leur accord au déploiement de 4 000 Casques bleus supplémentaires dans leur pays meurtri par une guerre civile dévastatrice. «
Le gouvernement de transition d’unité nationale donne son accord au déploiement de la force régionale », a indiqué un communiqué conjoint du gouvernement et du Conseil de sécurité, lu dimanche par le ministre sud-soudanais des Affaires gouvernementales, Martin Elia Lomoro.
Ces dernières semaines, le président Salva Kiir et son vice-président Taban Deng Gai avaient dit leur hostilité au déploiement de ces nouveaux Casques bleus, estimant que leur mandat sapait la souveraineté nationale. A cet égard, les représentants des 15 pays membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies ont entamé vendredi dernier une visite de deux jours à Juba, pour convaincre Salva Kiir d’accepter le déploiement d’une force régionale, sous peine de sanctions.
Après d’intenses discussions avec les ministres-clés et les autorités religieuses, cette délégation onusienne a pu pousser les dirigeants de ce pays d’accepter cette force, mais ces derniers ont insisté sur son caractère protecteur. Composée essentiellement de troupes africaines, cette force de protection aura pour mission de sécuriser la capitale, Juba, son aéroport et se défendre promptement et efficacement contre toute personne qui semble de manière crédible mener ou préparer une attaque.
Le ministre Martin Elia Lomoro a toutefois précisé que les modalités du déploiement de cette « force de protection » devaient encore être discutées, mais sans préciser les points de discussions. Selon les analystes, ces discussions pourraient porter sur l’identité des pays contributeurs, certains voisins du Soudan du Sud, au premier rang desquels le Soudan et l’Ouganda ayant été fortement impliqués dans la guerre civile. « Ce pays, toujours considéré comme un nouveau-né, l’armée et les institutions sécuritaires demeurent impuissantes. Elles sont incapables à protéger et sécruiser le pays qui souffre souvent de l’intervention des pays voisins, surtout le Soudan. En effet, le Soudan du Sud souffre des convoitises des autres pays qui essayent de le déstabiliser pour profiter de ses troubles », explique Dr Ayman Chabana, professeur à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire.
Force critiquée
Cette force africaine sera placée sous le commandement de la Mission de l’Onu au Soudan du Sud (Minuss — 13 000 hommes) qui a été vivement critiquée pour son incapacité à protéger les civils en juillet, et notamment à empêcher des femmes de se faire violer par des soldats à proximité d’une de ses bases. Le gouvernement sud-soudanais s’est également engagé à permettre la liberté de mouvement de la Minuss conformément à son mandat, ainsi que l’amélioration immédiate de l’accès aux humanitaires, faisant référence à la levée de check-points illégaux. L’ambassadrice américaine, Samantha Power, a sur ce point estimé que les Casques bleus de la Minuss avaient été confrontés à de sévères restrictions de mouvements.
En effet, le Conseil de sécurité a autorisé l’envoi de cette force de protection à Juba après que cette dernière eut été le théâtre de combats meurtriers du 8 au 11 juillet. Ces combats à l’arme lourde ont opposé les troupes du président Kiir à celles de l’ex-chef rebelle alors vice-président du pays, Riek Machar. Cette flambée de violences avait fait plusieurs centaines de morts et mis en péril un fragile accord de paix signé en août 2015 pour mettre un terme à une guerre civile marquée par des atrocités dont se sont rendus coupables les deux camps. En plus, les affrontements de juillet ont aggravé une situation humanitaire déjà catastrophique : 2,5 millions de Sud-Soudanais ont fui leurs foyers à cause de la guerre et près de cinq millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire.
Le pays, indépendant depuis 2011, a plongé dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque des combats ont éclaté au sein de l’armée nationale, minée par des dissensions politico-ethniques alimentées par la rivalité entre Salva Kiir, un Dinka, et Riek Machar, un Nuer.
Dans la foulée des derniers combats, Riek Machar a dû fuir Juba. Il a ensuite été évincé du gouvernement d’union nationale et remplacé au poste de vice-président par son ancien allié Taban Deng Gai. M. Machar est désormais réfugié à Khartoum.
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