Dans sa lutte contre l’insalubrité, l’Afrique s’est lancée depuis 2009 dans une meilleure gestion des ordures ménagères et des déchets solides. Les investissements du début de cette campagne panafricaine étaient de taille. En Côte d’Ivoire, les autorités avaient investi à l’époque quelque 6 milliards de Fcfa, soit près de 12 millions de dollars, pour « nettoyer » Abidjan la capitale. L’opération était aussi de taille puisqu’il fallait alors débarrasser la capitale commerciale de plus de 50 000 tonnes d’ordures qui la défiguraient. A la même époque, Tunis aussi s’était fait embellir et avait transformé la municipalité d’Ariana en ville-jardin. Cette distinction lui avait été décernée grâce aux efforts de la municipalité en termes de propreté, de gestion des déchets urbains et d’esthétique de l’environnement.
Le taux élevé d’urbanisation des pays africains a entraîné une accumulation rapide de déchets. Les quelque 16 millions d’habitants de Lagos, capitale commerciale du Nigeria, produisent plus de 9 000 tonnes de déchets domestiques par jour, quant aux 20 millions d’habitants de la capitale égyptienne, ils produisent quelque 15 000 tonnes d’ordures ménagères par jour.
Il est vrai qu’en général, toutes les métropoles africaines possèdent leurs décharges municipales et offrent un service de gestion des ordures ménagères et des déchets solides. Cependant, l’élimination des déchets solides porte surtout sur l’efficacité plutôt que sur la gestion durable des ressources, et c’est pour cette raison qu’il y a très peu de recyclage en Afrique. « Tout est recyclable », disent les chercheurs du Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI). Verre, papier, bouteille en plastique, carton, canettes de boisson ou emballages des « fast-foods » sont recyclables « à l’infini ».
Contrairement à de nombreux pays africains, l’Afrique du Sud possède des infrastructures suffisantes et de nombreux centres de recyclage pour traiter les déchets solides, en particulier des déchets métalliques. Ces infrastructures favorisent non seulement une ré-exploitation locale, mais aussi le recyclage de milliers de tonnes de déchets métalliques en provenance d’autres pays africains.
Mais que deviennent les ordures ménagères ? La collecte de déchets domestiques des bidonvilles des méga-métropoles que sont Lagos, Le Caire, Nairobi et Johannesburg, est souvent inadéquate, et selon les habitants de ces méga-cités, les tas d’ordures et d’immondices s’accumulent et s’entassent pendant des mois aux coins des rues et sur les terrains vagues, polluant l’atmosphère et engendrant maladies et pestilence, avant que les services publics ne se rendent à l’évidence.
De plus en plus, les produits que nous fabriquons sont composés de matériaux difficilement dégradables, ce qui rend difficile et complexe la gestion de tels déchets. Fabriqués à partir d’une dérivée du pétrole, les sacs en plastique ne sont pas biodégradables et sont l’impression même de la dégradation visuelle et fonctionnelle de l’environnement, la pollution du sol et de l’eau, l’émanation de gaz toxiques et enfin la propagation de maladies.
En outre, une grande partie de ces déchets sont classés comme « dangereux » durant leur transport mais également à leur destination. Si mal gérés, ces déchets peuvent causer de graves problèmes de santé et d’environnement. L’entrée de l’industrie de l’électronique et de l’informatique dans notre quotidien, surtout son développement croissant et rapide, a fait en sorte que le volume des déchets électroniques — ordinateurs, téléphones portables, imprimantes, etc. — ait aussi augmenté puisque leur durée d’utilisation diminue constamment. A part leur volume croissant, ce sont les composants utilisés dans la fabrication de ces instruments tels que le cadmium et le mercure, qui sont toxiques et nocifs aussi bien aux humains qu’à l’environnement et présentent un nouveau casse-tête pour les services publics.
Les déchets industriels font l’objet d’un commerce international et il est aujourd’hui courant de voir arriver dans des ports, surtout dans les pays en voie de développement, des cargos qui, ayant voyagé sur de très longues distances, débarquent des déchets industriels destinés au recyclage. Ainsi, Les déchets industriels, dangereux pour la plupart, sont passés du statut de problème à celui de source de profit.
En Afrique ou ailleurs, le recyclage des déchets urbains, domestiques ou solides, nocifs ou pas, peut engendrer de gros bénéfices à tous ceux qui s’y investissent. Toutefois, la gestion adéquate des déchets ne doit pas seulement considérer l’importance lucrative de l’exercice, mais aussi prendre en considération l’importance vitale pour une société de respirer un air propre, boire une eau propre et vivre dans un environnement sain.
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