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Mali : Le conflit s’internationalise

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 22 janvier 2013

En attendant l’aide internationale accrue, l’armée française poursuit son avancée après avoir consolidé ses positions dans ce pays.

Mali
Plusieurs pays ont répondu aux demandes d'aide logistique et financière pour soutenir la France dans ses combats au Mali. (Photo: Reuters)

« L’objectif de la France est la reconquête totale du Mali. On ne va pas laisser des poches de résistance ». C’est ce qu’a déclaré, dimanche, le ministre français Jean-Yves Le Drian, au moment où l’armée française a pu consolider ses positions au Mali. Il a toutefois espéré que la force régionale africaine en cours de déploiement constituerait rapidement le « relais » de l’intervention française. Paris attend des pays d’Afrique de l’Ouest et du Tchad qu’ils envoient rapidement des troupes au Mali et une assistance de ses partenaires internationaux. Sur le terrain, les militaires français intensifient leur intervention aux côtés d’une armée malienne sous-équipée. Les soldats français et maliens étaient en route lundi vers la ville de Diabali (ouest du Mali), prise il y a une semaine par des islamistes qui l’avaient en partie abandonnée le 17 janvier après des bombardements de l’aviation française.

Samedi soir, des avions de transport Hercule C130 multiplient les rotations entre Bamako et Sévaré (630 km au nord-est de Bamako). A leur bord, des troupes françaises et du matériel. Objectif affiché : compléter le dispositif existant pour soutenir les militaires maliens et empêcher d’éventuelles infiltrations de djihadistes plus au sud. C’est ce qu’explique le lieutenant-colonel Dosseur, conseiller en communication de la force Serval. Il précise qu’il ne s’agit en aucun cas d’une poussée vers le nord, mais d’une montée en puissance du dispositif existant. Pour l’instant, impossible de savoir combien de militaires français seront basés à Sévaré qui dispose d’un aéroport. Elle est aussi une ville-clé d’où peuvent être menées des opérations plus au nord. Sévaré n’est qu’à 50 km de Konna, reprise jeudi dernier par l’armée malienne aux djihadistes. Konna, tombée le 10 janvier, avait précipité l’intervention de la France qui redoutait une percée des groupes islamiques liés à Al-Qaëda au Maghreb islamique vers le sud et Bamako.

Aide internationale

Sur le plan international, et avec la sanglante prise d’otages, qui s’est terminée en Algérie, le conflit au Mali a été internationalisé. C’est ainsi que de nouveaux pays ont répondu dimanche aux demandes d’aide logistique et financière de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le déploiement de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali).

Berlin, qui a déjà annoncé l’envoi de deux avions de transport, a promis une aide financière supplémentaire aux pays africains pour la réunion des donateurs prévue le 29 janvier à Addis-Abeba. Moscou a proposé à la France d’acheminer des troupes ou matériel français tandis que le Canada prendrait en charge une partie du transport de la force africaine au Mali.

Les Etats membres de la Cédéao ont, eux, été appelés à fournir « sans plus tarder » les troupes promises à la force qui a reçu mandat de l’Onu pour aider le Mali à reprendre le contrôle de sa partie nord occupée depuis plus de neuf mois par des groupes armés islamistes qui y ont multiplié les exactions.

Quelque 2 000 membres de la Misma doivent être déployés d’ici au 26 janvier. Plus de 150 soldats sont déjà arrivés à Bamako, dont une cinquantaine de Sénégalais sur les 500 promis par Dakar.

Le président tchadien, Idriss Deby Itno, a visité dimanche le premier contingent de 200 soldats tchadiens, sur 2 000 promis, stationnés sur une base militaire à Niamey (Niger) avant qu’ils n’aillent au Mali. Les Tchadiens, aguerris et rompus au combat dans le désert, devraient apporter une forte plus-value à la Misma.

Au Nigeria, le groupe islamiste Ansar Dine a revendiqué dimanche une attaque ayant tué la veille deux soldats nigérians, affirmant avoir agi en représailles à l’engagement du Nigeria à fournir 1 200 hommes pour l’intervention au Mali. 2 000 soldats français y sont déjà déployés et leur nombre va atteindre 2 500, peut-être davantage, selon Paris.

En ce qui concerne les pertes humaines, le groupe islamiste armé Ansar Dine (défenseurs de l’islam) a affirmé dimanche pour sa part avoir tué 60 soldats maliens et abattu deux hélicoptères français depuis le 10 janvier, reconnaissant la perte de huit « moudjahidines ».

Les autorités maliennes avaient fait état de la mort de onze soldats dans des combats autour de Konna, tandis que Paris avait annoncé la mort d’un pilote d’hélicoptère. Plusieurs sources font état d’un repli des islamistes du centre du pays vers Kidal, dans l’extrême nord-est (1 500 km de Bamako). Kidal avait été la première ville conquise, en mars 2012, par les rebelles touaregs et les islamistes, qui avaient ensuite évincés leurs anciens alliés.

En outre, du côté humanitaire, des représentants des communautés arabe et touareg du Mali, assimilées aux insurgés qui contrôlent aujourd’hui les deux tiers du Mali, ont dénoncé dimanche des exactions à leur encontre, après la libération de villes et de villages qui avaient été pris par les djihadistes. Elles ont aussi été signalées par l’organisation Human Rights Watch, qui évoque des « meurtres ». L’ONG de défense des droits de l’homme a annoncé être en possession d’informations crédibles sur de graves exactions, dont des meurtres, commises par les forces de sécurité maliennes à l’encontre de civils à Niono.

« Nous invitons instamment les autorités maliennes, tout comme les soldats et les autorités français et ouest-africains, à faire le maximum pour garantir la protection de tous les civils », a fait savoir l’ONG, dont le siège est à New York.

Pour sa part, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a lancé une mise en garde contre toute « exaction » dans un appel relayé dimanche par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius .

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